Lorsque des populations fuient la misère pour atteindre l’Eldorado,
elles peuvent aussi transformer celui-ci et le réduire à la misère.
C’est toujours un régal d’entendre Mme Hidalgo, le calamiteux maire de
Paris, proférer des stupidités sur le ton péremptoire qu’elle
affectionne. Aujourd’hui, elle reproche à la France, insuffisamment
accueillante aux immigrés, de n’être pas au rendez-vous de son histoire.
Il est vrai que chaque être vivant a rendez-vous
avec la mort, mais pour un élu français, l’ambition prioritaire devrait
être de prolonger la vie de la France, non d’aspirer à sa disparition.
Certes, la France a cultivé une pensée rationnelle et universelle
qu’elle a voulu propager dans le monde. Cela a donné d’abord son
rayonnement intellectuel au siècle des Lumières, puis, d’une manière
moins reluisante, son expansion militaire et révolutionnaire en Europe,
qui a suscité la réaction nationaliste de l’Allemagne. Cela a enfin
justifié le colonialisme du XIXe siècle défendu par Jules Ferry comme
une mission civilisatrice. Manifestement, la France d’aujourd’hui a non
seulement perdu de son prestige intellectuel, mais lorsque des immigrés
s’y précipitent, ce ne sont pas des intellectuels persécutés dans leur
pays mais des migrants à la recherche de meilleures conditions de vie
matérielles. Pour beaucoup, ils sont porteurs d’une culture différente
qu’ils n’entendent pas abandonner et s’ils professent la religion
musulmane, celle-ci est aux antipodes du rationalisme français, que
l’héritage grec et la pensée chrétienne avaient rendu possible. Être au
rendez-vous de l’Histoire consisterait donc, pour une « société ouverte
», à s’ouvrir encore davantage à des populations qui, progressivement,
en raison de leur poids démographique, introduiraient un esprit de
fermeture. La tolérance à l’intolérance, comme l’a souligné Popper,
conduit à la victoire de l’intolérance. Lorsque des populations fuient
la misère pour atteindre l’Eldorado, elles peuvent aussi transformer
celui-ci et le réduire à la misère.
Notre jupitérien Président, si sensible à la diversité des immigrés,
voit celle des peuples européens et leur histoire du haut de son Olympe,
et il menace de sanctions ceux qui renâclent à accueillir leur quota de
migrants déguisés en demandeurs d’asile. Donneur de leçons, il refuse
d’en recevoir. Pourtant, un cours d’honnêteté intellectuelle serait
indispensable pour lui ôter cette duplicité structurelle du « en même
temps ». Non content de dénoncer le cynisme et l’irresponsabilité des
dirigeants italiens, alors que l’Italie met seulement fin à un flux de
réfugiés devenu intolérable, le Président français fait refouler les
migrants à la frontière italienne et ne propose nullement à l’Aquarius
d’accoster dans un port français. Mais, « en même temps », il dit aux
socialistes espagnols que les passagers de ce bateau pourront venir en
France et propose la création, en Europe, de centres fermés pour
l’accueil des demandeurs d’asile. Où cela ? Mais dans les pays
géographiquement les plus proches du départ de l’immigration : l’Italie,
notamment ! Comme on sait que la durée de rétention est limitée, on
voit bien que cette solution ne résout rien et irrite davantage les
Italiens. La sélection de la poignée de véritables réfugiés par rapport à
la foule des migrants doit pouvoir se faire avant l’embarquement, et
non après !
Les faits sont têtus. Malgré le rouleau compresseur de la
désinformation, qui met en avant certaines exceptions et minimise la
masse des faits, les Français sont aujourd’hui convaincus que le
terrorisme a tout à voir avec l’islamisme et que de nombreux quartiers
échappent à la République en raison du poids grandissant d’une
immigration non assimilée. L’antiracisme castrateur empêche de voir la
réalité et, plus encore, de dire la vérité. Révélateur de cette dérive :
l’emprisonnement de Tommy Robinson pour avoir tiré de la discrétion
imposée par la Justice britannique une affaire ignoble de prédation
sexuelle envers des mineurs dans laquelle des Pakistanais seraient
impliqués. Qu’un pays réputé pour la qualité de sa Justice et pour sa
défense de la liberté d’expression en arrive à se renier à ce point fait
apparaître sous un autre jour la question du respect des valeurs qui
nous sont propres. En l’occurrence, les libertés fondamentales des
citoyens, actuellement en danger, y occupent une place plus importante
que l’accueil d’étrangers qui ne souhaitent pas respecter nos valeurs.
Christian Vanneste pour bvoltaire.fr