À l’occasion du premier anniversaire de la mort d’Helmut Kohl, le
Premier ministre hongrois Victor Orbán a délivré le 16 juin dernier un
discours crucial.
Avec Shahin Vallée, nous croyons qu’il marquera le débat de la prochaine
année électorale européenne. Orbán revendique pour son mouvement une
place centrale dans la conception du néo-nationalisme européen, et sa
position doit être comprise.
(…) Nous souhaitons donc traduire en exclusivité ce texte important qui
inaugure la bataille politique et culturelle des élections européennes
de 2019.
« (…) Abordons désormais la question de la frontière et de la clôture.
Nous devons défendre la frontière extérieure. C’est la condition
préalable à la libre circulation au sein des frontières. La défense de
la frontière fait partie des “devoirs-obligatoires”. (…) Nous avons
constaté que la position de la Hongrie, jadis condamnée, est désormais
de plus en plus acceptée. Nous n’attendons pas de remerciements auxquels
nous ne sommes pas habitués. Nous ne jubilerons pas non plus. Il n’est
pas agréable de constater que la valeur de la monnaie de certains a
baissé après trois années de crise, tandis que la nôtre l’a fait
immédiatement. »
« Peut-on atteindre un compromis dans le débat sur les migrants ? Non –
et ce n’est pas nécessaire. Il y a ceux qui s’imaginent que chaque
partie adverse devrait faire des concessions, qu’ils devraient discuter
puis se serrer la main. C’est une mauvaise approche. Certaines questions
ne pourront pas aboutir à un consensus. Cela n’arrivera pas, et ce
n’est pas nécessaire. L’immigration est l’une de ces questions. Aucun
document ne stipule que l’entrée d’un pays dans l’Union européenne
implique que ce dernier devienne une terre d’immigration. Lorsque nous
sommes entrés, nous n’avons pris aucun engagement de ce genre. Il est
également vrai que les documents fondateurs de l’Union européenne ne
déclarent pas qu’un État-membre ne puisse pas chercher à se transformer
en pays d’immigration. C’est pourquoi il y a des pays d’immigration dans
l’UE, où les migrants sont les bienvenus, où les populations locales
veulent bien les intégrer et se mélanger avec eux. Il y a aussi des pays
qui ne veulent pas de migrants, qui ne veulent pas se mélanger avec
eux, et où leur intégration est donc hors de question.»
« Dans de telles situations, il n’y a pas besoin de compromis, mais de
tolérance. Nous tolérons que certains États-membres de l’espace Schengen
admettent des migrants. Cela a et aura des conséquences – y compris
pour nous. De même, ils devraient tolérer le fait que nous ne voulons
pas le faire. Ils ne devraient pas nous sermonner, ils ne devraient pas
nous faire chanter, ils ne devraient pas nous forcer, mais ils devraient
simplement nous donner le respect propre aux États-membres ; puis il y
aura la paix sur le Mont des Oliviers. »
« (…) L’avenir de l’Union européenne dépend de sa capacité à défendre
ses frontières extérieures. C’est la prochaine question qui se pose pour
l’avenir de l’UE. Si nous défendons nos frontières, le débat sur la
répartition des migrants n’a plus de sens, car ils ne pourront plus
entrer. S’ils ne peuvent pas entrer, il n’y a personne à répartir. C’est
simplement du bon sens. Et si nous suivons cette ligne de conduite, la
seule question est de savoir ce que nous devons faire de ceux qui sont
déjà entrés. Notre réponse à cette question est qu’ils ne devraient pas
être répartis, mais qu’ils devraient être ramenés chez eux. »
« (…) Nous pouvons vous offrir tout le soutien nécessaire pour la
réémigration. Depuis longtemps, nous disons qu’il faut exporter de
l’aide et non pas importer des problèmes. Nous pouvons également donner
des conseils à toute personne qui en fait la demande. Il y a un conseil
que nous pouvons également donner qui provient de l’expérience
historique de la Hongrie : chacun doit se rendre compte que l’Islam ne
fera jamais partie de l’identité des pays européens. »
Il faudrait savoir quelle est la réponse de l’Islam. Nous, les Hongrois,
nous savons de quoi il s’agit. Pour les musulmans, si l’Islam fait
partie de l’Allemagne, alors, l’Allemagne fait partie de l’Islam. Cela
mérite réflexion (Nd Christian Hofer: C'est une réponse adressée à Angela Merkel
qui avait déclaré, dans son premier discours au Bundestag, après sa
réélection : « L'islam fait désormais partie de l'Allemagne. »). En plus
d’offrir un exemple, une assistance et des conseils, nous devons
également souligner – de façon bienveillante mais ferme – que nous
n’abandonnerons jamais notre avenir et que nous ne permettrons jamais à
personne de nous imposer quoi que ce soit contre notre volonté. Si nous
ne sommes pas en mesure de parvenir à un résultat satisfaisant dans les
négociations à venir, si nous ne sommes pas en mesure d’accepter – ou
même de tolérer – les points de vue des uns et des autres sur les
questions de migration et de budget, alors nous attendrons. Attendons
que le peuple européen exprime sa volonté lors des élections de 2019.
Alors ce qui doit arriver arrivera.
Source: lesobservateurs.ch