Monsieur le Président,
Le 21 juin dernier, lors d’un discours à Quimper, vous avez dénoncé le
développement de la « lèpre » populiste en Europe. Vous faisiez sans
doute allusion aux derniers scrutins qui ont marqué la montée des
eurosceptiques.
Vous visiez clairement les partis souverainistes qui
ne sauraient dans votre esprit être autrement qualifiés que par
l’adjectif péjoratif de « populistes ».
Monsieur le Président, je ne suis fanatique ni des ismes, ni des istes ;
ils sont cause de bien des illusions, de bien des violences, de bien
des malheurs. Mais, si penser qu’il revient à la majorité des citoyens
de décider des orientations de leur nation c’est être populiste, alors
je suis populiste ! Si refuser un fédéralisme européen technocratique
incompatible avec une démocratie vivante, c’est être souverainiste,
alors je suis souverainiste ! Je suis lépreux !
Partisans et fondateurs de l’Union Européenne qui était censée apporter
la paix et la prospérité, les Italiens ont vu ces dernières années leur
industrie se déliter, leur système bancaire s’effondrer, et même leur
démocratie être bafouée lorsque l’Allemagne et la France se sont permis
de leur imposer un premier ministre, Monsieur Mario Monti. Ils ont été
submergés par la marée montante d’une immigration massive. Comment ne
pas comprendre leur choix ? Fallait-il continuer ? Si avoir pris le
risque de voter pour la coalition, certes improbable mais clairement
anti-européiste, de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles c’est être un «
populiste » marqué par la lèpre, alors, comme les Italiens, je suis
lépreux !
Les Hongrois sont également visés. Mais comment ne pas comprendre qu’un
peuple, qu’une nation qui a subi successivement le joug des Ottomans,
des Autrichiens, des Allemands puis de l’URSS chérisse comme le bien le
plus précieux sa liberté, sa souveraineté enfin retrouvée. Et quelle
arrogance de notre part de les juger. S’ils sont atteints de la lèpre,
alors avec eux, je suis lépreux !
Les Anglais ont choisi démocratiquement le Brexit. Aussitôt le
microcosme a tenté de disqualifier l’élection, résultat du vote des plus
pauvres, des vieux, des moins « éduqués » et des ruraux. Depuis, on
nous parle de faiblesse en termes de croissance, de cours de Bourse,
d’investissements, bref, de « fric ». On oublie de mentionner le plus
important, l’humain : ainsi le chômage à 4.3% est-il au plus bas depuis
40 ans et ne cesse de baisser. Si ces stupides Anglais sont atteints de
la lèpre populiste, alors avec eux, je suis lépreux !
La lèpre comme on sait est une maladie terriblement contagieuse. On l’a
constaté en Grèce, en Pologne mais aussi en Espagne, au Portugal et même
en Allemagne. Les Français étaient-ils contaminés quand ils ont rejeté
en 2005 le traité constitutionnel européen ? Sans doute puisqu’on a mis
leur vote en quarantaine. Avec tous, je suis lépreux !
Monsieur le Président, à Quimper vous en avez appelé à la «
responsabilité des élites » pour sauver le populo de la lèpre. Mais qui
n’a cessé de diriger la France depuis les années 70 sinon les élites
eurolâtres ? Qui est responsable de nos échecs sinon ces élites ? Alors
Monsieur le Président, permettez-moi de préférer le bon sens des ruraux,
des vieux, des sans grade. Avec eux je suis lépreux !
Lépreusement vôtre.
Eric Raoul-Duval, Membre du bureau de l’UNC pour gaullisme.fr