« L'Eglise sait que
cet Evangile de la vie, qui lui a été remis par son Seigneur, trouve un
écho profond et convaincant dans le cœur de chaque personne, croyante et
même non croyante, parce que, tout en dépassant infiniment ses
attentes, il y correspond de manière surprenante. Malgré les difficultés
et les incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au
bien peut, avec la lumière de la raison et sans oublier le travail
secret de la grâce, arriver à reconnaître, dans la loi naturelle
inscrite dans les cœurs (cf. Rm 2, 14-15), la valeur sacrée de la vie
humaine depuis son commencement jusqu'à son terme; et il peut affirmer
le droit de tout être humain à voir intégralement respecter ce bien qui
est pour lui primordial. La convivialité humaine et la communauté
politique elle-même se fondent sur la reconnaissance de ce droit.
La défense et la mise en valeur de ce
droit doivent être, de manière particulière, l'œuvre de ceux qui croient
au Christ, conscients de la merveilleuse vérité rappelée par le Concile
Vatican II: « Par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque
sorte uni lui-même à tout homme ». Dans cet événement de salut, en
effet, l'humanité reçoit non seulement la révélation de l'amour infini
de Dieu qui « a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique »
(Jn 3, 16), mais aussi celle de la valeur incomparable de toute personne
humaine.
Et, scrutant assidûment le mystère de la
Rédemption, l'Eglise reçoit cette valeur avec un étonnement toujours
renouvelé 3 et elle se sent appelée à annoncer aux hommes de tous les
temps cet « évangile », source d'une espérance invincible et d'une joie
véritable pour chaque époque de l'histoire. L'Evangile de l'amour de
Dieu pour l'homme, l'Évangile de la dignité de la personne et l'Evangile
de la vie sont un Evangile unique et indivisible.
C'est pourquoi l'homme, l'homme vivant, constitue la route première et fondamentale de l'Eglise. » (§2)