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mercredi 8 janvier 2014

Le FMI se répète: ‘Il est temps de mettre en place une taxation opaque sur l’épargne’


Bref, un nouveau braquage en perspective, avec en prévision le fait que personne ne puisse prendre de dispositions pour l’éviter.

Le fardeau de la dette est tel dans la plupart des vache-a-lait-copie-1économies développées que seuls des défauts de paiement sur les dettes souveraines, une taxation de l’épargne et une inflation plus élevée pourront permettre réduire les niveaux de dettes historiquement élevés à un niveau gérable, affirme un nouveau rapport du FMI, rédigé par les économistes de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff.
Ils ont observé que l’endettement des pays occidentaux a atteint son point le plus élevé depuis 200 ans.

[Reinhart & Rogoff]

« Il est difficile de surestimer l’ampleur du problème général de l’endettement auquel les économies développées doivent faire face. L’endettement actuel du gouvernement central dans les économies avancées approche son niveau le plus élevé depuis 200 ans ».

L’étude expose que les élites ont toujours l’illusion que les pays riches se distinguent des pays les plus pauvres et qu’ils peuvent se sortir progressivement de leurs dettes avec un mélange d’austérité, de croissance et d’ajustements.

Mais selon l’étude, cette façon de voir les choses reflète une « amnésie collective » de l’histoire américaine et européenne, et les hypothèses « exagérément optimistes » sur lesquelles elle repose risquent de faire durer la crise plus longtemps, et de compromettre la mise en place d’une solution plus réaliste. « Ce déni a mené à des politiques qui dans certains cas risquent d’exacerber les coûts finaux », écrivent les deux économistes.

[Reinhart & Rogoff]

«L’ampleur du problème suggère que des restructurations seront nécessaires par exemple, dans la périphérie de l’Europe, bien au-delà de ce qui a pu être discuté en public jusqu’à présent ».

Dans les années trente du siècle dernier, la plupart des pays riches ont tout simplement annulé une partie de leurs dettes, de différentes manières. En 1934, les Etats-Unis ont renoncé à se faire rembourser les prêts qu’ils avaient accordés à la France, à la Grande-Bretagne et à l’Italie pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a permis à ces pays de soulager leur fardeau de dette de respectivement 24%, 22% et 19% de leurs PIB.

En 2014, on s’attend à ce que le ratio de dette sur PIB dépasse les 95% dans la zone euro, et qu’il s’approche de 110% aux Etats-Unis. Pour l’ensemble des pays riches, le ratio est en moyenne de près de 110%, alors qu’il n’est que de 33,6% pour les pays émergents qui ont souvent réussi à se désendetter dans les années qui ont précédé la crise financière.

Selon Reinhart et Rogoff, le temps est venu pour les pays occidentaux d’appliquer la même recette sur eux :

[Reinhart & Rogoff]

«À la lumière des niveaux d’endettement public et privé historiques, (…) il est difficile d’imaginer une résolution de cette crise actuelle déjà vieille de 5 ans sans qu’elle n’implique que l’on donne un rôle plus important à une restructuration explicite »

Les deux économistes préconisent un cocktail de mesures, incluant une inflation plus élevée, des restructurations, voire des défauts et la répression financière, qu’ils définissent comme « une taxation opaque sur l’épargne » (voir ci-dessous l’extrait du document de travail du FMI, « Financial and Sovereign Debt Crises : Some Lessons Learned and Those Forgotten, p.4), c’est à dire des remèdes similaires à ceux que le FMI a pu mettre en œuvre pour de nombreux pays en développement en difficulté.

En Octobre, dans sa revue « Fiscal Monitor », le FMI s’était référé à une étude de l’économiste allemand Stefan Bach (page 27, partie 2 « Taxing Our Way out of—or into?—Trouble ») qui avait calculé en 2012 que si l’on opérait une taxation de 3,4% sur les comptes bancaires des Allemands disposant de dépôts supérieurs à 250.000 euros, il serait possible d’effacer 4% de la dette publique allemande, soit 100 milliards d’euros.

Les économistes du FMI avaient alors écrit, à propos d’un échantillon de 15 pays de la zone euro:

« L’intérêt, c’est que si une telle taxation est mise en place avant que les gens ne prennent leurs dispositions pour l’éviter et qu’il y a une forte croyance qu’elle ne sera pas répétée, elle ne perturbera pas les comportements (et que certains pourront même considérer qu’elle est juste) (…) Les taux de taxation requis pour ramener la dette publique à ses niveaux d’avant-crise, cependant, sont quantifiables : réduire les ratios de dette pour leur faire retrouver leurs niveaux de fin 2007 (pour un échantillon des 15 pays de la zone euro nécessiterait un taux de taxation d’environ 10% sur les ménages disposant d’une fortune nette positive ».