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samedi 8 février 2014

FN cherche 30 millions d'euros désespérément

Le parti manque d'argent. En cause, selon son trésorier: un blocage brutal de tous les crédits par les banques.

Source Le Figaro Magazine
 
Le nerf de la guerre. C'est cela qui fait actuellement défaut au Front national pour ses prochaines batailles électorales. «Nous sommes en pleine croissance, mais nous manquons d'argent pour la financer», reconnaît Wallerand de Saint-Just, le trésorier du parti. En additionnant les frais à venir des futures campagnes des municipales, des européennes puis des élections régionales, le grand argentier du FN estime que son parti a besoin de trente millions d'euros dans les mois qui viennent. «Or, nous ne les avons pas et les banques refusent désormais de nous prêter de l'argent», précise Wallerand de Saint-Just.

Explication: en décembre dernier, le rejet par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) des comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy annulant 11 millions d'euros de remboursement par l'Etat d'une partie de ses frais, aurait jeté un froid dans le monde bancaire. Quelques semaines plus tard, la Société générale, banque historique du FN, a informé son trésorier qu'elle ne ferait plus crédit à son parti. La confirmation, ­début juillet, de la décision de rejet des comptes de Nicolas Sarkozy par le Conseil constitutionnel aurait aggravé la situation. «On nous a fait savoir qu'on ne prêterait plus aux candidats pour leurs campagnes», explique Wallerand de Saint-Just. Ce dernier a sollicité d'autres banques françaises de la place. En retour, il n'a reçu que des refus, ou pas de réponse du tout. Interrogée par Le Figaro Magazine, la Société générale n'a pas répondu. De leur côté, les trésoriers de l'UMP et du PS, respectivement Catherine Vautrin et Jean-François Debat, précisent qu'ils n'ont actuellement aucun souci avec leurs banques. Ce qui fait réagir Wallerand de Saint-Just: «S'il y a une discrimination à notre égard, c'est répréhensible pénalement», dit-il.

Un budget de huit millions d'euros et des besoins qui flambent

Pour la formation de Marine Le Pen, le problème est sensible. Après une longue période de disette consécutive aux mauvais scores électoraux de 2007, qui a précédé la vente du «Paquebot», son QG de Saint-Cloud, le FN commençait à voir le bout du tunnel. Les élections présidentielle et législatives de 2012 l'ont juste remis à flot. Le score de Marine Le Pen au premier tour lui a permis d'obtenir un remboursement de plus de 8 millions d'euros, sur un montant de dépenses total de neuf millions, près de 700.000 euros de dépenses considérées comme «non électorales» ayant été exclues des comptes de sa campagne. ­Marine Le Pen a ainsi pu solder ­l'essentiel des prêts personnels qu'elle avait contractés - notamment à la Société générale - pour se lancer dans la course. De plus, les 3,5 millions de suffrages exprimés en faveur des candidats soutenus par le FN aux élections législatives de juin 2012 lui ont ouvert le robinet des aides publiques pour un montant annuel d'environ 5,5 millions d'euros contre 1,8 million précédemment. «Nous vivons modestement avec cela et grâce aux cotisations de nos adhérents qui sont de plus en plus nombreux», résume Steeve Briois, le secrétaire général. Le budget annuel du FN avoisine 8 millions d'euros. Mais le parti ouvre des permanences, finance ses fédérations, organise des colloques et des manifestations. Et les élections approchent, qui nécessitent de trouver des fonds supplémentaires.

À défaut de prêt bancaire ou de fortune personnelle, les candidats têtes de listes aux municipales peuvent recourir à deux autres structures de financement dans l'orbite du FN, appelées Cotelec et Jeanne, qui collectent des dons et des prêts de particuliers. Entre les mains de Jean-Marie Le Pen depuis plus de vingt ans, Cotelec a déjà sauvé le FN de la faillite en 2007-2010. De son côté, Jeanne a été créée par Marine Le Pen fin 2010 pour l'aider dans son ­ascension. Son trésorier, Axel Loustau, est un ancien du mouvement musclé d'extrême droite Groupe Union Défense et un actionnaire de l'agence de communication Riwal, proche de Marine Le Pen. «Jeanne a servi de prêteur aux candidats pour les cantonales de 2011 et les législatives de l'an dernier. Elle va être utilisée à nouveau pour les municipales», confie un responsable du FN dans les Hauts-de-Seine. Cependant, les cagnottes actuelles de Cotelec et de Jeanne, évaluées à quelques millions d'euros, risquent de ne pas suffire pour les élections suivantes. En attendant que les banques se décrispent, le FN va devoir à nouveau bricoler. «Nous allons reprendre notre bâton de pèlerin pour récolter des dons de particuliers ou obtenir des prêts auprès de sympathisants», explique ­Wallerand de Saint-Just. Si les dons sont limités à 7500 euros par personne, les prêts à un an, eux, n'ont pas de plafond. «C'est un bon placement, puisque nous assurons 3% de taux d'intérêt», assure le trésorier.