Orages d'acier
C'est prouvé "scientifiquement". Les élèves qui obtiennent les moins
bonnes notes au SAT (Scholastic Assessment Test, l'examen le plus
important aux États-Unis pour le passage à l'université) sont fans de
Beyoncé, Lil Wayne, Jay-Z, Justin Timberlake ou autres Akon. C'est ce
que démontre une étude statistique de Virgil Griffith, un hacker
américain qui s'est amusé à comparer les performances scolaires de
jeunes lycéens avec les musiques qu'ils écoutent sur Facebook. Ainsi,
133 artistes ont été répertoriés, et leur classement semble indiquer que
les meilleurs élèves écoutent Beethoven, Sufjan Stevens, Bob Dylan ou
encore Radiohead. Les élèves "moyens", eux, seraient adeptes de Frank
Sinatra, Bob Marley et Elton John.
"Est-ce que nos goûts musicaux disent quelque chose de notre intelligence ?"
Telle est la question à laquelle a voulu répondre le hacker par ses
recherches. Il a collecté sur Facebook le nom des dix musiques les plus
appréciées par les élèves de 1 352 écoles avant de croiser ces résultats
avec leurs scores au SAT. Du propre aveu du "scientifique", les
résultats valent ce qu'ils valent, et ne prouvent pas qu'il existe un
lien de causalité entre les deux. D'autant moins que le SAT est un test
qui évalue moins l'intelligence des étudiants que leur logique et leur
mémoire. Mais cela n'empêche pas le graphique (ci-dessous) de circuler
massivement sur Internet depuis 2009 !
Et que disent nos lectures ?
Virgil Griffith est un habitué du buzz. En 2007, il avait acquis une
certaine renommée en créant WikiScanner, un logiciel permettant
d'étudier, à travers les adresses IP, les liens entre les millions de
modifications anonymes faites sur Wikipédia et des organisations
susceptibles d'être à l'origine de ces modifications. Ce qui favorise
une évaluation de la neutralité des intervenants quant à l'article sur
lequel ils interviennent. WikiScanner
a par exemple montré que la scientologie et la CIA modifiaient
régulièrement les articles de l'encyclopédie participative.
Le jeune hacker, étudiant à l'Institut de technologie de Californie,
s'est aussi intéressé à la littérature. Il nous apprend que les gens
"intelligents" ne lisent pas la Bible, ni Fahrenheit 451, ni Le diable
s'habille en Prada, mais Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, Lolita de Nabokov et L'économie saugrenue de Steven Levitt. À bon entendeur.