par Georges FELTIN-TRACOL
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Madame, Mademoiselle, Monsieur, Chers Amis et Lecteurs du site,
S’il
est toujours bien de consulter votre site favori et d’autres sites amis
sur Internet, il est néanmoins important de lire – et de s’abonner – à
des revues amies. Nous vous en proposons deux qui viennent juste de
sortir :
— le n° 34 de janvier – février 2014 de Synthèse nationale
consacré à « Au-delà de la révolte : la Révolution… », 12 €
l’exemplaire ou un abonnement simple de 50 € ou de soutien 100 €, à
adresser à Synthèse nationale, 116, rue de Charenton 75012 Paris, chèque à l’ordre de Synthèse nationale;
— le n° 46 d’hiver 2014 de Réfléchir et Agir
qui évoque l’indispensable « Croisade contre le monde moderne ». Ce
numéro s’accompagne du premier hors-série de la revue qui fête ses vingt
ans d’existence. Un numéro de 76 pages qui traite de quatorze grands
écrivains et penseurs français et européens. Attention ! ce hors-série
est adressé aux abonnés à jour et ne sera pas vendu séparément. Donc,
abonnez-vous (26 € ou + de 35 € pour l’abonnement de soutien) à l’ordre
du C.R.E.A., B.P. 80432, 31004 Toulouse C.E.D.E.X. 6.
Abandonnez la télé et lisez, formez-vous et pensez autrement !
Dernière
minute : nous venons d’apprendre la disparition de Gilbert Sincyr,
ancien secrétaire général du G.R.E.C.E., auteur de nombreux ouvrages et
païen assumé. Cet ancien combattant en Algérie a rejoint la Grande
Armée. Saluons sa mémoire !
La rédaction d’Europe Maxima
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Fondée à la fin des années 1990, l’Alliance sociale des peuples et pays de France
fut animée par Benjamin Guillemaind jusqu’à sa disparition en 2012.
Puisant à la fois dans la doctrine sociale de l’Église, les travaux des
non-conformistes des années 1930, les thèses néo-corporatistes et les
analyses « créditistes » et « distributistes », l’Alliance sociale
se préoccupe en particulier de questions économiques et sociales. Elle
ne néglige toutefois pas les problèmes de société et d’aménagement du
territoire. Ce nouveau recueil témoigne de la pluralité de ses centres
d’intérêt.
Dans
une introduction percutante, Alexis Arette, ancien commando en
Indochine, ex-élu régional frontiste, autonomiste béarnais, militant
syndicaliste agricole, poète catholique engagé et organisateur naguère
de belles jacqueries vers 1992 – 1993, en retrace l’histoire. L’Alliance sociale résulte d’une entente conclue entre le courant chrétien qui militait au sein de l’Alliance solidariste
aux côtés de Gérard Bouchet, et les réseaux néo-corporatistes,
anti-libéraux et fédéralistes de Benjamin Guillemaind, d’où une
perception originale de la nation. « Patrie et Nation peuvent parfois se
confondre, mais aussi se distinguer par le fait qu’une nation peut
réunir de multiples patries (p. 15). »
L’ouvrage
se divise en deux grandes parties. L’une s’intitule « Investir dans
l’homme et dans les territoires » et porte sur la démographie, la
nécessité de rendre ses lettres de noblesse à l’apprentissage, aux
mutations territoriales, aux relations professionnelles et à
l’éducation. Avec le sens aigu de l’expertise géographiques qu’on lui
connaît, Loeiz Laurent suggère quelques mesures adaptées aux mutations
sociales de l’espace français. Autre expert, en éducation cette fois-ci,
Yves Morel s’attache à récuser tant l’« école pédagogiste » que l’«
école républicaine ». Il souligne que les réformes scolaires
s’inscrivent dans un processus européen décidé à Barcelone au temps de
la calamiteuse cohabitation Chirac – Jospin. Il s’attache aussi à faire
redécouvrir « des critiques oubliées de notre système scolaire (p. 182) »
dans les personnes d’Édouard Demolins (1852 – 1907) et de Gustave Le
Bon (1841 – 1931), à « dédiaboliser Rousseau (p. 187) » et à redécouvrir
les méthodes pédagogiques des « Frères des Écoles chrétiennes (p. 189)
». Il souhaite par ailleurs « en finir avec le modèle éducatif
jésuitique (p. 191) » et désétatiser l’enseignement dans une démarche
libérale. Il est fort probable que la libération des énergies et des
initiatives ne suffira pas, car le modèle de l’école privée – y compris
hors contrat – est aussi inefficace que le système public. La solution
reposerait sur un processus fractionnaire, séparatiste et communautaire d’écoles informelles, autogérées et auto-suffisantes quasi-clandestines dépendantes de quelques familles regroupées localement.
Sous
le titre global de « Restaurer les équilibres économiques », l’autre
partie se penche sur des enjeux économiques primordiaux. Tous les
contributeurs s’accordent sur « le fonctionnement de l’Europe [qui] est
donc à l’opposé du principe de subsidiarité (p. 30) » et rejettent tant
l’actuelle Union dite européenne que l’influence prégnante de l’Occident
yankee. Derrière ces instances supranationales mortifères se
trouvent des agents du mondialisme dont le dessein final « est
d’instaurer un gouvernement mondial. […] Les deux principaux moyens pour
arriver à cette fin sont d’une part l’O.M.C. (Organisation mondiale du
commerce), qui est le fer de lance de ce projet puisque l’O.M.C. a pour
objectif d’abolir toutes les barrières douanières à l’échelle
planétaire; d’autre part la mise en place de sociétés multi-ethniques,
multiculturelles et multiconfessionnelles. Il est facile de voir que ces
deux instruments conduisent à terme au même résultat : la dissolution
et la disparition des États (p. 37) ». Georges Tartaret estime par
conséquent que « la Federal Reserve (ou FED) n’est pas
simplement la banque centrale des États-Unis puisqu’elle regroupe dans
son conseil d’administration des représentants des plus grandes banques
de la planète. C’est bien l’amorce d’un gouvernement mondial (p. 42) ».
Conseiller
économique de Marine Le Pen, Bruno Lemaire considère pour sa part que «
le véritable conflit n’oppose pas, ou plus, les entrepreneurs aux
salariés, mais les financiers aux “ productifs ”, que ces “ productifs ”
soient patrons de P.M.E. ou simples salariés. La vraie cassure est là,
dans cette financiarisation rampante de l’économie, favorisée par cette
confusion, parfois cette concussion, entre le monde banco-financier et
nos élites, issus souvent des mêmes grandes écoles ou universités (p.
65) ». Les tenants du mondialisme se recrutent parmi les cadres,
supérieurs ou non, des firmes transnationales à visée oligopolistique.
Corrompant hauts fonctionnaires et politiciens, elles cherchent à
étouffer les P.M.E., ces véritables poumons de l’économie réelle. Contre
leur disparition programmée, Georges Tartaret et Janpier Dutrieux
pensent qu’un État-stratège doit, si les circonstances l’exigent, «
prendre une participation minoritaire et temporaire dans les entreprises
des secteurs stratégiques, ou favoriser l’apparition de nouveaux
investisseurs institutionnels (fonds souverains), pour consolider les
bases actionnariales nationales, soutenir l’actionnariat salarié et
familial qui est un facteur d’enracinement et permet d’arbitrer
localement la répartition des revenus (p. 133) ».
Dans
un autre article, Georges Tartaret défend clairement le modèle rhénan
qui déborde très largement de la seule Rhénanie, voire de l’Allemagne
puisqu’on le retrouve aussi bien en Italie du Nord, dans la région de
Cholet ou en Vendée. Cependant, ce modèle rhénan se réfère à
l’ordolibéralisme qui est une variante originale du libéralisme, cet
ennemi principal déterminant. Fallait-il ensuite se lancer dans un
vibrant plaidoyer en faveur de la restauration monarchique ? « Seul le
retour du roi, écrit-il, permettra au peuple français de retrouver son
unité grâce au caractère fédérateur de la monarchie. Alors que la
république n’apporte que la division, les Français pourront retrouver
leur unité en redécouvrant leur identité nationale. Et le roi est le
mieux placé pour incarner celle-ci. Du fait de sa vocation surnaturelle,
c’est à elle qu’échoit le rôle d’entraîner les autres pays européens
vers un retour à la royauté. L’Europe, en effet, a besoin pour cela que
se développent dans chaque pays un parti royaliste. C’est l’action
concertée de tous les partis royalistes qui, seule, permettra de
reconstruire une Europe chrétienne (p. 47). »
Les
contributions les plus captivantes en dépit de leur technicité certaine
sont celles qui évoquent le sort de l’euro. Bruno Lemaire constate que «
l’euro n’était pas nécessairement une mauvaise idée en soi […] si ce
n’est que les hypothèses techniques sur lesquelles elle pouvait être
bâtie n’étaient pas bonnes (p. 63) ». Janpier Dutrieux rappelle que le
Système monétaire européen fut victime des attaques de Soros, des
grandes banques atlantiques et des futurs oligarques occidentaux dès les
décennies 1970 – 1980. « On peut donc dire, note-t-il, que l’Union
européenne s’est progressivement donnée à ce que l’on appelle la
mondialisation financière, soumission qui l’a détournée de ses ambitions
d’origine (p. 78). » Le traité de Maastricht « avait certes pour but
annoncé de préparer la C.E.E. à devenir une puissance économique
mondiale en devenant l’Union européenne, mais sans nul doute d’essayer
de rattacher l’Allemagne à une autorité supranationale (p. 55) ».
Les
deux auteurs s’accordent sur la nécessité de passer d’une monnaie
unique à la monnaie commune. Pour Bruno Lemaire, « la première propriété
d’une monnaie commune, c’est que… ce n’est pas une monnaie, au sens où
elle ne peut être utilisée directement pour des paiements. Une “ monnaie
commune ” – qui n’est donc pas une monnaie – est une unité de compte,
qui va permettre de comparer entre elles diverses monnaies nationales
(pp. 61 – 62) ». Mais Janpier Dutrieux va plus loin. Il entend «
refonder la zone euro autour de deux garanties : l’autonomie des
politiques monétaires et l’équilibre des échanges extérieurs de chaque
nation (p. 84) ». Cette nouvelle eurozone favoriserait ainsi « une
monnaie commune européenne exclusivement réservée aux échanges
extra-nationaux (p. 90) », ce qui implique « une zone de solidarité
économique (p. 91) ». Il s’en suivrait que « la zone euro [devienne] une
zone européenne de compensation monétaire dont l’objectif est de
produire une unité de compte et de réserve commune aux Banques centrales
membres, de promouvoir les équilibres extérieurs et d’encourager la
demande (p. 92) ».
Ce
n’est pas tout ! Janpier Dutrieux prône en outre une « incontournable
réforme bancaire et monétaire (p. 95) » en séparant fermement les
activités bancaires de dépôt des activités bancaires de prêt. Cela
signifie de valoriser « un nouveau modèle de protection sociale (p. 115)
». Il suggère ainsi la mise en place d’un revenu d’existence. Ce «
dividende national, instrument d’une protection sociale permanente […]
instituera une troisième source de revenu entre celles du travail et du
capital. Il fondera un nouvel arbitrage du partage de la valeur ajoutée,
distributif, mutuel et coopératif (p. 117) ».
Il
est regrettable qu’un tel ouvrage ne suscite aucun débat sérieux.
Certes, les participants à ce recueil ne sont pas des « fils de pub »,
des communicants spécialistes dans le maniement d’idées creuses et de
concepts vides. Ils tirent toutes leurs conclusions de cas pratiques
surgis du quotidien. Il est toujours dangereux d’ignorer les réalités.
Cependant, ce n’est pas l’Europe qui risque l’implosion ou la
refondation, plutôt une Union pseudo-européenne qui, comme la qualifie
fort justement Georges Tartaret, « n’est que le décalque politique de
l’O.T.A.N. (p. 45) ». L’implosion s’impose donc comme un passage
indispensable afin de refonder l’idée européenne sur une orientation
enfin continentale, identitaire et… impériale !
Georges Feltin-Tracol
• Alliance sociale des peuples et pays de France, L’Europe,
implosion ou refondation ? Ou du danger d’ignorer les réalités.
Propositions d’ordre politique, économique et social de reconstruction
d’un nouveau modèle, Les Éditions d’Héligoland (B.P. 2, F – 27 290 Pont-Authou, Normandie), 2013, 253 p., 20 €.