par Guillaume Faye
Ex: http://www.gfaye.com
Au
départ de la ”Manif pour tous” parisienne du 2 février, (1) marchaient
en tête plusieurs manifestants portant une banderole en arabe et en
français : « les Français musulmans disent non au mariage homo ».
De même, les musulmans ont été les premiers en ligne pour lancer une
grève de l’école à l’appel de Farida Beghoul pour protester contre
l’enseignement de la ”théorie du genre”, lavage de cerveau des écoliers
(voir précédents articles de ce blog) sous un prétexte d’égalité
anti-sexiste, piloté par les milieux homos et l’idélogie anti
familialiste. Le CFCM (Conseil français du culte musulman) et son
président, Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, se sont
également élevés, comme les catholiques, contre l’enseignement des « ABCD de l’égalité »,
destinés, malgré les dénégations hypocrites de M. Peillon, à faire
passer, comme en Suède, la théorie du ”troisième sexe”, c’est-à-dire de
l’indétermination du sexe biologique, selon la lubie
environnementaliste, d’origine à la fois soviéto-marxiste et américaine.
Remarquons
tout d’abord, comme je l’ai souvent souligné, cette très ennuyeuse
contradiction qui est au cœur de l’idéologie et de la propagande
dominantes : elles promeuvent un ”progressisme” féministe, homophile,
déconstructeur de la famille et de la filiation traditionnelles – dans
le but inavoué, non de l’égalité, mais de la démolition de l’identité
française, l’ennemi à abattre – mais en même temps, elle soutiennent
l’islam intouchable, combattent l’”islamophobie”, dans leur logique
immigrationniste de remplacement du peuple de souche. Le problème, c’est
que l’islam est fondamentalement homophobe, sexiste, antiféministe
(dans le mauvais sens du terme, c’est-à-dire inégalitaire) et tient à
préserver – pour la seule communauté musulmane, évidemment – ses
structures ultra traditionnelles.
Cette
contradiction est un bâton de dynamite allumé au cœur de l’idéologie au
pouvoir. En voulant s’en prendre exclusivement à cet ennemi
implicitement désigné qui est la famille hétérosexuelle de souche, de
préférence catholique et nombreuse, non ”recomposée”, (bête noire du think tank
Terra Nova, inspirateur suprême) elle heurte aussi de front cette
communauté musulmane qu’elle chérit tant. Ce caillou dans les rouages du
dispositif idéologique était imprévu.
Mais
il y a un autre élément majeur, jamais souligné et pourtant
fondamental : cette soudaine passion de l’idéologie au pouvoir pour
l’anti-sexisme et le féminisme et l’enseignement de la théorie du genre à
l’école possède une autre cause, dissimulée. Une cause qui n’existait
absolument pas dans la France d’avant
les vagues migratoires arabo-musulmanes : la montée du sexisme
machiste, des mauvais traitements infligés aux femmes, des mariages
forcés, des violences scolaires contre les filles. Leur origine est
connue mais soigneusement tue par les idéologues du déni permanent.
C’est le grand tabou. (2)
Donc,
par un étrange paradoxe, ces délires contre lesquels s’élève justement
la Manif pour Tous, sont indirectement la conséquence de l’immigration
massive et incontrôlée des trente dernières années. Et si, par malheur,
ce mouvement se poursuit, dans cette ”nouvelle France” que souhaitent
les apprentis sorciers de Terra Nova, il est à prévoir que les militants
LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) sponsorisés par le
pouvoir, que le sort du mariage homo, que l’enseignement subreptice de
la gender theory (3)
soient radicalement remis en cause. Est-ce que Ludovine de la Rochère,
qui a pris la tête de la MPT après l’éviction étrange de Virginie Merle
(ou Frigide Barjot), a pris conscience de tout cela ?
Quant
à la communauté juive, elle se mure dans son silence. Ni pour ni contre
la Manif pour Tous. Connais pas. Le Consistoire central n‘aborde pas le
problème. Deux raisons à cela : tout d’abord, un repli communautaire,
une sorte de sécession par rapport à la société française, un repli sur
la judaïté. Bien qu’évidemment, les valeurs du judaïsme soient
profondément hostiles à l’idéologie en question. Ensuite parce que la
précédente manifestation ” Jour de Colère” avait été perturbée par des
groupuscules antisémites : mélange d’éléments d’extrême droite proches
de l’agitateur erratique Soral et – fait dissimulé mais que les photos
et vidéos indiquent – de manifestants d’origine immigrée, les deux sous
le charme du pitre Dieudonné dont ils constituent le public fasciné.
L’équation
n’est donc pas simple. La désignation de l’ennemi, selon Carl Schmitt,
devait être uniquement idéologique et politique. Mais dans le grand
poker de l’histoire, elle est aussi anthropologique et ethnique. Les
cartes sont toujours mélangées dans un jeu. La vie est multicritères.
Dans sa « Théorie générale des Systèmes »,
Ludwig von Bertalanffy expliquait qu’une contradiction est insoluble si
l’on reste dans le même système. Il faut changer de système. Ce qu’on
appelle, en épistémologie, une ”catastrophe”, notion théorisée par
Primogine et le mathématicien René Thom. Nettement plus pertinent que
les délirants délices de la gender theory issus en fait de la scholastique médiévale dont la gauche est la digne héritière.
Notes:
(1)
Mouvement diabolisé par Manuel Valls comme factieux et illégitime selon
la bonne vieille logique totalitaire de gauche, le Camp du Bien, qui
n’admet la démocratie que limitée à ses rangs, et encore. Voir
l’interview néo-stalinienne de MV dans le Journal du Dimanche (02/01/2014), anthologie d’intolérance.
(2)
La mixité sexuelle à l’école dans le primaire comme dans le secondaire
aura constitué une énorme erreur contre le bon sens et l’efficacité
pédagogique. Toujours l’idéologie contre le réel, la passion contre la
raison, le dogme (doxa) contre l’observation et le savoir (épistémè).
(3) Cf mon essai Sexe et Dévoiement
(Éditions du Lore). La théorie du genre trouve une de ses origines
chez Wilhelm Reich, marxiste dissident de l’École de Francfort et
théoricien de la révolution sexuelle. Elle a été reprise et simplifiée
par les intellectuelles féministes américaines, notamment Judith Butler.
Mais Simone de Beauvoir a exprimé des idées proches. Le paradigme
central est l’unisexe, masculinisation des femmes, féminisation des
hommes. Comme toute scholastique, peu lui importe la rationalité
scientifique. Le grand paradoxe de toute la pensée de gauche est son
rapport schizophrénique avec la science et la raison : on est idéaliste
tout en se prétendant objectif et scientifique. Une révolte contre la
nature, éternellement vouée à l’échec.