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jeudi 7 juin 2018

Dans l’urgence où nous sommes, il faut que ceux qui nous gouvernent nous donnent une législation adaptée à la situation de guerre terroriste


Extrait de l'homélie prononcée au cours de la messe pour Sainte Jeanne d’Arc, célébrée le mercredi 30 mai en l’église Saint Denys de La Chapelle, par le Père Michel Viot, aumônier de l’Association universelle des amis de Jeanne d’Arc, fondée par le général Maxime Weygand :
Préambule
Viot-b"Jamais autant que cette année 2018, la célébration de la fête de Sainte Jeanne d’Arc ne m’a paru aussi importante, et si essentielle pour le relèvement de notre patrie, prélude au relèvement de l’Europe et de sa civilisation. D’où la publication de cette homélie ! Cela dit, je ne me fais pas d’illusions, tant les menaces de la barbarie augmentent, en même temps que l’aveuglement, la sottise et, disons le, la perversité. Nous avons entendu récemment, à propos du oui irlandais à l’avortement quelques perles rares, montrant à quel niveau nous sommes descendus ! On y a salué un progrès, symptomatique de la perte d’influence de l’Eglise catholique à cause des affaires de pédophilie. Et il s’est trouvé des voix catholiques pour demander de « respecter cette réponse. Son premier mérite étant de mettre fin à une urgence de santé publique….blabla…et mettre en lumière l’ampleur des souffrances vécues ou cachées des femmes… ». Nous avons entendu cette chanson en France dans les années 70 ! Cela nous donne aujourd’hui quelques 200 000 avortements par an. Ainsi est excusé un terrorisme meurtrier à l’égard des plus faibles, avec les circonstances atténuantes accordées par des voix catholiques ! Il est vrai que cette diminution du nombre d’enfants fera moins de proies pour les pédophiles ! Belle entrée en matière pour les discussions sur les lois bioéthiques, et pied de nez pour tout le travail sérieux des évêques pour sensibiliser les fidèles au respect de la vie.
Dans le même temps, grâce à une permission de sortie, un détenu radicalisé a pu tuer en Belgique, tout comme en France, l’assassin du Père Hamel muni d’un bracelet électronique. D’ici un an, une vingtaine de terroristes sera remise en liberté, dans deux ans un peu plus encore, c’est la loi ! Actuelle du moins. On continue à traiter le radicalisme islamique comme une maladie curable, genre dépression nerveuse. Et il semble que l’Etat se prépare à investir pour assumer de tels soins, alors que faute d’argent il se désengage de beaucoup de circuits d’entraide. Enfin, d’autres vont même jusqu’à s’indigner qu’on laisse juger des français à l’étranger où les « pauvres » risquent la peine de mort pour complicité de crimes avec l’organisation Daesh ! Aurait-on oublié leur ampleur et leur horreur ? Notre ministre des affaires étrangères a répondu comme il fallait, d’autant plus qu’il avait fait son devoir, et les habituels défenseurs des droits de l’homme lui « sont quand même tombés dessus. » ! Et je pourrais continuer mes tristes exemples de marches sur la tête, car le pire n’est peut-être pas encore mis en évidence.
Aussi est-il plus que temps de faire appel aux ressources de l’ancienne France. Et là, je cite Jean de Viguerie: « La France a précédé la patrie. Quand le mot patrie fit au seizième siècle son entrée dans la langue française, la France existait depuis très longtemps. Avant d’aimer la patrie, les Français ont été attachés à la France….cette France est leur pays natal, celui de leur prince, de leur famille et de leurs amis et compagnons. Ils ont avec elle des liens charnels. Ils ne peuvent prononcer son nom sans tendresse. Ils l’appellent « France douce. ». A l’époque de Jeanne, tous ceux qui se réclament de la France savent cela. Mais il y a doute pour savoir qui incarne la vraie France. Aussi la vérité va apparaître : c’est la France de Charles VII que Dieu vient sauver par la Pucelle et non une autre ! Il peut donc sembler exister deux Frances. Mais Jeanne, au nom de Dieu vient nous dire que c’est une imposture. C’est alors que le diable va se charger de contourner l’obstacle, en changeant le sens du mot patrie. C’est tout le sujet du très beau livre de Jean de Viguerie.
Une dernière remarque sur l’éclosion de la patrie révolutionnaire et ses divers masques qui lui permettent encore aujourd’hui de poursuivre son œuvre de destruction. Ce qui s’est déchaîné à partir de 1789, n’était pas né à cette époque, et ne disparut pas avec elle. La culture de mort est généreuse en moyens d’addiction et d’hallucinations en tout genre, et ce d’autant plus facilement qu’elle fait toujours baisser le niveau culturel des peuples, pour mieux les abrutir et les mener à l’abattoir ! Voyez ce que deviennent les guerres à partir de la révolution française. Il est vrai que celle-ci avait beaucoup emprunté au patriotisme romain qui exaltait la mort pour la patrie, et sans lésiner sur la quantité s’il le fallait. Telle ne peut être la vision chrétienne sur ces questions, qui sans exclure le risque de devoir donner sa vie pour la patrie, sera toujours économe du sang humain. Ce qui va aussi souvent dans l’intérêt militaire bien compris. Évoquant l’action de Jeanne, dont la violence n’était pas exclue, Jean de Viguerie écrit : « L’héroïne n’a pas la moindre idée d’une patrie de type romain. Elle exige beaucoup du roi, de ses lieutenants, de ses soldats, mais nous ne l’entendons jamais réclamer ni l’insurrection générale, ni la levée en masse. Sa doctrine est simple et traditionnelle : que ceux qui ont la charge de gouverner ou de combattre fassent tous et jusqu’au bout leur devoir. Cela suffira. « Les hommes d’armes batailleront.. » ; « Travaillez, Dieu travaillera. » ; «  le roi exercera sa charge, et le pays sera relevé. ». La Pucelle ne demande qu’à un petit nombre d’exposer leurs vies. Sa libération n’a pas besoin de grands massacres. Elle veut sauver la France et non pas lui enlever la vie qui lui reste. »
Dans l’urgence où nous sommes, il faut que ceux qui nous gouvernent fassent leur travail en matière de lois et nous donnent une législation adaptée à la situation de guerre terroriste que nous subissons ! Que les juristes définissent les choses selon le droit, mais qu’ils permettent à notre pays de se défendre et de protéger les plus faibles. Et je rappelle à ce sujet que « L’enseignement traditionnel de l’Eglise … n’exclut pas le recours à la peine de mort. » (Catéchisme de l’Eglise catholique de Saint Jean Paul Il de 1992 no 2267). Il ne s’agit pas dans mon esprit de rétablissement général, mais d’un recours consécutif à une situation exceptionnelle du pays. Tout manque de rigueur contre le fanatisme est assimilé à de la complaisance et à de la faiblesse, et ceux qui dans de pareilles situations veulent avoir pitié de tout le monde sacrifient les plus faibles et les plus vulnérables.
« La France est une terre de règlements de comptes que favorisent les changements de régime. » écrit justement Jean Tulard à propos de la Terreur blanche de 1795.  Nos gouvernants et nous-mêmes devrions y réfléchir, avec simplement ce chiffre repaire de 30 000 condamnés à mort exécutés (officiels) après la libération de la France  à partir de l’été 1944 ! Veut-on prendre le risque de revoir de pareilles horreurs quand l’exaspération de certains sera à son comble parce que les limites du supportable auront été franchies ? Et ce type de drames peut vite survenir. Qui aurait pu prévoir le 14 juillet 1790, dans la joie de la fête de la Fédération, unissant tous les Français autour de leur roi, les horribles massacres de début septembre 1792, prémices de différentes terreurs successives encore plus meurtrières, dont le génocide vendéen ?
Mais tout cela ne dispense pas l’Eglise et les chrétiens de faire eux aussi leur travail ! Qu’ils arrêtent de se comporter comme des syndics de faillites. Ils doivent réévangéliser leur pays et faire en sorte que la religion catholique redevienne celle de la majorité des Français, ce qui ne veut pas dire religion d’Etat ! Car, qu’on le veuille ou non, la France est leur, ce sont eux qui l’ont faite. Et s’il y a des intrus, ce ne sont pas eux. Qu’ils imitent Jeanne d’Arc !
Homélie
[...] Le 16 mai 1920, Benoît XV qui procéda à la canonisation eut la possibilité d’en dire plus sans risque pour l’Eglise de France. Voici un court extrait de son discours : ”Après cinq siècles les vertus de Jeanne sont consacrées magnifiquement près du tombeau de Saint Pierre… cela n’arrive pas sans un secret dessein du ciel à une époque où les gouvernements ne veulent plus reconnaître le règne du Christ. Et pourtant il faut qu’il règne, Celui que son Père a établi héritier de toutes choses. Que les rois et les juges de la terre comprennent que Celui qui a sauvé par la main d’une femme une puissante nation d’un péril extrême, est le même qui dirige souverainement le cours des affaires de ce monde, et que ce n’est pas toujours en vain qu’on refuse de se soumettre à sa volonté souveraine. Et que les catholiques, s’inspirant des exemples de Jeanne d’Arc, se confient dans son patronage, soumettent en toutes choses leur esprit et leur cœur à Jésus Christ ; servir le Sauveur, c’est régner maintenant et dans l’éternité.”
Tout catholique, et un Français tout spécialement, doit donc bien savoir que la sainteté de Jeanne inclut non seulement ses vertus personnelles propres, mais encore sa mission particulière au service de la France. Mais pas de n’importe quelle France, la France patrie des vertus chrétiennes et premier guide catholique des nations.
Pour bien comprendre cela, je vous fais le devoir, comme votre aumônier, de relire le très beau livre de Jean de Viguerie “Les deux patries“. Et vous comprendrez pourquoi le Pape Benoît XV, qui s’exprimait en 1920 sur le patriotisme d’une jeune fille du XVème siècle, pouvait le sanctifier en même temps qu’elle. Alors que le patriotisme de 1920, s’il avait conservé ses manifestations de courage, ne pouvait être que suspect ! Issu de la révolution française, et même de causes antérieures, il véhiculait une culture de mort incompatible avec les exigences de l’Evangile de vie, et de ce fait, la France commençait déjà à n’être plus la France. N’oubliez jamais que pour les philosophes des Lumières, ennemis jurés de la foi chrétienne, la patrie n’est qu’un lieu où l’on se trouve bien, et où l’on peut jouir de tous les plaisirs possibles. C’est pour obéir à cette logique que tout ce qui est français en France doit aujourd’hui, et depuis un moment, céder la place au Cosmopolite ! Il ne faut donc pas s’étonner que la fête républicaine de Jeanne soit passée aux oubliettes ! Et c’est la même perte pour les pays qui se sont laissés envahir par cette idéologie des Lumières. Alors pour reprendre le programme de Jeanne, “boutons hors de France “! Non pas en priorité des personnes, mais en tout premier lieu ce qui pollue nos propres esprits, tout ce qui a faussé leur jugement ! Et pour cela il faut tout simplement commencer par une levée en masse pour retourner dans nos églises et les remplir, et à partir d’elles, couvrir la France de vraies processions. Jeanne est co-patronne de la France ne l’oublions pas, son étendard , reflet de la croix du Christ, peut encore nous conduire très loin, et qui sait, pourquoi pas en passant par Reims ?"

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