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dimanche 3 juin 2018

Des chances pour la France, des Meklat, des Théo, des Merah, on en veut encore plus au Bondy Blog

Des chances pour la France, des Meklat, des Théo, des Merah, on en veut encore plus au Bondy Blog
Illustration : Ouest France

Le Bondy Blog est un média en ligne qui « a pour vocation de raconter la France de la diversité ethnique et d’être la voix des quartiers sensibles dans les débats qui animent la société française. » (Wikipedia)

Ces animateurs critiquent les médias habituels, déconnectés des réalités de la vie en banlieue qui serait, en fait, une ode au vivre ensemble, un réceptacle à la créativité et à la richesse, bref des îlots de France où des gens vivent d’amour, de tolérance et de paix.
Certains ronchons, comme Alexandre Devecchio, rédacteur au FigaroVox et ancien du Bondy Blog, dénonce toutefois la ligne éditoriale actuelle qui fait la part belle aux revendications identitaires tout en relativisant ou niant « toutes les autres dérives pourtant omniprésentes en banlieues : pratiques mafieuses, sexisme, communautarisme, antisémitisme, homophobie, racisme anti-blanc. »

D’après Devecchio, « la défense de la laïcité et la critique des « accommodements raisonnables » seraient également perçues comme “islamophobes” par une partie des blogueurs. »
Du Bondy Blog sont nées de vraies pépites qui ont pu rejoindre certains médias désireux de s’encanailler : tels Mehdi Meklat et son compère, Badroudine Saïd Abdallah. Pépites transformées en étrons du jour au lendemain de la découverte de tweets racistes, antisémites, homophobes et misogynes. Pour Les Inrockuptibles, Libération (qui héberge le site), Pascale Clark de France Inter ou Canal+ qui les vénéraient, c’était la douche froide. (Marianne)
Mais apparemment, des « chances pour la France », des pépites telles que Meklat et « Badrou », au Bondy Blog, on en veut encore plus.
C’est le sens de l’article de Fatma Torkhani, une blogueuse Franco-Tunisienne, qui « a souhaité prendre la plume pour dire son dégoût de voir le pays qui l’a adoptée et qu’elle a adopté basculer dans un climat anti-immigrés » (suite à l’adoption en première lecture par l’Assemblée, le 22 avril 2018, de la loi asile-immigration).

Extraits.
« Emmanuel Macron qui avait alors durant sa campagne présidentielle assuré que l’accueil des migrants serait à la hauteur de la France, semble avoir vite oublié ses promesses pour adopter des mesures dignes de l’extrême droite contre laquelle il s’était pourtant opposé au second tour de la présidentielle.
11% des Français issus de l’immigration
Tandis, que je découvre avec dégoût les actions du groupe Génération identitaire dans les Alpes, à la frontière avec l’Italie, qui se met en scène dans des actions anti-migrants sans visiblement être inquiété, j’ai l’impression de vivre dans un autre pays que celui qui m’a accueillie lorsque j’étais une petite fille migrante de 10 ans. Que va-t-il devenir de la France, pays qui a accueilli de si nombreuses communautés, quelles soient séfarade, portugaise, serbe, algérienne, italienne, turque et tant d’autres ? Est-il nécessaire de rappeler à notre pays amnésique que la France s’est construite grâce à de nombreuses vagues d’immigrations ? Bon nombre d’entre nous sommes des filles et fils d’immigrés : 11 % d’entre nous, pour être précise, selon une étude menée par l’Insee.
Française par naturalisation et par amour pour ce pays qui m’a vue grandir et m’épanouir au sein de son école et dans ses rues, je ne vois que du mépris, de l’indécence et du rejet de l’autre dans ce projet de loi. Ce que Gérard Collomb semble oublier en défendant son projet de loi, c’est que quitter son pays n’est jamais une partie de plaisir. La déchirure de l’exil est réelle. Partir de sa terre natale, quitter sa famille, son foyer et tout ce qui constitue son quotidien se fait pour quiconque, quelle que soit son origine géographique, dans la douleur.
Mais voici que nous leur fermons la porte au nez, que nous les accueillons dans des conditions les plus humiliantes et que les autorités maltraitent également celles et ceux qui leur viennent en aide.
Réduire l’immigration à un risque et à un danger est une erreur
Lorsque je suis arrivée en France, j’ai été à l’école de la République. J’y ai appris la langue, j’ai pris plaisir à apprivoiser ce nouveau pays, à découvrir ses villes, son histoire devenue aujourd’hui la mienne. J’aimerais que d’autres filles et d’autres garçons puissent avoir la même chance que moi. Oui, je parle de chance car ce qui est censé être évident, aujourd’hui ne l’est plus. Réduire l’immigration à un risque et à un danger est une erreur, surtout une contre-vérité si on se penche sur l’histoire et sur ce qu’est la France aujourd’hui. Elle a produit des Français qui étudient, travaillent, enrichissent le pays. Des personnes peu mises en valeur malheureusement mais qui se battent au quotidien parce que ce pays c’est aujourd’hui le leur.

Comme de nombreuses personnes, je me sens impuissante aujourd’hui et désemparée. J’ai entre les mains cette histoire qui est la mienne, d’une famille arrivée de Tunisie en 2003, de parents qui ont travaillé très dur pour pouvoir s’installer dans ce pays qu’on dit des Droits de l’Homme, qui ont élevé quatre enfants qui ont étudié et travaillent aujourd’hui dans le domaine de leur choix. Cette histoire n’est pas seulement la mienne, elle est celle de plusieurs familles arrivées de partout dans le monde.

Alors pourquoi nous dire aujourd’hui que l’immigration est un problème ? Pourquoi nous faire croire que ceux qui arrivent d’ailleurs viennent nous envahir, quand ils viennent travailler, étudier et rêver d’un avenir meilleur ? »