Illustration : Ouest France
Le
Bondy Blog est un média en ligne qui « a pour vocation de raconter la
France de la diversité ethnique et d’être la voix des quartiers
sensibles dans les débats qui animent la société française. » (Wikipedia)
Ces animateurs critiquent les médias
habituels, déconnectés des réalités de la vie en banlieue qui serait, en
fait, une ode au vivre ensemble, un réceptacle à la créativité et à la
richesse, bref des îlots de France où des gens vivent d’amour, de
tolérance et de paix.
Certains ronchons, comme Alexandre
Devecchio, rédacteur au FigaroVox et ancien du Bondy Blog, dénonce
toutefois la ligne éditoriale actuelle qui fait la part belle aux revendications identitaires tout en relativisant ou niant « toutes
les autres dérives pourtant omniprésentes en banlieues : pratiques
mafieuses, sexisme, communautarisme, antisémitisme, homophobie, racisme
anti-blanc. »
D’après Devecchio, « la défense de la
laïcité et la critique des « accommodements raisonnables » seraient
également perçues comme “islamophobes” par une partie des blogueurs. »
Du
Bondy Blog sont nées de vraies pépites qui ont pu rejoindre certains
médias désireux de s’encanailler : tels Mehdi Meklat et son compère,
Badroudine Saïd Abdallah. Pépites transformées en étrons du jour
au lendemain de la découverte de tweets racistes, antisémites,
homophobes et misogynes. Pour Les Inrockuptibles, Libération (qui
héberge le site), Pascale Clark de France Inter ou Canal+ qui les
vénéraient, c’était la douche froide. (Marianne)
Mais
apparemment, des « chances pour la France », des pépites telles que
Meklat et « Badrou », au Bondy Blog, on en veut encore plus.
C’est le sens de l’article de Fatma Torkhani, une blogueuse Franco-Tunisienne,
qui « a souhaité prendre la plume pour dire son dégoût de voir le pays
qui l’a adoptée et qu’elle a adopté basculer dans un climat
anti-immigrés » (suite à l’adoption en première lecture par l’Assemblée,
le 22 avril 2018, de la loi asile-immigration).
Extraits.
« Emmanuel Macron qui avait alors
durant sa campagne présidentielle assuré que l’accueil des migrants
serait à la hauteur de la France, semble avoir vite oublié ses promesses
pour adopter des mesures dignes de l’extrême droite contre laquelle il
s’était pourtant opposé au second tour de la présidentielle.
…
11% des Français issus de l’immigration
Tandis, que je découvre avec dégoût les actions du groupe Génération identitaire dans les Alpes,
à la frontière avec l’Italie, qui se met en scène dans des actions
anti-migrants sans visiblement être inquiété, j’ai l’impression de vivre
dans un autre pays que celui qui m’a accueillie lorsque j’étais une
petite fille migrante de 10 ans. Que
va-t-il devenir de la France, pays qui a accueilli de si nombreuses
communautés, quelles soient séfarade, portugaise, serbe, algérienne,
italienne, turque et tant d’autres ? Est-il nécessaire de rappeler à
notre pays amnésique que la France s’est construite grâce à de
nombreuses vagues d’immigrations ? Bon nombre d’entre nous sommes
des filles et fils d’immigrés : 11 % d’entre nous, pour être précise,
selon une étude menée par l’Insee.
Française par naturalisation et par amour pour ce pays
qui m’a vue grandir et m’épanouir au sein de son école et dans ses
rues, je ne vois que du mépris, de l’indécence et du rejet de l’autre
dans ce projet de loi. Ce que Gérard Collomb semble oublier en défendant
son projet de loi, c’est que quitter son pays n’est jamais une partie
de plaisir. La déchirure de l’exil est réelle. Partir de sa terre
natale, quitter sa famille, son foyer et tout ce qui constitue son
quotidien se fait pour quiconque, quelle que soit son origine
géographique, dans la douleur.
…
Mais
voici que nous leur fermons la porte au nez, que nous les accueillons
dans des conditions les plus humiliantes et que les autorités
maltraitent également celles et ceux qui leur viennent en aide.
Réduire l’immigration à un risque et à un danger est une erreur
Lorsque je suis arrivée en France,
j’ai été à l’école de la République. J’y ai appris la langue, j’ai pris
plaisir à apprivoiser ce nouveau pays, à découvrir ses villes, son
histoire devenue aujourd’hui la mienne. J’aimerais que d’autres filles
et d’autres garçons puissent avoir la même chance que moi. Oui, je parle
de chance car ce qui est censé être évident, aujourd’hui ne l’est plus.
Réduire l’immigration à un
risque et à un danger est une erreur, surtout une contre-vérité si on se
penche sur l’histoire et sur ce qu’est la France aujourd’hui. Elle a
produit des Français qui étudient, travaillent, enrichissent le pays.
Des personnes peu mises en valeur malheureusement mais qui se battent au
quotidien parce que ce pays c’est aujourd’hui le leur.
Comme de nombreuses personnes, je me
sens impuissante aujourd’hui et désemparée. J’ai entre les mains cette
histoire qui est la mienne, d’une famille arrivée de Tunisie en 2003, de
parents qui ont travaillé très dur pour pouvoir s’installer dans ce
pays qu’on dit des Droits de l’Homme, qui ont élevé quatre enfants qui
ont étudié et travaillent aujourd’hui dans le domaine de leur choix.
Cette histoire n’est pas seulement la mienne, elle est celle de
plusieurs familles arrivées de partout dans le monde.
Alors
pourquoi nous dire aujourd’hui que l’immigration est un problème ?
Pourquoi nous faire croire que ceux qui arrivent d’ailleurs viennent
nous envahir, quand ils viennent travailler, étudier et rêver d’un
avenir meilleur ? »
…