La
IVe République s'ouvre par la liesse de la Libération et par l'horreur
de l'épuration, illustration d'un peuple qui cherche à fuir sa
culpabilité dans la défaite de 1940...
La chaîne Histoire diffuse le 30 mai un film d'Eric Deroo et Charles Thimon sur la IVe. Fin
1944, la France rêve à un régime politique qui ne reproduise plus les
erreurs qui l’ont conduite à la pire défaite de son histoire. Et
pourtant... alors que l’Indochine entre dans une dure guerre
d’indépendance, précédant de peu la Tunisie, le Maroc et bientôt
l’Algérie, la Constitution de la IVe république votée en 1946 accouche
des mêmes hommes et des mêmes pratiques.
Bien décidé à changer les règles
institutionnelles, s’il bouscule profondément la donne, de Gaulle n’en
bénéficie pas moins des acquis du régime précédent, en particulier sur
le plan économique. Mais, dès la fin de son premier quinquennat, ce
régime se retrouve confronté à l’usure du pouvoir et aux vieux démons de
la vie politique française : ententes entre partis, préservations des
avantages acquis, népotisme…
La IVe République a été celle du vide.
Ce film nous montre par quel processus va naître la Ve. En 1958 le
pouvoir s'incarne de nouveau, pour le meilleur et pour le pire...
D'ailleurs, ce film ne s'arrête pas à 1958, mais au retrait du général
après son échec au référendum de 1969.
A tel point qu’une question, certes
provocante, peut se poser. La Ve du général de Gaulle ne fut-elle pas un
épisode de plus dans ce long continuum qui, de la Révolution, en
passant par les empires, à l’avènement de la république, consacre la
passion des Français pour les hommes providentiels et leur haine à leur
égard sitôt les temps difficiles passés ?