.

.

jeudi 7 juin 2018

Jean-Michel Blanquer et son vade-mecum laïcité ou comment ne pas traiter le vrai problème

Notre bon ministre de l’Éducation nationale, M. Blanquer, trouvant certainement qu’il n’existait pas assez de documents sur la laïcité, a sorti, fin mai 2018, son vade-mecum « La laïcité à l’école » – 82 pages, tout de même ! – à l’intention des directeurs d’établissement, des enseignants et des personnels périscolaires.

J’ai téléchargé et eu le courage (car il en faut) de lire ce vade-mecum : hallucinant ! Ce énième document oublie juste, comme tous les autres avant lui, d’expliquer que la laïcité moderne, séparation du temporel et du spirituel, est une invention de Jésus : « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. » Que la laïcité, pour nous, les héritiers de 2000 ans de culture chrétienne, croyants ou pas, pratiquants ou pas, ne date pas de la loi de 1905, comme il tente de nous le faire croire et, surtout, qu’elle est totalement inconnue de l’islam, où le Coran régit absolument tout.
Et, sans doute pour éviter tout risque de dérapage, il ne mentionne jamais les mots « musulman » et « islam » et indique comme exemple, concernant le port de signes ostentatoires, le turban sikh, le bindi hindou… Vous en avez déjà vu, dans nos écoles ? Moi pas ! Sans oublier la « croix de dimension manifestement excessive »… Ah, les vilains chrétiens et leurs grandes croix que traînent sur leurs dos ces milliers d’écoliers tentant d’imposer leur foi à leurs petits camarades ! Mais quel public veut-on éduquer, in fine ? Quelles dérives veut-on éviter ? On ne le saura pas.
Ce vade-mecum délivre conseil sur conseil au corps enseignant qui serait confronté à une entorse à la laïcité : dialoguer, dialoguer, dialoguer… signaler la « situation contradictoire à la laïcité » à « l’équipe académique laïcité et fait religieux » en utilisant la boîte à lettres « atteinte à la laïcité » ou l’application informatique « Faits établissement »… appliquer l’exception qui confirme la règle. Et des exceptions, y en a ! Bref, je sens l’injonction du « vivre avec » (l’islam) se confirmer. Puisqu’en fait, le « vivre ensemble », ce n’était en définitive que cela.

En recherchant le lien de téléchargement du vade-mecum, je suis tombé sur la page des documents mis en ligne par l’Observatoire de la laïcité, observatoire très productif. En plus de ses rapports, il publie un grand nombre de guides pratiques, la laïcité semblant devoir être différente pour chacun des cas (Laïcité et collectivités locales, Laïcité et gestion du fait religieux dans les structures socio-éducatives, Gestion du fait religieux dans l’entreprise privée, Laïcité et gestion du fait religieux dans les établissements publics de santé, Gestion et la construction des lieux de culte, Vade-mecum Laïcité à l’école, Livret laïcité du ministère de l’Éducation nationale, Laïcité dans l’enseignement supérieur, Guide pour les parents et assistants maternels), des rappels à loi, des notes d’orientation de l’Observatoire de la laïcité, des déclarations… Sans oublier toutes les chartes !

La laïcité, ça paraît être un vrai boulot, voire un business juteux pour certains, alors que ce serait pourtant très simple si l’on acceptait de poser clairement le problème. N’y pensez même pas : absolument contraire au canon du politiquement correct.

Deux réflexions d’Albert Einstein que nos dirigeants devraient méditer, à défaut des Évangiles et du Coran : « Un problème sans solution est un problème mal posé. » « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

 Christophe de Bellabre

Source