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samedi 23 juin 2018

La mystérieuse croix du chef indien Sitting Bull

Une célèbre photo du chef indien le montre avec un crucifix autour du cou, provoquant des débats passionnés pour savoir s'il était chrétien.

Le grand Sitting Bull, indien Lakota (Sioux) vainqueur en 1876 de la célèbre bataille de Little Big Horn, aurait-il été chrétien ? Le personnage incarne tellement la cause amérindienne que l’idée qu’il puisse partager la religion des colons blancs pourrait sembler absurde. Ne disait-il pas lui-même : « Je préfère mourir en indien plutôt que vivre en blanc » ? Le bloggeur catholique américain Taylor Marshall soupçonne d’ailleurs que cette croix soit assez dérangeante pour que les manuels d’histoires américains la tronquent systématiquement, en recadrant la photo du chef… Pourtant cette croix fait bien partie de l’histoire !

L’ami « robe noire »

Sitting Bull se défiait des colons et de l’armée américaine. Il voyait combien les amérindiens étaient méprisés. Il se montrait terrifié par le massacre des bisons et la destruction de son monde. On connaît sa phrase : « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors, ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas. » Mais pour autant, il n’englobait pas dans sa défiance tous les blancs. Comme beaucoup de Sioux à cette époque, il avait en particulier de bonnes relations avec les Canadiens français, qui commerçaient avec eux. Et Sitting Bull s’était même lié d’amitié avec l’un de ces blancs, « Robe noire », le prêtre jésuite Pierre-Jean De Smet.
Missionnaire indigénophile, infatigable — il aurait parcouru 290 000 km durant sa carrière — ce dernier jouait à l’occasion les arbitres pour apaiser un conflit entre tribus, et obtint notamment une trêve entre les féroces Pieds-Noirs et les Têtes plates. Il s’intéressait à leur religion et intégra la notion du « Grand Esprit » dans ses prêches. Il tenta aussi de bâtir dans l’Ouest des « réductions » à l’image des expériences d’Amérique Latine. Le prêtre impressionnait les Américains par sa capacité à parcourir les tribus hostiles sans être menacé. Le General Stanley écrivit ainsi que « le Père De Smet seul, parmi tous les blancs, pouvait atteindre ces cruels sauvages et revenir sain et sauf ».
En 1851, c’est ce prêtre qui convainquit les chefs sioux de signer le traité de Fort Laramie. Ce traité les contraignait à accepter le passage de colons blancs, mais sanctuarisait certains de leurs territoires, dont les Black Hills, qui étaient considérées comme sacrées par les Sioux. C’est probablement au cours de ces rencontre que le prêtre a remis le crucifix à Sitting Bull. Malheureusement le traité fut violé peu de temps après, en raison de la découverte d’or dans les Black Hills. Menés par les chefs sioux, dont Sitting Bull était le chef spirituel, les amérindiens remportèrent la victoire de Little Bighorn en 1876. Ils furent ensuite poursuivis par l’armée américaine, et durent finir par se rendre.
Sitting Bull et les chefs Sioux surent voir que le prêtre n’était pour rien dans la trahison du traité qu’il les avait encouragés à signer. Le prêtre, âgé et malade, rendit une dernière visite aux Sioux en 1870. La célèbre photo de Sitting Bull affichant son crucifix date de 1885, ce qui démontre que le chef ne renia pas l’amitié qu’il éprouvait pour « Robe noire ».

Sitting Bull était-il chrétien ?

Pour autant, il est hasardeux d’avancer que Sitting Bull fût devenu chrétien : aucun document ne l’atteste. Le père De Smet a baptisé de nombreux amérindiens, mais il ne les recensait dans son registre que sous leur nom chrétien d’adoption. On ne peut donc pas prouver que Sitting Bull ait été baptisé. C’est même assez improbable, car suivant la coutume de son peuple, le chef indien était polygame, il eut jusqu’à cinq femmes et en avait deux à la fin de sa vie.
Par son charisme et son mysticisme, Sitting Bull fut reconnu comme un chef spirituel dans toutes les tribus sioux fédérées. On aimerait beaucoup connaître la teneur des conversations qu’il tenait probablement avec Robe noire au sujet du Christ et du Grand Esprit !

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