Jusqu’à
présent, le Bastion social s’était fait relativement discret à Aix.
Installés depuis septembre dernier dans un local de la rue Mignet, ses
militants - des proches de la mouvance nationaliste et pour beaucoup
venus des rangs royalistes de l’Action française - ne sortaient guère
dans la rue que pour d’épisodiques collectes alimentaires, des collages
nocturnes ou des distributions de tracts. Le bruit autour de
l’implantation de cette cellule qui organise aussi des cours de boxe,
d’arts martiaux et des conférences, était surtout venu de ses opposants.
En février, coup sur coup les jeunes communistes puis un collectif de
plusieurs associations et partis politiques classés à gauche, avaient
organisé deux rassemblements.
Mais
samedi dernier, l’antenne aixoise de ce groupuscule d’extrême-droite né à
Lyon franchissait une nouvelle étape en organisant une manifestation en
pleine rue et à une heure de forte affluence pour exiger l’instauration
de "la préférence nationale". Avec banderoles, fumigènes et
mégaphone, une quarantaine de personnes ont défilé dans le centre-ville,
menée par le fondateur et leader national du mouvement, Steven Bissuel.
Si
le rassemblement s’est déroulé sans heurts, les militants du Bastion
social se sont retrouvés impliqués quelques heures plus tard dans une
rixe survenue rue Campra, à un jet de pierre de la mairie.
Une agression à caractère raciste ?
Selon
les premiers éléments recueillis, il semble qu’une dizaine d’entre eux,
en sortant vers 2h du matin d’un bar où ils avaient passé la soirée,
ait eu maille à partir avec un couple d’automobilistes qui passait par
là. Les jeunes gens, manifestement très échauffés, auraient alors
molesté les deux victimes (notamment le jeune homme, légèrement blessé)
et porté des coups sur le véhicule, passablement dégradé.
Selon
nos informations, le couple, d’origine maghrébine, aurait également
reçu des injures à caractère raciste de la part des militants du Bastion
social. Cinq d’entre eux, âgé de 18 à 27 ans, ont été interpellés dans
la foulée et placés en garde à vue jusqu’à leur défèrement hier soir. Le
parquet a requis leur placement en détention jusqu’à leur comparution,
demain, devant le tribunal correctionnel d’Aix pour "violences aggravées
commises en réunion et en raison d’une appartenance ethnique, raciale
ou religieuse" ainsi que pour "injures à caractère racial et
dégradations". Le cinquième répondra en sus de la rébellion et des
outrages au moment de son interpellation.