Slovénie: les conservateurs veulent signer leur retour en s'inspirant d'Orban
L'ancien Premier ministre conservateur
slovène Janez Jansa espère signer son retour au pouvoir à la faveur
d'élections législatives dimanche, après avoir agité le spectre d'une
invasion migratoire dans ce petit pays de 2 millions d'habitants situé
sur l'ancienne "route des Balkans".
Contraint de démissionner en
2013 en raison d'une affaire de corruption datant de son premier mandat
(2004-2008), l'inoxydable dirigeant du Parti démocratique slovène (SDS)
figure en tête des sondages avec 25,5% des intentions de vote.
Activement
soutenu par le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor
Orban, il a durci le ton de sa formation, naguère classée au
centre-droit, n'hésitant pas à emprunter des accents xénophobes à son
allié hongrois.
Il distance très largement le Premier ministre
sortant de centre-gauche Miro Cerar, usé par quatre années de pouvoir
malgré une croissance économique record, et dont le Parti du centre
moderne (SMC) plafonne à 8,8%.
M. Jansa, qui ne s'est assuré
jusqu'à présent que le soutien du petit parti Nouvelle Slovénie
(centre-droit, 8,3%), devra toutefois mener de délicates négociations
pour rassembler une majorité de gouvernement, relèvent les politologues.
Dans
ce contexte, l'indépendant Marjan Sarec, un ancien comédien devenu
maire d'une petite ville de province, apparaît en position de probable
faiseur de roi, avec 13,7% des intentions de vote. Malgré le recul
de M. Cerar, le bloc constitué par l'actuelle majorité de centre-gauche
continue de peser 29,4%, les sociaux-démocrates étant crédités de 12,5%
et le parti des retraités Desus de 8,1%.
- 'Répandre la peur' -
Comme ces formations, M. Sarec a exclu à ce stade toute alliance avec M. Jansa.
"Répandre
la peur (des migrants) et impliquer le Premier ministre d'un pays
voisin dans notre campagne c'est franchir la ligne rouge. Ni moi ni les
membres de ma liste ne pouvons nous inscrire dans une telle
constellation", a-t-il déclaré à l'AFP.
Pour le politologue et
universitaire Matevz Tomsic, toutes les options restent toutefois
ouvertes au lendemain du scrutin. "Les cartes sont alors rebattues" et
de "nouvelles coalitions peuvent émerger", estime-t-il.
M. Jansa
s'est montré confiant: "les téléphones commencent à sonner une fois que
les résultats sont connus", a-t-il souligné lors d'un débat télévisé,
assurant être prêt à engager des pourparlers avec tous les partis après
le vote.
Le dirigeant conservateur, qui bénéficie d'un socle
électoral réputé solide, pourrait notamment tirer profit d'une
participation électorale faible. Selon les instituts, celle-ci ne
devrait pas dépasser les 60%.
Pour
la première fois depuis dix ans, les élections slovènes se déroulent
dans un contexte de croissance économique soutenue et de chômage bas,
dans ce pays de la zone euro frappé de plein fouet par la crise
économique de 2008, et qui avait échappé de peu à une mise sous tutelle
internationale en 2013.
La campagne s'est toutefois déroulée dans
un contexte de grogne sociale, sur fond de revendications de hausses des
salaires et des retraites après dix années d'austérité.
Une
réforme du système de santé, jugé inefficace et coûteux, et
l'amélioration du climat des affaires ont également été réclamés, un
mécontentement qui a pesé dans la décision de M. Cerar en mars
d'écourter légèrement son mandat.
Mais M. Jansa a réussi durant
sa campagne a faire de l'immigration un thème central, avec l'appui de
médias financés par des fonds hongrois, a relevé le quotidien Dnevik
mercredi.
Près de 500.000 migrants ont transité par la Slovénie en
2015 et 2016 avant de poursuivre leur route vers l'ouest de l'Europe,
une vague qui avait alors poussé le gouvernement de M. Cerar à ériger
une clôture de 200 km à la frontière croate. Seul un millier de réfugiés
et de demandeurs d'asile vivent dans le pays aujourd'hui, selon les
chiffres officiels.
Une manifestation "contre la haine et
l'intolérance" a rassemblé de 3 à 4.000 personnes, selon le télévision
publique, en début de soirée à Ljubljana, à l'appel d'organisations
non-gouvernementales.