On peut réussir à échanger des baisses de cotisations sociales
contre des créations d'emplois : c'est ce qui avait été fait avec succès
avec les 35 heures. Mais cela implique d'exiger des contreparties
précises de la part des entreprises…
Les chefs d'entreprises déplorent constamment le poids écrasant des cotisations patronales et viennent d’obtenir de François Hollande la promesse d’un allègement de ces cotisations à hauteur de 30 milliards d’euros d’ici 2017. Pourtant en réalité cela fait déjà plus de 15 ans que le poids de ces cotisations ne cesse de reculer dans la masse salariale : avant même le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), on en était déjà revenu au niveau qu'elles avaient en 1975…
La période où cette baisse a été la plus importante et la plus rapide au cours des dernières années est d'ailleurs très intéressante : c'était entre 1997 et 2001. François Hollande veut aujourd’hui échanger les 30 milliards d’euros de baisse de cotisations sociales contre des créations d'emploi. C'est aussi ce qui avait été fait avec succès à l'époque grâce aux 35 heures : deux millions d'emplois avaient ainsi été créés entre 1997 et 2001 en contrepartie de baisses de cotisations importantes.
Au bout du compte, grâce à ces nombreuses créations d'emplois, les rentrées de cotisations sociales avaient quand même augmenté un peu. Et avec l'"inversion de la courbe du chômage" que les 35 heures avaient - elles - permise, les comptes sociaux avaient retrouvé l’équilibre, le déficit public s'était fortement réduit, les comptes extérieurs étaient devenus excédentaires… Mais évidemment pour obtenir effectivement cette contrepartie emploi, il avait fallu exercer une contrainte sur les entreprises sous la forme de la loi obligeant à passer aux 35 heures…
Dans un contexte où on n'exige rien de précis en contrepartie de la baisse des cotisations, le risque est très grand que cela se traduise au final par une baisse de la masse salariale (et donc des revenus distribués par les entreprises, directement ou indirectement via la protection sociale) et donc par des difficultés supplémentaires pour équilibrer les comptes sociaux et par un affaiblissement de l'activité globale faute de demande interne suffisante, qu’un hypothétique surcroît d’exportation aurait bien du mal à compenser. Il y a baisse de cotisations et baisse de cotisations…
Guillaume Duval