Manuel Valls chute dans les sondages d’opinion depuis l’affaire Dieudonné
Elle devait être le coup de maître de Manuel Valls, la « quenelle »
a frappé, muselant Dieudonné et la liberté de rire de tout, à
géométrie variable comme l’est l’indignation affectée des hautes
sphères, mais à la manière d’un boomerang qui revient aujourd’hui en
pleine face de l’ambitieux ministre de l’Intérieur.
L’effervescence politico-médiatique passée,
l’ahurissante chasse aux sorcières orchestrée par Manuel Valls l’a fait
dégringoler de son piédestal, sa cote d'amour, qui était jusqu’ici
invariablement au beau fixe, s’en trouvant fort amoindrie.
Le bon élève du gouvernement continue certes de
distancer ses collègues dans les sondages d’opinion, mais il n'a pas là
grand mérite, en enregistrant toutefois un recul inédit, révélateur d’un
blason terni par la polémique disproportionnée autour d’un bouffon
devenu la bête noire de la République.
Deux sondages consécutifs, réalisés à partir du 10
janvier, soit trois jours après la publication de la circulaire
interdisant les spectacles de Dieudonné et au lendemain de l’arbitrage
très politique du Conseil d’Etat qui a entériné la censure de son
one-man-show à Nantes, mettent en lumière la chute irrésistible, voire
vertigineuse de l'homme fort de la place Beauvau : dans le baromètre Ipsos pour Le Point,
le ministre de l'Intérieur recule de six points, à 53 % de bonnes
opinions, l'une des plus fortes chutes du mois. A l'unisson, dans l'enquête de
YouGov pour le Huffington Post et iTélé, Manuel Valls perd 7 points
d'opinions positives, tandis que sa cote de mauvaises opinions fait un
bond notable de 6 points.
Les lettres de cachet du ministre de l’Intérieur
ont davantage égratigné son image idéalisée de premier flic de France,
sans peur et sans reproche, qu’elles ne l’ont embellie, à l’instar de
l’enquête menée par Yougov qui a fait ressortir que seulement 38% des
sondés soutiennent le principe de l’interdiction.
Voici ce qu’il faut retenir de cette dernière
auscultation de l’opinion publique française, dont le sens du
discernement est aussi saisissant que la baisse de Valls est
significative : "64% des sondés sont d'accord pour dire que
l'interdiction des spectacles «fait de la publicité» à Dieudonné et à
ses idées (10% pensent le contraire) et 45% pensent que cette mesure
«enfreint la liberté d'expression» (26% estiment le contraire). Enfin,
38%, contre 32%, jugent que cette méthode n'est pas efficace pour
prévenir l'antisémitisme."