Les avis de décès parlent de l’évolution du rapport à la mort. L'étude des colonnes d'Ouest-France en 1961, 1974, 1999 et 2013 le montre.
Dans le cadre d’un cours de sociologie religieuse, Elie
Geffray, prêtre, a voulu dessiner les contours de l’image que l’on
pouvait dégager de la mort à travers la formulation des avis d’obsèques
dans Ouest-France. Avec deux enquêteurs, il a dépouillé plus de 15 000
annonces des années 1961, 1974 (Vatican II, post-soixante-huit), 1999 et
les six premiers mois de 2013. Les grandes lignes sont à découvrir dans
Ouest-France. En voici quelques extraits.
Au fil des années, cela change. La mise à distance de la mort est significative. Elle a quitté le domicile familial, a été prise en charge par des professionnels. Les soins apportés tentent à montrer un corps qui soit le plus proche possible de la vie, sans souffrance, comme quelqu’un qui dort. On ne porte plus le deuil non plus.
En 1961, mourir chez soi auprès d’un prêtre, la bonne mort ?
L’enquête révèle que l’idéal de la « bonne mort », en 1961, c’est mourir chez soi, entouré des siens et avec l’assistance de l’Église. Les visites aux défunts se font à son domicile, on veille les morts, on organise des veillées de prières, on recommande de nombreuses messes pour leur salut, réelle préoccupation. 27,6 % des avis de décès contiennent des formules religieuses style : « pieusement décédé à son domicile ». Les enterrements civils pèsent 1 % des avis.Au fil des années, cela change. La mise à distance de la mort est significative. Elle a quitté le domicile familial, a été prise en charge par des professionnels. Les soins apportés tentent à montrer un corps qui soit le plus proche possible de la vie, sans souffrance, comme quelqu’un qui dort. On ne porte plus le deuil non plus.