
Moins de la moitié de la population de la nation a daigné voter
dans des bureaux de vote qui n’ont pas été perturbés par quelque
manifestation que ce soit, indiquant par là même un vote de
non-confiance à la fois dans le régime actuel, mais aussi dans le
soi-disant “processus démocratique”.
Tandis que le New York Times et autres médias occidentaux soutenant
le régime politique du milliardaire criminel condamné et fugitif Thaksin
Shinawatra tentent de dire que des manifestants ont perturbé les
élections du Dimanche 2 Fevrier 2014, le taux de votants dans les
bureaux de vote qui n’ont pas été affectés par quelque manifestation que
ce soit tendent à raconter une toute autre histoire, spécifiquement
dans le Nord et le Nord-Est de la Thaïlande où le régime Shinawatra a
soi-disant la vaste majorité de son soutien et où le vote ne fut en
aucun cas gêné ou interrompu.
Dans un article du Bangkok Post, “Lowest voter turnout in Samut Sakhon,”, le quotidien rapporte:
La région nord-est a enregistré la plus grosse participation avec
56,14% de taux de participation, suivie par le nord avec 54%, le sud
avec 44,88% et la région centrale 42,38%.
Le Bangkok Post comparait ensuite avec le taux de participation de
2011 où 74% fut enregistré et dit que le taux de particpation global sur
la nation cette année était de 45% (c’est à dire 55% d’abstention !).
Il doit ici être rappelé que voter en Thaîlande est obligatoire.
Le taux de participation abyssal en lui-même est une condamnation de
l’illégitimité du régime en place, alors que le fait de s’abstenir était
considéré comme un signe de soutien à la campagne actuelle d’”Occupy
Bangkok”, qui entre maintenant dans sa 4ème semaine. Quoi qu’il en soit,
ceux qui se sont déplacés pour voter, n’ont pas non plus nécessairement
voté pour le parti politique régnant, le seul parti politique
conséquent de l’élection (NdT: les autres ayant
boycotté). Beaucoup ont écrit sur leur bulletin de vote en signe de
protestation, tandis que d’autres cochaient “pas de vote” (blanc).
Tandis que le parti régnant pavane de sa “victoire” dans cette élection
uni-partite, le fait que moins de la moitié de la population se soit
déplacée veut dire que la vaste majorité des Thaïlandais ont soit perdu
toute foi dans le processus ou sont directement opposés au régime
Thaksin en place, ou peut-être même les deux.
Ceci n’a pas arrêté les soutiens occidentaux du régime de clâmer la
victoire pour la dictature en lutte contre le peuple. Le NYT dans son
article “Protesters Disrupt Thai Voting, Forcing Additional Elections,” a déclaré:
“Des manifestants cherchant à renverser le gouvernement de la premier ministre Yingluk Shinawatra ont perturbé l’élection générale en Thaïlande de ce dimanche dans ce qui apparaît être le prélude à toujours plus de troubles politiques à venir.
Les forces d’opposition, qui représente une minorité de thaïlandais cherchant à remplacer le gouvernement élu du pays par un conseil non-élu de technocrates, ont dit qu’elle défierait les résultats de l’élection devant un tribunal tout en continuant à tenir des manifestations de rue dans la capitale Bangkok.”
Clairement, si plus de personnes n’ont pas voté que celles qui ont
voté, l’opposition n’est plus une minorité, mais bel et bien une
majorité et bien que le NYT essaie de faire le portrait des manifestants
et de l’opposition comme étant “l’establishment jet set de Bangkok”, on
doit ici noter que bien des routes du nord de la Thaïlande, soi-disant
fief du régime Thaksin, sont bloquées par des agriculteurs qui ont été
floués par le régime lors des élections de 2011 et le plan d’achat de
votes par le truchement du riz, ce qui est depuis devenu un scandale
majeur de corruption et de banqueroute.
Le NYT admet que l’élection se déroula très bien dans le nord et
nord-est du pays mais ne peut pas expliquer l’abstention massive, même
là et ailleurs où l’élection ne fut en aucun cas perturbée.
Une autre chose à noter fut la non-violence marquée et remarquée,
indiquant que le régime lui-même fut derrière les mois sanglants qui
jettèrent de l’ombre sur des manifestations autrement pacifiques, avec
l’évènement qu’ils voulaient un “succès” pacifique sans violence.
Et ensuite ?
Le régime va maintenant être forcé à demeurer dans le rôle
défavorable de “curateur” pour les mois à venir alors qu’il essaie de
terminer le processus électoral qui n’amènera qu’un mandat diminué,
questionable, tandis que les manifestants vont continuer à occuper, à
marcher et à appeler pour des mobilisations de masse comme ils l’ont
fait ces tris derniers mois.
Les stratégies du régime et de ses souteneurs occidentaux tournant
autour d’un coup d’état militaire anticipé ont aussi été percées à jour.
Dans l’intérim, tandis que le régime va doucement imploser avec de
larges segments de sa base supportrice qui vont se retourner contre lui,
les manifestants qui se sont concentrés sur l’action de rue peuvent
maintenant se concentrer à se séparer en petits groupes et focaliser à
développer leur agenda d’organisations et institutions locales qui vont
déplacer les ministères corrompus, inefficaces et corrosifs gérés par le
régime Thaksin Shinawatra.
Ceux-ci pourront se concentrer sur l’éducation, l’agriculture, la
technologie, la responsabilité publique, les médias alternatifs ou une
combinaison de disciplines et de solutions qui pourrait former la
fondation des réformes nécessaires et des améliorations à la fois
désirées et nécessaires à la société thaïlandaise. Le leadership de la
protestation pourrait aussi mettre ce temps à profit pour formuler une
politique articulée de réforme en thaï en en anglais pour une
distribution de masse afin de mettre un terme au mythe que leur
“réformes” sont “indéfinies” et “anti-démocratiques”.
Le temps joue pour les manifestants, avec un régime qui va maintenant
subir les pleines conséquences de ses schémas à court-terme de
politique corruptrice et d’achats de votes comme les promesses de 2011.
Thaksin Shinawatra, son régime par procuration et en fait ses souteneurs
occidentaux ne vont que subir une hémorragie de leur soutien, de leur
légitimité et de leur crédibilité dans les semaines et mois à venir et
leurs options deviennent très minces. En revanche, le mouvement de
contestation a beaucoup d’options disponibles, qu’il décide de maintenir
une occupation de grande échelle ou de consolider les sites, mais il
aura la plus grande chance de succès s’il prend l’avantage de sa
victoire courante tout en se gardant d’être complacent, arrogant et trop
sûr de lui-même.
Tony Cartalucci
Article original en anglais : Thailand: Sham Elections Unravel in Humiliation, publié le 4 février 2014.
Traduction par Résistance 71