Même si au final ce ne sont que des entrainements, il est
intéressant de voir que les USA prennent une part aussi importante dans
le programme européen de formation militaire European Activity Set (EAS).
© Photo : EPALe 31 janvier, les chars américains les plus modernes sont arrivés à la base militaire américaine en Bavière. Les militaires américains ont déclaré que 29 chars Abrams de modification la plus récente serviraient à équiper un centre d’entraînement dans le cadre du programme européen de formation militaire European Activity Set (EAS).
Leur arrivée est expliquée par l’absence de chars au moment
où le commandement américain est revenu à l’idée de poursuivre la
formation de tankistes américains en Europe. Au printemps 2013, la
dernière brigade blindée américaine stationnée en Allemagne a été
désactivée et tous les chars ont été évacués aux Etats-Unis dans le
cadre de la réduction des troupes US en Europe. Au bout de moins de 12
mois, des Abrams de nouvelle génération sont revenus en Europe.
Les militaires de l’Europe tout entière suivent depuis
longtemps des cours de recyclage sur de vastes polygones et champs de
tir du Centre d’entraînement multinational (Joint Multinational Training
Command, JMTC) de la base américaine de Tower Barracks à Grafenwöhr.
Pourquoi ne pas former des militaires américains dans une base
américaine ? Selon le colonel Thomas Matsel du bureau opérationnel du
JMTC, « grâce au programme EAS, nos unités auront accès à toute la gamme
des opérations militaires qu’elles devront éventuellement exécuter ».
A l’automne dernier, le secrétaire général de l’OTAN Anders
Fogh Rasmussen a expliqué ce qu’était la NRF. « La Force de réaction de
l’OTAN, ce sont les unités de réaction rapide, le fer de lance de
l’Alliance atlantique… capable d’assurer la défense de tout Etat membre,
d’être déployées n’importe où et de faire face à toute menace ». La
Force est formée des contingents que les Etats membres mettent à sa
disposition pour un an selon le principe de rotation. Ce fait est
naturel et louable. Pourtant on a appris que ces derniers temps les pays
ne faisant pas partie de l’OTAN cherchaient eux aussi à assurer la
protection des membres de l’Alliance.
En 2014, la Suède, la Finlande et l’Ukraine vont envoyer
leurs contingents dans la Force de réaction alliée. La Géorgie a proposé
sa participation à la rotation en 2015. Les étapes les plus importantes
des exercices de l’année dernière se sont déroulées en novembre en
Lituanie et en Pologne. Cette année, quatre grands exercices prévus
auront à peu près la même géographie. « Le maintien du fer de lance en
état aiguisé et prêt à l’utilisation » (c’est ainsi que le secrétaire
général de l’OTAN a défini la tâche de la NRF) a lieu dans les
conditions du théâtre d’opération européen et souvent à proximité de la
frontière de Russie. Est-ce que les problèmes de la défense européenne
incombent dorénavant non seulement aux systèmes américains d’ABM mais
aussi aux chars américains ?
L’idée que les jeux militaires de ces derniers temps rappellent
toujours plus les années de la « guerre froide » est partagée même aux
Etats-Unis. Michael Darnell du quotidien américain Stars and Stripes
note pour commenter le retour des chars américains en Allemagne : «
Lorsque les 22 derniers chars Abrams ont quitté le continent (en avril
2013), c’était pour beaucoup la fin d’une époque… Il paraît que ce
chapitre de l’histoire a été évidemment fermé d’une manière légèrement
prématurée ».