Disciple
de Gaston Bachelard, Gilbert Durand propose une véritable "métaphysique
de l'imaginaire", non plus fondée, comme celle d'Aristote ou de
Descartes, sur la raison ou la logique, mais sur cette "liberté
imaginaire", créatrice des structures fondamentales de l'être humain.
A travers ses multiples ouvrages, Gilbert Durand montre comment la
pensée occidentale a constamment rabaissé, voire nié, la fonction
d'imagination chez l'homme, la taxant de "folle du logis" ou de
"maîtresse d'erreur et de fausseté" et ce, au profit de la raison.
Encore aujourd'hui, pour la plupart des penseurs occidentaux,
l'imaginaire est conçu comme un mode "primitif" de connaissance.
L'imaginaire est pour Gilbert Durand l'indicateur général de la
science de l'homme, l'étalon or de l'hominisation. "C'est par lui que
commence l'homme. Chez l'animal, les images primitives définissent et
permettent l'équilibre de l'espèce. Mais, chez l'homme, ça se
complexifie et ça éclate: les archétypes humains sont des réceptacles
d'images possibles. Ils se dessinent en creux, et ces creux sont prêts à
recevoir des images plus ou moins spécifiées par les cultures, les
moments historiques, etc..." (G. Durand, "Le cordonnier de
l'imaginaire", Le Point n°634, novembre 1984, page 187.)