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mercredi 2 avril 2014

L’OTAN suspend sa coopération civile et militaire avec la Russie



L’OTAN suspend sa coopération civile et militaire avec la Russie
Menaçant d'augmenter le prix du gaz, Moscou recourt à l'arme économique pour faire plier Kiev.

Les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l'OTAN ont décidé de « suspendre la coopération civile et militaire avec la Russie », en riposte à l'intervention russe en Ukraine et au rattachement de la Crimée, a déclaré le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue d'une réunion à Bruxelles hier. Cette annonce formalise une décision prise au niveau des ambassadeurs le 5 mars. M. Rasmussen n'a pas précisé quels seraient les programmes de coopération touchés, mais a souligné que ceux liés à l'Afghanistan ou à la lutte contre le trafic de drogue ne seraient pas concernés. « Je pense que les projets de coopération liés à l'Afghanistan (...) devraient se poursuivre car nous avons un intérêt commun à assurer le succès de notre mission en Afghanistan », a-t-il ainsi dit. L'OTAN et la Russie collaborent aussi, avec des pays tiers, à la lutte contre la piraterie dans l'océan Indien et à des programmes contre le terrorisme.

Réunis autour de l'Américain John Kerry, les ministres des Affaires étrangères ont voulu se montrer fermes, sans pour autant « mettre de l'huile sur le feu », car il « ne faut pas fournir de prétexte à la Russie pour relancer l'escalade », a résumé un diplomate. Ainsi, les pays de l'Alliance maintiendront le dialogue politique avec Moscou en vue de favoriser une solution à la crise. L'OTAN cherche également à rassurer les pays de l'Est, États baltes et Pologne en tête, qui réclament une plus grande implantation des Alliés, certains plaidant même en faveur de bases permanentes. L'Alliance se tient « prête » à « prendre les mesures nécessaires » face « à toute menace d'agression visant l'Alliance », ont précisé les ministres, sans entrer dans les détails opérationnels.

Pour le moment, les grands pays d'Europe de l'Ouest préfèrent s'en tenir aux mesures prises ces dernières semaines, à savoir le déploiement temporaire d'avions-radars Awacs de l'OTAN et d'appareils F-15 et F-16 des États-Unis en Lituanie et en Pologne. « Ces moyens sont suffisants à l'heure actuelle », selon un responsable militaire. « Nous n'avons pas besoin de troupes de l'OTAN aux frontières avec la Russie », a estimé le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Frank Timmermans.

Sur l'annonce du retrait partiel de troupes russes envoyées à la frontière avec l'Ukraine, M. Rasmussen a indiqué que « malheureusement », il ne pouvait « pas confirmer. Ce n'est pas ce que nous constatons ». Les États-Unis avaient déjà accueilli lundi avec prudence les affirmations du ministère russe de la Défense. Hier soir, M. Kerry a souligné qu'il fallait saluer l'annonce russe, mais qu'elle restait « peu importante par rapport au nombre de soldats déployés ». « La question est de savoir maintenant ce qui va suivre », a-t-il ajouté.

Parallèlement, le Parlement ukrainien a décidé l'organisation cette année de manœuvres communes avec l'OTAN sur le territoire ukrainien et la mer Noire, qui devraient susciter de vives réactions à Moscou. Il a aussi approuvé le désarmement des groupes paramilitaires qui ont participé à la contestation pro-européenne et contrôlent toujours le centre de Kiev, au lendemain d'une fusillade provoquée par un membre du mouvement nationaliste Pravy Sektor.

La Russie continue par ailleurs à avoir recours à l'arme économique pour faire plier l'Ukraine. Le patron du géant russe Gazprom, Alexeï Miller, a annoncé hier mettre fin au rabais accordé en décembre à Kiev en échange de son renoncement à un accord avec l'Union européenne : ce qui augmente le prix du gaz de plus d'un tiers, à 385,5 dollars les 1 000 mètres cubes. Kiev est sous la menace d'une hausse encore plus forte : les autorités russes ont fait savoir qu'elles pourraient mettre fin à une autre ristourne de 100 dollars, accordée en 2010 dans le cadre d'un accord sur la prolongation du bail de la Flotte de la mer Noire basée à Sébastopol. Cela ferait passer le gaz russe à environ 480 dollars les 1 000 mètres cubes, l'un des tarifs les plus élevés appliqués aux pays européens, alors que l'Ukraine est en grande difficulté économique.
Par ailleurs, la Douma (chambre basse du Parlement russe) examine un projet de loi visant à simplifier l'attribution de la nationalité russe aux populations russophones, notamment en Ukraine et en Moldavie (Transnitrie), après l'absorption de la Crimée.
De son côté, le Congrès américain devait valider hier dans la nuit un plan d'aide à l'Ukraine doublé d'une série de sanctions contre la Russie.

Notes