Silvère Boucher-Lambert |
Alors que les Écossais décident ce jeudi
s’ils continuent d’unir leur destinée à la Grande-Bretagne, retour sur
leur dernière tentative d’arracher leur indépendance par les armes, il y
a 268 ans.
Nous sommes le 16 avril 1746. Moins d’un an plus tôt, l’héritier de la dynastie des Stuart, le prince Charles Edward – affectueusement surnommé Bonnie Prince Charlie – a mis le pied sur le sol écossais, après des années passées en exil en Europe. Il compte bien rendre le trône à son père, le «Vieux prétendant», Jacques François Stuart. Le discret petit canot sort de la brume et accoste en août 1745 sur les rives des eaux noires et mortes du détroit d’Arisaig. A son bord, le Prince et seulement sept fidèles.
De rudes gaillards du clan MacDonald, que l’on imagine volontiers hirsutes et musculeux, sont là pour accueillir celui qu’ils reconnaissent comme l’héritier légitime du trône d’Écosse.
Qui envoie des messagers à tous les clans, leur demandant de se rassembler dans la verte vallée de Glennfinnan. Le 19 août, la campagne résonne des sons lancinants des cornemuses. Les clans acclament leur prince qui a revêtu le tartan Stuart et entreprend, un brin théâtral, d’escalader, en compagnie de deux joueurs de bagpipe, la colline la plus proche pour y planter son étendard royal dans l’herbe grasse.
bonnieprincecarlie.jpgCharles lève ainsi une armée tout de kilt vêtue, et prend rapidement une Édimbourg sans réelle défense.
Quatre jours plus tard, l’armée hanovrienne envoyée pour mater la rébellion est laminée en cinq minutes par la terrifiante charges des 2000 Highlanders, sabre au clair, qui met en déroute les troupes inexpérimentées du général commandant les forces gouvernementales en Écosse, Sir John Cope.
Gonflée d’orgueil et de recrues, l’armée de Charles entreprend de marcher sur Londres avant de se raviser. L’hiver guette et mieux vaut se retirer en terrain ami, dans les Highlands, avec les armées hanovriennes à ses trousses.
Quelques mois plus tard, c’est le choc final à Culloden. Sous des trombes d’eau, sur un terrain devenu tourbière, 5000 Écossais se heurtent aux 8000 hommes du duc de Cumberland. Ces derniers sont très bien équipés, disciplinés, avec dans leur rangs des mercenaires allemands.La stratégie des Highlanders, quoique ne manquant pas de panache, est sommaire : provoquer l’ennemi en soulevant son kilt, charger à l’épée et à la hache en hurlant, puis s’abriter des contre-attaque de la cavalerie derrière les petits murets qui parsèment le champ de bataille. A cette faiblesse tactique s’ajoute un sens de la discipline toute écossaise, chaque chef de clan entendant mener ses hommes comme il l’entend.
Aussi, lorsque le clan Cameron, face aux canonnades, entreprend sur un coup de tête de charger, le reste de la troupe suit, sans aucune coordination. La bravoure ne fait pas tout, et les hommes du Nord tombent sur la lande nue, fauchés par la mitraille. Ou s’empalent sur les baïonnettes des « manteaux rouges ». La charge de la cavalerie anglaise débande définitivement l’armée jacobite, qui bat en retraite. Les dragons de «Cumberland le boucher» massacrent blessés et prisonniers. Premier acte d’une vague de répression sanglante en Écosse, qui fera des dizaines de milliers de victimes. Le système des clans vole bientôt en éclats tandis que le port du kilt est interdit en 1747.
Bonnie Prince Charlie a perdu. Près de la moitié de ses soldats sont morts, les mirages de restauration et d’indépendance de dissipent. Contraint de se déguiser en servante irlandaise, il se cache plusieurs mois jours dans l’ouest des Highlands et dans l’archipel des Hébrides. Avant que l’ennemi héréditaire de l’Angleterre, la France, n’arrive à l’exfiltrer en l’embarquant à bord de L’Heureux là même où il avait mis le pied sur le sol écossais un an et cinquante-six jours plus tôt…
Nous sommes le 16 avril 1746. Moins d’un an plus tôt, l’héritier de la dynastie des Stuart, le prince Charles Edward – affectueusement surnommé Bonnie Prince Charlie – a mis le pied sur le sol écossais, après des années passées en exil en Europe. Il compte bien rendre le trône à son père, le «Vieux prétendant», Jacques François Stuart. Le discret petit canot sort de la brume et accoste en août 1745 sur les rives des eaux noires et mortes du détroit d’Arisaig. A son bord, le Prince et seulement sept fidèles.
De rudes gaillards du clan MacDonald, que l’on imagine volontiers hirsutes et musculeux, sont là pour accueillir celui qu’ils reconnaissent comme l’héritier légitime du trône d’Écosse.
Qui envoie des messagers à tous les clans, leur demandant de se rassembler dans la verte vallée de Glennfinnan. Le 19 août, la campagne résonne des sons lancinants des cornemuses. Les clans acclament leur prince qui a revêtu le tartan Stuart et entreprend, un brin théâtral, d’escalader, en compagnie de deux joueurs de bagpipe, la colline la plus proche pour y planter son étendard royal dans l’herbe grasse.
bonnieprincecarlie.jpgCharles lève ainsi une armée tout de kilt vêtue, et prend rapidement une Édimbourg sans réelle défense.
Quatre jours plus tard, l’armée hanovrienne envoyée pour mater la rébellion est laminée en cinq minutes par la terrifiante charges des 2000 Highlanders, sabre au clair, qui met en déroute les troupes inexpérimentées du général commandant les forces gouvernementales en Écosse, Sir John Cope.
Gonflée d’orgueil et de recrues, l’armée de Charles entreprend de marcher sur Londres avant de se raviser. L’hiver guette et mieux vaut se retirer en terrain ami, dans les Highlands, avec les armées hanovriennes à ses trousses.
Quelques mois plus tard, c’est le choc final à Culloden. Sous des trombes d’eau, sur un terrain devenu tourbière, 5000 Écossais se heurtent aux 8000 hommes du duc de Cumberland. Ces derniers sont très bien équipés, disciplinés, avec dans leur rangs des mercenaires allemands.La stratégie des Highlanders, quoique ne manquant pas de panache, est sommaire : provoquer l’ennemi en soulevant son kilt, charger à l’épée et à la hache en hurlant, puis s’abriter des contre-attaque de la cavalerie derrière les petits murets qui parsèment le champ de bataille. A cette faiblesse tactique s’ajoute un sens de la discipline toute écossaise, chaque chef de clan entendant mener ses hommes comme il l’entend.
Aussi, lorsque le clan Cameron, face aux canonnades, entreprend sur un coup de tête de charger, le reste de la troupe suit, sans aucune coordination. La bravoure ne fait pas tout, et les hommes du Nord tombent sur la lande nue, fauchés par la mitraille. Ou s’empalent sur les baïonnettes des « manteaux rouges ». La charge de la cavalerie anglaise débande définitivement l’armée jacobite, qui bat en retraite. Les dragons de «Cumberland le boucher» massacrent blessés et prisonniers. Premier acte d’une vague de répression sanglante en Écosse, qui fera des dizaines de milliers de victimes. Le système des clans vole bientôt en éclats tandis que le port du kilt est interdit en 1747.
Bonnie Prince Charlie a perdu. Près de la moitié de ses soldats sont morts, les mirages de restauration et d’indépendance de dissipent. Contraint de se déguiser en servante irlandaise, il se cache plusieurs mois jours dans l’ouest des Highlands et dans l’archipel des Hébrides. Avant que l’ennemi héréditaire de l’Angleterre, la France, n’arrive à l’exfiltrer en l’embarquant à bord de L’Heureux là même où il avait mis le pied sur le sol écossais un an et cinquante-six jours plus tôt…
Notes: |
Crédits photos : Exil du prince Charles Edward Stuart - © Mary Evans/Rue des Archives Gravure de la bataille de Culloden © Mary Evans/Rue des Archives Portrait de Bonnie Prince Charlie - ©The Granger Collection NYC/Rue des Archives |
Source: |
Le Figaro