Philippe Bilger |
Pourquoi la gauche déteste-t-elle à ce point
l'idée du mérite qu'elle a supprimé les bourses au mérite versées aux
bacheliers titulaires d'une mention très bien (Le Monde) ?
Il est intéressant de constater que le gouvernement "a décidé de basculer les 39 millions d'euros que représente la bourse au mérite dans le budget des aides sociales à tous les étudiants".
Derrière cette apparence généreuse et cette généralité sociale - "pour que de plus en plus de jeunes issus de milieux défavorisés poursuivent leurs études" selon Geneviève Fioraso secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur -, il me semble bien qu'il y a autre chose qui renvoie sans doute à l'extrême difficulté pour les socialistes à admettre l'inégalité naturelle des talents et des dons de peur que leur conception dogmatique de l'égalité vole en éclats.
C'est d'autant plus surprenant en l'occurrence que cette bourse au mérite a été créée sous le gouvernement de Lionel Jospin et que le tempérament de ce Premier ministre associé à une période de moindre pénurie a favorisé cette heureuse inspiration.
Une circulaire du 24 juillet 2014 a concrétisé l'annonce de l'abolition faite en 2013.
Pourquoi faut-il que la gauche arbitre entre l'excellence et l'égalité, toujours au détriment de la première ?
Il est tout à fait possible que la bourse au mérite n'ait pas eu l'effet amplificateur qu'on aurait pu en attendre. Et alors ?
Ces mentions très bien étaient-elles en elles-mêmes moins remarquables parce qu'elles n'avaient pas été suivies d'une multitude d'appréciations de ce type ? Aurait-il été choquant de se battre pour trouver les moyens, à la fois d'élargir les aides sociales aux étudiants et de maintenir cette prime à la réussite ? Qu'y a-t-il donc de si répulsif dans le fait que notre société, pour sa jeunesse en devenir comme pour les adultes qui la servent ou la dirigent, est structurée par des hiérarchies qui ne deviendraient scandaleuses que si la compétence, l'intelligence et le savoir ne les avaient pas légitimées ? Convient-il, avec une sorte d'obsession, de noyer les honorables supériorités dans une sorte d'immense bain social laissant croire qu'il n'y a jamais de mérites personnels, que l'être compte peu et qu'il doit tout à son terreau ?
La conséquence de cette perversion est que certains conseils généraux vont prendre la relève de l'Etat en se substituant à sa honteuse défaillance sur ce plan. Pour sauver le principe même de "méritocratie républicaine", des personnalités de droite ont engagé cette démarche qui continue de concilier l'honneur dû à des parcours singuliers et le souci de tous.
Si j'étais socialiste, je ne serais pas fier.
Il est intéressant de constater que le gouvernement "a décidé de basculer les 39 millions d'euros que représente la bourse au mérite dans le budget des aides sociales à tous les étudiants".
Derrière cette apparence généreuse et cette généralité sociale - "pour que de plus en plus de jeunes issus de milieux défavorisés poursuivent leurs études" selon Geneviève Fioraso secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur -, il me semble bien qu'il y a autre chose qui renvoie sans doute à l'extrême difficulté pour les socialistes à admettre l'inégalité naturelle des talents et des dons de peur que leur conception dogmatique de l'égalité vole en éclats.
C'est d'autant plus surprenant en l'occurrence que cette bourse au mérite a été créée sous le gouvernement de Lionel Jospin et que le tempérament de ce Premier ministre associé à une période de moindre pénurie a favorisé cette heureuse inspiration.
Une circulaire du 24 juillet 2014 a concrétisé l'annonce de l'abolition faite en 2013.
Pourquoi faut-il que la gauche arbitre entre l'excellence et l'égalité, toujours au détriment de la première ?
Il est tout à fait possible que la bourse au mérite n'ait pas eu l'effet amplificateur qu'on aurait pu en attendre. Et alors ?
Ces mentions très bien étaient-elles en elles-mêmes moins remarquables parce qu'elles n'avaient pas été suivies d'une multitude d'appréciations de ce type ? Aurait-il été choquant de se battre pour trouver les moyens, à la fois d'élargir les aides sociales aux étudiants et de maintenir cette prime à la réussite ? Qu'y a-t-il donc de si répulsif dans le fait que notre société, pour sa jeunesse en devenir comme pour les adultes qui la servent ou la dirigent, est structurée par des hiérarchies qui ne deviendraient scandaleuses que si la compétence, l'intelligence et le savoir ne les avaient pas légitimées ? Convient-il, avec une sorte d'obsession, de noyer les honorables supériorités dans une sorte d'immense bain social laissant croire qu'il n'y a jamais de mérites personnels, que l'être compte peu et qu'il doit tout à son terreau ?
La conséquence de cette perversion est que certains conseils généraux vont prendre la relève de l'Etat en se substituant à sa honteuse défaillance sur ce plan. Pour sauver le principe même de "méritocratie républicaine", des personnalités de droite ont engagé cette démarche qui continue de concilier l'honneur dû à des parcours singuliers et le souci de tous.
Si j'étais socialiste, je ne serais pas fier.
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Le blog de Philippe Bilger