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mercredi 17 septembre 2014

L'OCDE au secours de François Hollande

Marc Vignaud
 
Après l'infléchissement du discours de Mario Draghi, l'OCDE apporte elle aussi de l'eau au moulin de la France en Europe. Un soutien bienvenu.
Chateau


Alors que Manuel Valls s'apprête à requérir la confiance de sa majorité, mardi, à l'Assemblée nationale, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tire la sonnette d'alarme sur les perspectives d'activité dans la zone euro. "Il y a une divergence de plus en plus importante entre les grandes économies. La reprise aux États-Unis est solide, la croissance est sur sa tendance au Japon et en Chine. (...) Par contraste, la croissance dans la zone euro semble partie pour rester morose à court terme. (...) Sa faiblesse prolongée de la croissance dans la zone euro est l'aspect le plus inquiétant des projections", écrit l'institution, qui évalue les politiques de ses 34 membres, à l'occasion de la publication de ses dernières prévisions économiques. Un jugement qui devrait renforcer la position de la France dans le débat européen, elle qui plaide pour la reconnaissance de "circonstances exceptionnelles" dans l'espoir de valider sa stratégie de laisser dériver son déficit public.

Le gouvernement français pourra aussi faire valoir qu'il n'est pas le seul à n'avoir pas su anticiper l'affaiblissement de la reprise européenne, après la croissance négative (- 0,4 %) enregistré l'année dernière. L'OCDE a, elle aussi, révisé significativement à la baisse ses prédictions de mai. En 2014, l'économie des pays utilisant la monnaie unique devrait progresser de seulement 0,8 % contre une précédente estimation de 1,2 %. En 2015, la croissance serait à peine plus dynamique, à 1,1 % (contre 1,7 % attendu). Et les nouvelles prévisions de l'organisation internationale pour l'Hexagone sont désormais parfaitement en ligne avec les hypothèses de croissance retenues par Paris : 0,4 % pour cette année, 1 % pour l'année prochaine.

La BCE appelée à en faire plus

Mieux, l'OCDE conforte la France dans son appel à de nouvelles mesures exceptionnelles de la Banque centrale européenne pour combattre l'atonie des prix. Pour l'OCDE, une inflation plus élevée faciliterait le rééquilibrage de la compétitivité entre les pays du Nord et du Sud sans nécessairement en passer par une période trop longue de chômage massif et de croissance faible. Son faible niveau menacerait, au contraire, de faire tomber la zone euro en déflation, ce qui rendrait le désendettement - public et privé - encore plus difficile. C'est pourquoi le chef économiste de l'organisation, Rintaro Tamaki, a appelé la BCE à aller encore plus loin dans ses mesures exceptionnelles pour soutenir l'activité, y compris des rachats de dettes publiques : "Les perceptions selon lesquelles les mesures des politiques monétaires sont toujours trop limitées et en retard doivent être changées."

L'OCDE soutient aussi la France dans sa volonté d'utiliser toutes les marges du pacte de stabilité et de croissance et de ne pas poursuivre à tout prix la réduction du déficit public vers 3 % d'ici à la fin de l'année prochaine. "Les dettes publiques restent très lourdes dans la plupart des économies avancées, mais des progrès considérables ont été faits dans la consolidation budgétaire. Étant donné la faiblesse de la demande, la flexibilité incluse dans les règles européennes devrait être utilisée pour soutenir la croissance", écrivent les experts de l'OCDE. Cela ne veut pas dire pour autant que des efforts pour réduire le déficit ne sont pas nécessaires. L'OCDE appelle à poursuivre les efforts, mais à un rythme adapté. Exactement la ligne du gouvernement Valls, à condition qu'il tienne ses engagements de réduction des dépenses et ne recule pas sur les réformes annoncées. 
 
Source:

Le Point