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vendredi 19 septembre 2014

Kiev veut des chars pour instaurer la paix en Ukraine



 Nina Antakolskaïa
 
La trêve en Ukraine s’est retrouvée menacée. Le président du pays Petr Porochenko appelle les États-Unis à fournir à l’Ukraine une assistance militaire, et notamment par le biais des armes létales et non létales.
Chateau


« On ne peut pas gagner la guerre avec des couvertures », a déclaré le président Porochenko en s’exprimant devant le Congrès des Etats-Unis.

Porochenko ne cachait pas qu’il avait traversé l’océan pour demander aux Etats-Unis une aide politique, financière et militaire. Son discours était ardent, dans les meilleures traditions de l’administration américaine. Selon Porochenko, « les Ukrainiens mènent aujourd’hui une guerre du monde libre au nom du monde libre. Et ce n'est pas seulement une guerre ukrainienne. C’est aussi une guerre de l’Europe et des Etats-Unis ». Par conséquent, les États-Unis doivent aider l'Ukraine. Et non pas avec des couvertures ou des lunettes de vision de nuit, comme c’était le cas auparavant, mais avec de l'équipement lourd, des armes antichars, des armes légères, des drones et des moyens de liaison. Sans cela, les forces de l’ordre ukrainiennes ne pourront pas gagner cette guerre, a souligné Porochenko, se reprenant tout de suite après et ajoutant que l'objectif de l’Ukraine, ce n’est pas gagner la guerre, mais maintenir la paix.

Le discours du président ukrainien a valu une ovation debout au Congrès des Etats-Unis. Rien d’autre. On a promis de l’aider, débloquant des fonds pour les besoins humanitaires et le renforcement des frontières extérieures de l’Ukraine, mais sans lui donner des chars. Quant à la demande de l’Ukraine de devenir un membre de l’OTAN à statut spécial, Barack Obama l’a refusée. Cela n’a toutefois pas fait perdre à Porochenko son ardeur.

« Les déclarations de Porochenko ont un caractère militariste », analyse le directeur du Centre d’analyse politique Pavel Daniline. « Malgré le fait que Porochenko n’a pas obtenu l’armement lourd de la part des États-Unis, cela montre clairement que le président ukrainien envisage un scénario de force pour résoudre les différends avec les régions de Lougansk et Donetsk, qui composent la Novorossia (Nouvelle Russie). Les pourparlers diplomatiques ne sont donc pas envisagés ».

Le 5 septembre, les autorités de Kiev et les membres de la milice populaire à l’Est de l’Ukraine ont convenu d’un plan de paix, proposé par Moscou et ont décidé d’une trêve. Et même si des tirs continuent des deux côtés, il y a encore des chances que la trêve puisse évoluer en un processus de paix. Mais à condition que Kiev respecte ses promesses.

À première vue, il semblerait que le processus de paix est sur la bonne voie. Le 16 septembre, la Verkhovna Rada (parlement ukrainien) a adopté à huis clos la loi sur les pouvoirs spéciaux, dont seront dotées des autorités locales dans certaines régions à l’Est de l’Ukraine et les mesures de reconstruction de l’infrastructure dans un certain nombre de zones de Donbass. C’était l'une des principales conditions de l'accord sur le cessez-le-feu. Cependant, les déclarations et les actions des hommes politiques de Kiev laissent supposer que les documents adoptés par la Verkhovna Rada ukrainienne ne sont qu’un voile, derrière lequel il y a un refus catégorique de Kiev de négocier avec Donetsk et Lougansk. Le président du parlement ukrainien Alexandre Tourtchinov a appelé à utiliser chaque jour de la trêve « pour renforcer les troupes, et non pas pour mener des batailles politiques ». C'est, en effet ce fait actuellement le président ukrainien.

Jeudi, Porochenko a nommé Guennadi Moskal, l’ancien membre des forces de l’ordre ukrainienes à la tête de la région de Lougansk. Cette candidature n’était évidemment pas accordée avec les dirigeants autoproclamés du Sud-est. Porochenko n'a même pas attendu pour le début du dialogue direct entre Kiev et Donbass.

« Peu importe qui a été nommé à la tête de la région de Lougansk, car des personnes tout à fait différentes la dirigent réellement », souligne Pavel Daniline. « Et ces dirigeants ne laisseront pas s’approcher d’eux des représentants de Kiev. Il faut le comprendre, et s’y faire. Mais à Kiev, on n’arrive pas à ce faire à cette idée. Alors que c’est l’un des problèmes principaux ».

En attendant, les unités militaires ukrainiennes, déployées dans l’Est du pays, reçoivent du renfort. Selon le représentant du Conseil de sécurité nationale et de défense d'Ukraine Andreï Lyssenko, ce sont les militaires de la troisième vague de mobilisation qui sont actuellement envoyés à Donbass. Ils arrivent dans la région avec l’armement et l’équipement militaire tout neuf. Ces troupes attendent que Kiev leur donne des commandes.
 
Source:

La Voix de la Russie