Olivier Ravanello |
C’était ce lundi à Paris qu'avait lieu la
conférence sur l’Irak. C’est à Bagdad que le président français est allé
vendredi, premier chef d’État à faire ce voyage. C’est à Erbil que la
France a envoyé des armes en août, poussant les autres pays européens
qui dormaient tranquilles au soleil à faire de même. Soyons lucides. La
France est en première ligne dans une opération où il n’y a que des
mauvais coups à prendre.
Mais que va-t-on faire dans cette galère ? On m’accusera de cynisme, d’insensibilité aux malheurs des Irakiens, mais prenons le problème différemment. Quels sont les arguments donnés jusqu’à présent pour justifier que la France bombarde aux côtés des États-Unis en Irak, plus de 20 ans après l’opération Daguet ? Le pire serait de laisser penser que c’est pour venir en aide aux chrétiens d’Orient. Depuis François 1er, la France veille plus particulièrement sur eux, avec ce que l’on appelle des "capitulations". Certes. Qu’il faille aider ces hommes et femmes confrontés à la barbarie, oui. Envoyer de l’aide humanitaire, délivrer des visas dans les situations extrêmes, oui. Mais donner l’impression que l’Europe chrétienne et les États-Unis néo-chrétiens vont en Irak et en Syrie aider leurs frères chrétiens serait catastrophique. On répondrait à la folie religieuse par une croisade modernisée. Effet boomerang assuré.
Aider militairement les USA ? Si vous entendez quelqu’un dire ça, tournez le bouton. Ce n’est pas sérieux. Ce ne sont pas les quelques chasseurs Rafale français qui auront du mal à se ravitailler en vol qui vont changer la face de la guerre. Côté matériel, Barack Obama a ce qu’il faut. Les Américains n’ont jamais manqué ! Sans compter que l’on prédit une guerre qui va durer 3 ans et je ne suis pas sûr que la France ait les moyens financiers de faire sortir des avions Rafale, de faire le plein et l’entretien pendant aussi longtemps. L’implication française est politique. Elle a permis d’entrainer beaucoup de pays de l’alliance qui n’auraient pas voulu être à la traîne des USA. Nous rendons un fier service à Obama, qui lui non plus ne voulait pas y aller seul en donnant l’impression que les Américains étaient de retour en Irak comme à l’époque de Bush Jr. Il pourra nous dire merci Barack. Parce que cette opération, la France prend aussi le risque de la payer chère.
Mille Français sont partis faire le djihad. 180 sont rentrés en France après des mois passés dans cette folie collective où la vie des autres n’a aucun sens. Des gamins endoctrinés et marqués au fer par la haine. C’est à présent que la menace va exploser. En s’impliquant directement, la France va basculer dans le camp de ceux qui tirent directement sur l’État islamique. Le camp de l’ennemi. Pas de l’allié qui donne de l’argent ou des armes. Non. Celui qui fait la guerre et à qui ils rendront coup pour coup. En frappant chez nous, pour faire mal. Par des attentats. Espérons que ces phrases ne soient que du pessimisme exagéré. Espérons aussi que nos services de renseignements intérieurs déjoueront encore d’autres attentats, comme ils l’ont déjà fait ces derniers mois dans le plus grand secret. Oui, espérons...
Mais que va-t-on faire dans cette galère ? On m’accusera de cynisme, d’insensibilité aux malheurs des Irakiens, mais prenons le problème différemment. Quels sont les arguments donnés jusqu’à présent pour justifier que la France bombarde aux côtés des États-Unis en Irak, plus de 20 ans après l’opération Daguet ? Le pire serait de laisser penser que c’est pour venir en aide aux chrétiens d’Orient. Depuis François 1er, la France veille plus particulièrement sur eux, avec ce que l’on appelle des "capitulations". Certes. Qu’il faille aider ces hommes et femmes confrontés à la barbarie, oui. Envoyer de l’aide humanitaire, délivrer des visas dans les situations extrêmes, oui. Mais donner l’impression que l’Europe chrétienne et les États-Unis néo-chrétiens vont en Irak et en Syrie aider leurs frères chrétiens serait catastrophique. On répondrait à la folie religieuse par une croisade modernisée. Effet boomerang assuré.
Aider militairement les USA ? Si vous entendez quelqu’un dire ça, tournez le bouton. Ce n’est pas sérieux. Ce ne sont pas les quelques chasseurs Rafale français qui auront du mal à se ravitailler en vol qui vont changer la face de la guerre. Côté matériel, Barack Obama a ce qu’il faut. Les Américains n’ont jamais manqué ! Sans compter que l’on prédit une guerre qui va durer 3 ans et je ne suis pas sûr que la France ait les moyens financiers de faire sortir des avions Rafale, de faire le plein et l’entretien pendant aussi longtemps. L’implication française est politique. Elle a permis d’entrainer beaucoup de pays de l’alliance qui n’auraient pas voulu être à la traîne des USA. Nous rendons un fier service à Obama, qui lui non plus ne voulait pas y aller seul en donnant l’impression que les Américains étaient de retour en Irak comme à l’époque de Bush Jr. Il pourra nous dire merci Barack. Parce que cette opération, la France prend aussi le risque de la payer chère.
Mille Français sont partis faire le djihad. 180 sont rentrés en France après des mois passés dans cette folie collective où la vie des autres n’a aucun sens. Des gamins endoctrinés et marqués au fer par la haine. C’est à présent que la menace va exploser. En s’impliquant directement, la France va basculer dans le camp de ceux qui tirent directement sur l’État islamique. Le camp de l’ennemi. Pas de l’allié qui donne de l’argent ou des armes. Non. Celui qui fait la guerre et à qui ils rendront coup pour coup. En frappant chez nous, pour faire mal. Par des attentats. Espérons que ces phrases ne soient que du pessimisme exagéré. Espérons aussi que nos services de renseignements intérieurs déjoueront encore d’autres attentats, comme ils l’ont déjà fait ces derniers mois dans le plus grand secret. Oui, espérons...
Source: |
Le Monde selon Ravanello