Julien Bayou et Thomas Watanabe-Vermorel
L'Assemblée nationale a adopté, ce jeudi, le
projet de loi antiterroriste. Ce texte offre aux extrémistes et aux
terroristes ce que les bombes et les prises d’otages n’ont pu obtenir :
un recul franc et net de la démocratie et de ses valeurs.
A Monsieur Cazeneuve
Monsieur,
La loi dite antiterroriste que vous venez de faire passer à l’Assemblée nationale est une défaite pour la démocratie et une victoire pour le terrorisme. En amputant vos concitoyens de plusieurs de leurs libertés fondamentales, vous offrez aux extrémistes et aux terroristes ce que les bombes et les prises d’otages n’ont pu obtenir : un recul franc et net de la démocratie et de ses valeurs.
Antidémocratique, votre loi l’est sur le fond : avec l’interdiction de sortir du territoire sur simple suspicion policière, vous créez un crime d’intention. En facilitant le blocage des sites Internet sans contrôle judiciaire, vous mettez en place le délit d’opinion. Enfin, votre concept d’entreprise terroriste individuelle est une absurdité totalitaire digne de la police de la pensée de George Orwell. Cela revient à être une bande à soi tout seul. C’est de la pure Novlangue qui sert à déformer le langage pour mieux faire reculer le droit commun.
Vous nommez antiterroriste une loi aux multiples implications dont de nombreux experts s’accordent à dire qu’elle sera inefficace ou redondante avec les dispositions existantes. Votre loi contient notamment des articles concernant le contrôle des mouvements contestataires radicaux, permettant de se passer de l’autorisation d’un juge pour déchiffrer des données ou permettre certaines perquisitions informatiques ou encore à prolonger la durée de conservation des écoutes administratives. Ce n’est pourtant pas l’absence de lois répressives qui engendre le terrorisme ou l’action radicale. Avec ces mesures, on sape la démocratie au motif de la défendre. On muselle le peuple plutôt qu’on ne l’écoute
Sur la forme, également, la manière dont vous avez présenté votre projet de loi en dit long sur votre conception du débat démocratique. En choisissant la procédure d’urgence la même semaine que le vote de confiance du nouveau gouvernement, vous esquivez tout débat politique, toute contradiction publique. Aux questions de faisabilité technique, de conformité au droit, vous opposez un navrant «c’est une question de volonté politique» en guise de seul argument. Pourquoi craindre le débat serein, constructif, argumenté et posé que ces questions de sécurité méritent ?
Nous ne pouvons que constater que la mandature socialiste prolonge et amplifie la politique liberticide de la mandature UMP qu’il contestait dans l’opposition… Et nous craignons que le Front national, s’il parvient aux responsabilités, s’accommode parfaitement de la situation et en profite pour finir de ruiner notre état de droit. Aussi nous en appelons aux citoyens tant qu’il nous est encore loisible de contester les décisions du gouvernement sans être traités comme des terroristes : élevons-nous contre ces décisions, battons-nous pour nos droits. Et rappelons-nous cette citation de Benjamin Franklin: «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»
A Monsieur Cazeneuve
Monsieur,
La loi dite antiterroriste que vous venez de faire passer à l’Assemblée nationale est une défaite pour la démocratie et une victoire pour le terrorisme. En amputant vos concitoyens de plusieurs de leurs libertés fondamentales, vous offrez aux extrémistes et aux terroristes ce que les bombes et les prises d’otages n’ont pu obtenir : un recul franc et net de la démocratie et de ses valeurs.
Antidémocratique, votre loi l’est sur le fond : avec l’interdiction de sortir du territoire sur simple suspicion policière, vous créez un crime d’intention. En facilitant le blocage des sites Internet sans contrôle judiciaire, vous mettez en place le délit d’opinion. Enfin, votre concept d’entreprise terroriste individuelle est une absurdité totalitaire digne de la police de la pensée de George Orwell. Cela revient à être une bande à soi tout seul. C’est de la pure Novlangue qui sert à déformer le langage pour mieux faire reculer le droit commun.
Vous nommez antiterroriste une loi aux multiples implications dont de nombreux experts s’accordent à dire qu’elle sera inefficace ou redondante avec les dispositions existantes. Votre loi contient notamment des articles concernant le contrôle des mouvements contestataires radicaux, permettant de se passer de l’autorisation d’un juge pour déchiffrer des données ou permettre certaines perquisitions informatiques ou encore à prolonger la durée de conservation des écoutes administratives. Ce n’est pourtant pas l’absence de lois répressives qui engendre le terrorisme ou l’action radicale. Avec ces mesures, on sape la démocratie au motif de la défendre. On muselle le peuple plutôt qu’on ne l’écoute
Sur la forme, également, la manière dont vous avez présenté votre projet de loi en dit long sur votre conception du débat démocratique. En choisissant la procédure d’urgence la même semaine que le vote de confiance du nouveau gouvernement, vous esquivez tout débat politique, toute contradiction publique. Aux questions de faisabilité technique, de conformité au droit, vous opposez un navrant «c’est une question de volonté politique» en guise de seul argument. Pourquoi craindre le débat serein, constructif, argumenté et posé que ces questions de sécurité méritent ?
Nous ne pouvons que constater que la mandature socialiste prolonge et amplifie la politique liberticide de la mandature UMP qu’il contestait dans l’opposition… Et nous craignons que le Front national, s’il parvient aux responsabilités, s’accommode parfaitement de la situation et en profite pour finir de ruiner notre état de droit. Aussi nous en appelons aux citoyens tant qu’il nous est encore loisible de contester les décisions du gouvernement sans être traités comme des terroristes : élevons-nous contre ces décisions, battons-nous pour nos droits. Et rappelons-nous cette citation de Benjamin Franklin: «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.»
Notes: |
Julien BAYOU est porte parole EELV, conseiller régional d’île-de-France et Thomas Watanabe-Vermorel est Porte-parole du Parti Pirate. |
Source: |