Sur les bancs du public, toutes les générations communient. [...] "Un militaire qui ne connaît pas Jean-Pax Méfret, ça n'existe pas",
s'enthousiasme Marc, un adjudant-chef de 54 ans basé à Versailles. Avec
son survêtement Adidas, il détonne parmi les spectateurs BCBG, venus
applaudir leur Johnny à eux. Mais la popularité du chanteur est aussi vivace que sa notoriété est faible en dehors des cercles d'initiés. "Il y a 36 ans, un copain m'a refilé une cassette. C'est comme cela que je l'ai découvert", raconte Marc. [...] Aujourd'hui, il est toujours impossible d'acheter ses albums sur le site de la Fnac. Mais
Facebook ou YouTube ont permis au chanteur d'acquérir une meilleure
visibilité. Et de remplir les salles. A Versailles, comme au Casino de
Paris en janvier 2018 ou à l'Olympia en 2012, l'ancien journaliste de Minute, de L'Aurore et du Figaro Magazine joue à guichets fermés.
"Ça me surprend que ce soit complet, confie-t-il à L'Express. On ne
peut pas dire que je fasse la Une des médias et que mes chansons soient
matraquées à la radio. C'est grâce aux réseaux sociaux." A son réseau
personnel aussi. Son concert au Casino de Paris a réuni le gratin de la
droite, d'Eric Zemmour à Alain Madelin en passant par Anne Méaux,
l'ancienne communicante de François Fillon, ou Gérard Longuet. A
Versailles, c'est l'ancien président du CSA Michel Boyon qui a fait le
déplacement pour la première représentation du samedi soir.
[...] "Moi, c'est un prof d'histoire de
mon lycée qui me l'a fait découvrir. Et pourtant, c'était dans un lycée
privé sous contrat !", s'amuse cet ancien scout, devenu militaire.
Impossible d'en savoir plus sur lui. "Je suis tenu à un devoir de
réserve. J'ai des camarades qui ont eu des soucis pour avoir écrit des
choses dans le sens de Jean-Pax." Il ne s'agirait donc pas que de
musique ? "Il est politiquement marqué, répond le fan. Mais le
spectre de son public est large, de l'UMP au FN voire pire." L'union des
droites, certains y travaillent. D'autres la réalisent en chantant.
Un artiste politique ? Jean-Pax Méfret
déteste cette étiquette. Certes, il a chanté une fois en 1981 à la fête
Bleu-Blanc-Rouge du FN, mais "la politique me fait chier", assure-t-il.
Il n'a voté qu'une seule fois. C'était en 1969 pour dire non au
référendum du général de Gaulle. "Evidemment, j'ai des positions, mais
je ne suis pas un idéologue", poursuit celui qui revendique même un
"côté libertaire, à la Audiard". "Au pays des idées toutes faites, il y a des snipers embusqués qui te flinguent à coups d'étiquettes", commence l'une de ses chansons. La suite: "Ils
sont prêts à rebondir sur le moindre mot suspect. Même l'Histoire de
France est passée au tamis. Il faut crier repentance pour pas être mis
au tapis." Presque une profession de foi du méfrétisme. En tous les cas, un ciment de convictions partagées par ses adeptes.
Au fil des chansons, la fièvre patriotique monte. Après Le Vieux soldat,
le clairon sonne. La salle se met debout. Presque au garde à vous. Puis
hue lorsque le chanteur entonne : "Aujourd'hui, tout le monde s'en fout
de Dien Bien Phu. Mais nous, nous sommes fiers de vous." Lorsqu'il
chante en hommage aux "martyrs vendéens", un homme se dresse et brandit
un drapeau blanc frappé d'un coeur vendéen et de fleurs de lys. Un "vive
le roi" fuse. [...]"