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dimanche 24 juin 2018

Le diaconat permanent, alternative au sacerdoce catholique ?

 
Renaissance Catholique
 
 
Les diacres per­ma­nents sont 2650 en France 1. Leur nombre a crû régu­liè­re­ment depuis que le pre­mier d’entre eux fut ordon­né, en 1970. Dans le même temps le nombre de prêtres n’a ces­sé de dimi­nuer : ils sont aujourd’hui 15 000. Ils seront 10 000 dans dix ans. Il y a là un effet de ciseau qui mérite atten­tion sur ce qu’un confrère reli­gieux appel­le­rait un O.C.N.I., « objet cano­ni­que­ment non iden­ti­fié ». Pré­sents dans bien des paroisses, ces diacres célèbrent des mariages, des bap­têmes, assurent quelques pré­di­ca­tions domi­ni­cales et par­ti­cipent aux divers conseils et acti­vi­tés cha­ri­tables locales. Diaconat permanent substitution au sacerdoceIl est cer­tain que la grande majo­ri­té de ces diacres per­ma­nents font preuve de géné­ro­si­té, de zèle, et leurs épouses, accep­tant que leurs maris embrassent une telle res­pon­sa­bi­li­té, sont aus­si bien édi­fiantes. Pour autant, il nous semble que ce « dia­co­nat per­ma­nent », dans son prin­cipe, plus encore que dans ceux qui l’embrassent, est assez cri­ti­quable.

Un peu d’histoire

Avant toute chose, le terme même de « dia­co­nat per­ma­nent » est mal adap­té. Le sacre­ment de l’Ordre est, en effet, un sacre­ment à carac­tère, comme le bap­tême et la confir­ma­tion ; impri­mant un sceau dans l’âme, il éta­blit cette der­nière en un état inamis­sible et ne peut être réité­ré. Or, le dia­co­nat est un des degrés de ce sacre­ment 2, le rece­voir, c’est rece­voir un carac­tère indé­lé­bile dans l’âme, en même temps que l’on est éta­bli dans un « état dia­co­nal » pour l’éternité. Donc, le dia­co­nat est for­cé­ment per­ma­nent. En revanche, l’histoire nous montre que, dans un pre­mier temps, la fonc­tion dia­co­nale a pu s’exercer exclu­si­ve­ment et de manière per­ma­nente, c’est-à-dire sans que la récep­tion du dia­co­nat soit une simple étape préa­lable à la récep­tion du sacer­doce minis­té­riel.
Le récent concile Vati­can II s’est pen­ché sur cette ques­tion du dia­co­nat essen­tiel­le­ment à la suite des tra­vaux du « théo­lo­gien » alle­mand Karl Rah­ner. Il ne s’agissait pas d’en pré­ci­ser éven­tuel­le­ment la nature théo­lo­gique – le concile de Trente et les théo­lo­giens clas­siques l’avaient fait de manière très satis­fai­sante depuis long­temps –, cela ne cor­res­pon­dait d’ailleurs pas aux visées « pas­to­rales » de cette assem­blée. Non ! La ques­tion du dia­co­nat fut abor­dée pour deux rai­sons prin­ci­pales : une, évi­dente, liée à la crise du cler­gé et des voca­tions, et, l’autre, moins clai­re­ment affir­mée, plus subrep­tice, mais bien pré­sente : la pos­si­bi­li­té d’envisager un dia­co­nat confé­ré à des hommes mariés, pre­mière étape en vue de sol­li­ci­ter l’abrogation du céli­bat sacer­do­tal.
La dia­co­nie, c’est-à-dire le ser­vice concret 3 de la cha­ri­té de la com­mu­nau­té, trouve son ori­gine dès les Actes des Apôtres : « Les Apôtres pour res­ter fidèles au ser­vice de la Prière et de la Parole choi­sissent sept hommes esti­més de tous, rem­plis d’Esprit Saint et de sagesse pour les­quels ils prient et sur les­quels ils imposent les mains pour qu’ils assurent d’une manière équi­table le ser­vice des tables » (Ac. VI, 1–6). Les diacres sont donc éta­blis par les Apôtres, afin que ces der­niers, qui jusqu’alors exer­çaient par eux-mêmes ce ser­vice, puissent se concen­trer sur la tâche plus digne que consti­tue le culte.
Cette proxi­mi­té ori­gi­nelle entre les Apôtres – et leurs suc­ces­seurs – et les diacres fera de ces der­niers les col­la­bo­ra­teurs natu­rels des évêques et de leur pres­by­te­rium 4 en par­ti­cu­lier dans l’administration tem­po­relle de l’Église nais­sante. Mais l’Église est ordon­née au bien des âmes, à cause de Dieu, qui est la source et la fin de toute Cha­ri­té sur­na­tu­relle. Le temps, l’évolution orga­nique de la pra­tique sacra­men­telle de l’Église, au moins latine, fini­ront par éta­blir le dia­co­nat comme une simple étape avant la récep­tion du sacer­doce : confi­gu­ré au Christ-Tête, le can­di­dat au sacer­doce est préa­la­ble­ment confi­gu­ré au Christ-Ser­vi­teur.

Le récent concile

Le 30 octobre 1963, à l’occasion de la dis­cus­sion du sché­ma sur l’Église, qui devien­dra la consti­tu­tion dog­ma­tique Lumen Gen­tium, le car­di­nal Sue­nens, pri­mat de Bel­gique et l’une des têtes de ce que l’on a appe­lé « l’axe rhé­nan » (les évêques fran­çais, alle­mands, ceux du Béné­lux), prend la parole dans l’aula conci­liaire pour deman­der l’instauration d’un dia­co­nat per­ma­nent.
Dès le départ, il pré­sente cette idée comme la résur­rec­tion d’un ordre qui aurait dis­pa­ru : à plu­sieurs reprises, il pré­tend qu’il s’agit de « res­tau­rer le dia­co­nat », de « res­tau­ra­tion de cet ordre sacré », etc.
Fina­le­ment, après bien des dis­cus­sions, en sep­tembre 1964, le para­graphe sui­vant est mis aux voix, et adop­té 5 : « Comme la dis­ci­pline actuel­le­ment en vigueur dans l’Église latine rend dif­fi­cile, en plu­sieurs régions, l’accomplissement extrê­me­ment néces­saire à la vie de l’Église de la « dia­co­nie » de la litur­gie, de la parole et de la cha­ri­té, en com­mu­nion avec l’évêque et son pres­by­te­rium, le dia­co­nat pour­ra, dans l’avenir, être réta­bli en tant que degré propre et per­ma­nent de la hié­rar­chie. (…) Si le Pon­tife romain y consent, ce dia­co­nat pour­ra être confé­ré à des hommes mûrs, même mariés, ain­si qu’à des jeunes gens aptes à cet office, mais pour les­quels la loi du céli­bat doit demeu­rer ferme. »
De ce texte, on tire plu­sieurs conclu­sions. Il est pos­sible désor­mais – mais cela exis­tait déjà, au moins per acci­dens – d’être ordon­né diacre mais pas en vue de rece­voir le sacer­doce, et, autre point, ces diacres peuvent pos­sé­der deux carac­té­ris­tiques : soit les can­di­dats à ce dia­co­nat per­ma­nent sont des « hommes mûrs », et en ce cas, la loi du céli­bat, qui s’impose en prin­cipe dès le sous-dia­co­nat, peut ne pas s’appliquer, et, si le can­di­dat est jeune, alors la loi du céli­bat doit être conser­vée.

L’intervention de Paul VI

Le texte adop­té devait ensuite être mis en œuvre. Paul VI inter­vint donc, après la réunion de divers congrès et com­mis­sions d’étude, par le biais du motu pro­prio Sacrum dia­co­na­tus ordi­nem, du 18 juin 1967 6.
Rap­pe­lant les déci­sions conci­liaires et mani­fes­tant son enthou­siasme sans mélange pour l’idée de cette « res­tau­ra­tion », le Pape énonce les règles propres à l’ordre du dia­co­nat, lorsqu’il est reçu, non par des can­di­dats au sacer­doce, mais par des hommes appe­lés à ser­vir dans la fameuse dia­ko­nia.
Une grande lati­tude est lais­sée aux confé­rences épis­co­pales pour l’organisation de ce « nou­vel ordre dans l’Ordre ». Néan­moins, le Pape fixe quelques règles incon­tour­nables : en par­ti­cu­lier, le dia­co­nat per­ma­nent ne peut-être confé­ré à un homme de moins de 25 ans, et seuls les hommes « d’âge plus avan­cé » peuvent être ordon­nés, même s’ils sont mariés 7. En revanche, comme le récent concile le pré­ci­sait, les hommes jeunes sont tenus de gar­der la loi du céli­bat (Id., n. 6.). La dif­fé­rence entre un « jeune » et un « moins jeune » ? Pour le dia­co­nat per­ma­nent, on est jeune de 25 à 35 ans, et vieux à par­tir de 35 (Id. n. 11.).
Les rai­sons de ce dia­co­nat per­ma­nent ? Le car­di­nal Sue­nens les avait affir­mées, et ses argu­ments sont repris par les divers textes conci­liaires que nous avons évo­qués :
« La ques­tion n’est pas d’attribuer d’une façon quel­conque à un fidèle quel­conque des charges exté­rieures (par exemple la pré­si­dence des réunions de prières, l’enseignement du caté­chisme, la res­pon­sa­bi­li­té de cer­taines œuvres sociales). Ces charges doivent être attri­buées seule­ment à des per­sonnes qui, d’une façon objec­tive et adé­quate, pos­sèdent les grâces néces­saires pour les occu­per, de sorte que l’efficacité sur­na­tu­relle ne puisse faire défaut au moment de créer une véri­table com­mu­nau­té. (…) Quels que soient les dons et les grâces dont puissent être dotés de simples laïcs réno­vés par les sacre­ments du bap­tême et de la Confir­ma­tion et ravi­vés par un esprit sur­na­tu­rel et authen­tique, ces dons ne suf­fisent pas. »
Sans faire de pro­cès d’intentions, pour un concile qui pré­ten­dait « déclé­ri­ca­li­ser » l’Église, le moins que l’on puisse dire est que ces pro­pos sont tout à rebours, et mani­festent un mépris du « simple laïc », bien loin des dis­cours sur la digni­té bap­tis­male qui sont un des leit­mo­tivs de tous les textes du concile.
Le motu pro­prio de Paul VI, quant à lui, énu­mé­rant les fonc­tions dévo­lues aux diacres 8, men­tionne régu­liè­re­ment leur rôle litur­gique – célé­bra­tion des bap­têmes, mariages, via­tique, pré­di­ca­tion, funé­railles, etc. – en ajou­tant : « Là où il n’y pas de prêtre », ce qui laisse pen­ser que le Pape ne sou­haite pas que le dia­co­nat per­ma­nent soit autre chose qu’une « force sup­plé­tive », des­ti­née, excep­tion­nel­le­ment, en l’absence d’un prêtre, à assu­rer une pré­sence cultuelle aux fidèles qui en seraient pri­vés.
Le reste des fonc­tions est pré­sen­té comme un ser­vice à la com­mu­nau­té : œuvres sociales, sou­tien à l’apostolat des laïcs, etc. Toutes choses que M. X ou Mme Y. assu­maient jusqu’alors sans avoir besoin de rece­voir le sacre­ment de l’Ordre. Mais, selon le car­di­nal Sue­nens, c’est bien dans une pers­pec­tive sur­na­tu­relle que la pro­po­si­tion du dia­co­nat per­ma­nent est faite : le carac­tère impri­mé dans l’âme de l’élu, est en effet un « pou­voir spi­ri­tuel » qui le rend apte et le députe, ex offi­cio, certes à dis­tri­buer la com­mu­nion et à lire l’Évangile mais aus­si à ouvrir la porte de l’église, faire le tri des vête­ments à la Confé­rence Saint-Vincent-de-Paul, et aider à tenir les comptes de la paroisse…
Il n’est pas anec­do­tique de noter que si le curé est ame­né à chan­ger de paroisse le diacre per­ma­nent est, lui, séden­taire sur sa paroisse. Il en connaît l’histoire, les familles, une par­tie des secrets plus ou moins cachés. Il ne peut pas, quelle que soit son humi­li­té et sa bonne volon­té, ne pas deve­nir une forme de contre-pou­voir à celui du curé. Il est d’ailleurs très pro­bable que c’est vers lui que se tour­ne­ront les éven­tuels insa­tis­faits qui le connaissent depuis long­temps.
Théo­lo­gi­que­ment, du moins sous le rap­port du rôle litur­gique, il semble que les pers­pec­tives rhé­nanes et romaines ne se soient pas ren­con­trées…
Car il faut bien réa­li­ser plu­sieurs choses : sous pré­texte de sur­na­tu­ra­li­ser cer­taines fonc­tions utiles au bien de l’Église, on a pré­ten­du qu’il conve­nait de confé­rer un Ordre, le dia­co­nat, qui rend plus fécond et plus conforme à la volon­té divine, la réa­li­sa­tion d’actions certes utiles, mais tri­viales.
Cette manœuvre per­met­tait sur­tout deux choses : dé-sacer­do­ta­li­ser l’exercice du culte, d’une part, et, d’autre part, intro­duire de manière subrep­tice l’idée que la clé­ri­ca­ture peut être dis­so­ciée de la loi du céli­bat, non seule­ment dans la pra­tique, comme l’usage ancien – mais pas apos­to­lique – des Églises orien­tales le montre, mais éga­le­ment dans les prin­cipes.

Laïcalisation du sacrement de l’Ordre

Avant même de par­ler de l’une des consé­quences désas­treuses de cette ini­tia­tive, il faut consta­ter que l’admission d’homme mariés au dia­co­nat, au moins dans l’ordre pra­tique, conduit très natu­rel­le­ment à une laï­ca­li­sa­tion, ou, plus jus­te­ment, une « pro­fa­na­tion » du sacre­ment de l’ordre, au sens pre­mier et le plus exact du terme.
En rai­son de sa digni­té, le sacre­ment de l’Ordre, par­ti­cu­liè­re­ment en ses der­niers degrés, les ordres majeurs, consacre le can­di­dat, c’est-à-dire, le sépare du monde, dans lequel, certes, il conti­nue à vivre, mais auquel il renonce, pour le Royaume des Cieux.
C’est pré­ci­sé­ment en cela que s’opère la sum­ma dis­tinc­tio entre clercs et laïcs, non que ces der­niers, comme semble le croire nombre d’entre eux, soient une « sous-caté­go­rie » de chré­tiens, mais, par volon­té divine : quelques-uns sont appe­lés à se déta­cher de ce corps, pour en inté­grer un autre, aux exi­gences dif­fé­rentes, en vue d’être don­nés au peuple chré­tien, de le nour­rir du Pain de Vie, de la saine doc­trine et des sacre­ments.
Or, par le choix d’hommes vivant dans le monde, comme des gens du monde, avec des gens du monde, on renonce à cette sépa­ra­tion, qui sacra­lise le sacre­ment de l’Ordre, et ordonne entiè­re­ment au salut des âmes, sans que les attaches humaines ne consti­tuent un quel­conque obs­tacle à sa mis­sion, laquelle ne peut être envi­sa­gée comme une mis­sion inté­ri­maire : comme la récep­tion du sacer­doce sacer­do­ta­lise le nou­vel ordon­né, de même, la récep­tion du dia­co­nat dia­co­nise l’ordinand… où l’on voit déjà la néces­si­té du céli­bat consa­cré en vue de l’exercice plé­nier du minis­tère, comme nous le ver­rons plus loin.
La consé­quence natu­relle de cette pro­fa­na­tion du dia­co­nat est la perte du sens et de la juste connais­sance du minis­tère sacer­do­tal. À quoi peut bien ser­vir un prêtre, puisque toutes les œuvres exté­rieures peuvent être assu­mées par un diacre, et même les quelques sacre­ments et sacra­men­taux qui inté­ressent quelque peu le bon peuple déchris­tia­ni­sé : le bap­tême (pour faire plai­sir à la grand-mère, et puis c’est la tra­di­tion), le mariage (pour les pho­tos, les dra­gées, et la robe), et les funé­railles (parce qu’« on n’est pas des chiens ! »).

Dé-sacerdotalisation de la vie de l’Église

Ils ont beau s’en défendre, les pro­mo­teurs de l’introduction du dia­co­nat per­ma­nent, ont oublié depuis long­temps ce que pré­sen­tait le pri­mat de Bel­gique comme cause pre­mière de cette nou­veau­té : le don d’un carac­tère qui sacra­li­sait, en quelque sorte, l’œuvre accom­plie par ces hommes, et lui don­nait un « poids » sur­na­tu­rel autre­ment plus fort que l’œuvre accom­plie sous le seul influx de la cha­ri­té sur­na­tu­relle.
Il deve­nait alors évident que les fonc­tions dévo­lues au diacre étaient, par leur nature, déta­chables de la fonc­tion sacer­do­tale. Dès lors, le prêtre auquel le soin de la paroisse est confié, qui en est le curé, se trouve le plus sou­vent réduit à n’être que celui qui accom­plit des tâches que le diacre ne peut rem­plir : célé­brer la messe et confes­ser. Tout le reste, c’est-à-dire l’administration de la sainte eucha­ris­tie, les bap­têmes, les mariages, les funé­railles, la pré­di­ca­tion, la visite des malades, l’administration de la paroisse, son uni­té, la direc­tion de la prière com­mune… peut être accom­pli par les diacres, qui, tout auréo­lés de leur carac­tère dia­co­nal tout neuf, sont deve­nus presque natu­rel­le­ment non plus les « sup­plé­tifs » du curé, mais ses sup­pléants.
Dire la messe et confes­ser, voi­là certes l’essentiel pour­rez-vous objec­ter ? Il ne s’agit pas tant de répar­ti­tion des tâches que d’ordre ! Dans la vie du prêtre, et spé­cia­le­ment du curé de paroisse, tout est ordon­né au salut des âmes qui lui sont confiées, non seule­ment les sacre­ments – et le bap­tême est le pre­mier d’entre eux – mais aus­si toutes les œuvres exté­rieures qui sont comme l’expression de la cha­ri­té pas­to­rale de l’Église, par le prêtre, mani­fes­tée au peuple de Dieu.
Plus clai­re­ment, on ne peut pré­tendre sépa­rer les actions exté­rieures des actions pro­pre­ment sacra­men­telles : elles forment un tout, et toutes, à des degrés variés, sont l’expression de la même cha­ri­té. Les dis­joindre, de manière si arti­fi­cielle, c’est fina­le­ment sépa­rer l’ordre sur­na­tu­rel de l’ordre natu­rel, qui, s’ils sont effec­ti­ve­ment dis­tincts, n’en sont pas moins, en rai­son de la grâce divine, orga­ni­que­ment unis.
L’arrivée dans les paroisses, dès 1970 en France, de ces diacres per­ma­nents, eut natu­rel­le­ment les effets que les enne­mis du sacer­doce catho­lique en atten­daient : puisque les diacres prennent en main les choses les plus contrai­gnantes qui appar­tiennent au minis­tère habi­tuel des curés, pour­quoi ces der­niers se don­ne­raient-ils désor­mais la peine de s’occuper eux-mêmes des malades et indi­gents, de la paroisse ? Pour­quoi auraient-ils à ensei­gner eux-mêmes par la pré­di­ca­tion, leurs ouailles ? Pour­quoi se don­ne­raient-ils la peine de pré­pa­rer les bap­têmes et de les célé­brer, ou de rece­voir les fian­cés et de les unir ? Le diacre peut le faire, et, pour se don­ner bonne conscience, on peut se recom­man­der, non seule­ment de la lettre de l’évêque qui donne mis­sion offi­cielle au diacre, mais encore, de l’ordre sacré dont il est revê­tu, et qui vaut toutes les lettres épis­co­pales : Dieu Lui-même l’a éta­bli pour cette mission…que dire de plus ! On ne peut que s’interroger à pro­pos de l’impact psy­cho­lo­gique de ces atti­tudes sur des jeunes gens se posant la ques­tion de la voca­tion sacer­do­tale et légi­ti­me­ment rebu­tés par les exi­gences du céli­bat ecclé­sias­tique. Pour­quoi renon­cer aux joies légi­times d’une vie de famille si qua­si­ment toutes les fonc­tions et res­pon­sa­bi­li­tés du prêtre sont acces­sibles par la voie du dia­co­nat per­ma­nent ?
Dans ces condi­tions, rien d’étonnant à ce que le nombre de voca­tions baisse en même temps que le nombre de diacres per­ma­nents aug­mente ! 9 Quoi de moins enthou­sias­mant que de répondre à l’appel de Dieu pour être au mieux le gar­dien d’une église et d’un secré­ta­riat, si la vie du prêtre n’est que cela ? La perte de la valeur incom­men­su­rable de la célé­bra­tion de chaque messe joue éga­le­ment cer­tai­ne­ment un rôle dans la crise géné­rale des voca­tions sacer­do­tales. Si bien que, faute de prêtres, les évêques pré­fèrent ordon­ner de nou­veaux diacres per­ma­nents, comme s’ils ne voyaient pas qu’il ne s’agit pas là d’un remède, mais d’une des causes de la déser­tion des sémi­naires, et comme s’ils igno­raient que la per­fec­tion sacer­do­tale se trouve dans la célé­bra­tion du sacri­fice eucha­ris­tique et la dis­po­si­tion des âmes à le rece­voir 10.
Sur ce cha­pitre, remar­quons que le magis­tère récent semble oublier l’idée que le dia­co­nat a été res­sus­ci­té au point de rede­ve­nir un degré auto­nome, déta­ché de la pers­pec­tive de la récep­tion ulté­rieure du sacer­doce : dans la Ratio fun­da­men­ta­lis de 2016 11, de la Congré­ga­tion du Cler­gé, rela­tive à la for­ma­tion des prêtres, il est expli­ci­te­ment dit : « On ne devra admettre aucun diacre ad expe­ri­men­tum. Une fois reçue l’ordination dia­co­nale, l’idonéité au pres­by­té­rat est sup­po­sée (…) ». C’est-à-dire : un diacre est des­ti­né à l’ordination sacer­do­tale. Dans le cas contraire, on ne l’ordonne pas diacre.

Un cheval de Troie contre le célibat ecclésiastique

Sal­va reve­ren­tia, il y a quelque chose de pro­fon­dé­ment risible à pré­tendre que les hommes pour les­quels la loi du céli­bat doit conti­nuer à s’imposer sont les « jeunes » de 25 à 35 ans, les autres étant des « vieux », aux­quels, par excep­tion, on pour­ra confé­rer l’ordination dia­co­nale mal­gré leur mariage.
Ce qui était impor­tant, c’était, nous l’avons dit, de sépa­rer l’appartenance à la hié­rar­chie sacrée, dont les der­niers degrés sont pré­ci­sé­ment le dia­co­nat et le sacer­doce, et le céli­bat que, depuis l’âge apos­to­lique, l’Église a éta­bli comme règle 12, laquelle connaît des excep­tions, pour des rai­sons cir­cons­tan­cielles, que l’Église sup­porte 13 mais n’encourage pas, dans sa par­tie orien­tale.
En éta­blis­sant de manière arbi­traire l’âge auquel on est en droit d’exiger le céli­bat consa­cré des diacres per­ma­nent, et l’âge à par­tir duquel cette exi­gence n’existe plus, on réduit la conti­nence et chas­te­té par­faites « pour le Royaume des Cieux » (Mat. XIX, 12), à une pure ques­tion dis­ci­pli­naire, sus­cep­tible non seule­ment de varia­tions mais encore de dis­pa­ri­tion. Et rapi­de­ment, ce qui est dit des diacres sera éga­le­ment dit des prêtres (et l’est déjà !). La boucle est bou­clée, au mépris de la tra­di­tion apos­to­lique et des fon­de­ments scrip­tu­raires, théo­lo­giques ou ascé­tiques du céli­bat consa­cré embras­sé par les clercs.
L’expérience et les sta­tis­tiques qui en rendent compte, montrent que le dia­co­nat per­ma­nent s’adresse bien, in concre­to, à des gens déjà unis par les liens du mariage. On peut, sans se trom­per, ima­gi­ner que les pro­chaines dis­cus­sions sur la crise des voca­tions, en par­ti­cu­lier à l’occasion du futur synode des évêques por­tant sur la jeu­nesse, évo­que­ront l’accession de viri pro­ba­ti, d’hommes éprou­vés, quoique mariés 14, au sacer­doce 15 ! Pour­tant, les Orien­taux ne cessent de sou­li­gner les dif­fi­cul­tés de cette situa­tion : juste place dans la com­mu­nau­té de la femme et des enfants du prêtre, pré­oc­cu­pa­tion de la vie maté­rielle de la famille, etc. qui viennent s’ajouter, nous l’avons dit, à la rup­ture avec la règle apos­to­lique du céli­bat.
Encore une fois, ce céli­bat volon­tai­re­ment embras­sé par les can­di­dats au sacer­doce, dès le sous-dia­co­nat, n’est pas une ques­tion dis­ci­pli­naire : il rend compte de cette totale dona­tion de l’être, à Dieu, en vue de rem­plir la fonc­tion sacrée qu’Il demande, c’est-à-dire la sanc­ti­fi­ca­tion des hommes en vue du Royaume de grâce et de véri­té. Il y a une vraie dimen­sion escha­to­lo­gique dans l’exigence du céli­bat consa­cré : en en fai­sant un simple acci­dent du sacre­ment de l’Ordre, on contri­bue à la pro­fa­na­tion de ce der­nier, et au mépris tou­jours crois­sant pour une voca­tion de moins en moins com­prise, puisque rien ne dis­tingue, dans ses acti­vi­tés mesu­rables, un diacre d’un prêtre, et même un diacre d’un pieux laïc. Com­ment cela est-il pos­sible avec un diacre qui tra­vaille, est marié, a des enfants, etc. ?

Plus d’inconvénients que d’avantages

Fina­le­ment, cette résur­rec­tion du dia­co­nat dit « per­ma­nent », pré­sente plus d’inconvénients que d’avantages. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’extrême géné­ro­si­té de ces diacres per­ma­nents, et de leurs familles, qui acceptent de consa­crer du temps à la mis­sion que leur a confiée leur évêque et mani­festent ain­si une cou­ra­geuse visi­bi­li­té chré­tienne dans leur milieu pro­fes­sion­nel et fami­lial. Cepen­dant il est un fait que la mis­sion des diacres se super­pose avec celle des pas­teurs que sont – ou devraient être… – les prêtres. De plus la pré­sence constante des diacres dans le tis­su social, non comme exté­rieurs à lui, mais comme acteurs, expose, à tra­vers eux, l’Église, à une atten­tion par­ti­cu­liè­re­ment scru­pu­leuse de la part de leur entou­rage. Il est éga­le­ment à craindre qu’une for­ma­tion intel­lec­tuelle sou­vent lacu­naire – les études d’un sémi­na­riste durent 6 ou 7 ans à temps plein – ne rende la majo­ri­té des diacres per­ma­nents inca­pables de rem­plir conve­na­ble­ment leurs tâches : pré­di­ca­tions, célé­bra­tions des sacre­ments trop sou­vent occa­sion d’étaler une indi­gence intel­lec­tuelle et/​ou doc­tri­nale confon­dante, sans par­ler de l’exemple de leur vie, quel­que­fois désas­treux, ou de leur rôle d’éducateur vis-à-vis de leur propre pro­gé­ni­ture ! 16
Il est à craindre que ce dia­co­nat per­ma­nent, non­obs­tant la bonne volon­té des impé­trants, ne soit un « coup pour rien » qui ne por­te­ra remède ni à la déchris­tia­ni­sa­tion en pro­fon­deur de nos socié­tés ni à la crise du sacer­doce. Il n’est pas non plus défi­ni comme un moyen par­ti­cu­lier de sanc­ti­fi­ca­tion de ses titu­laires. « Tout ça pour ça » aurait-on envie de conclure…
Gas­par de Qui­ro­ga
 

Notes

  1. Source : site du dia­co­nat per­ma­nent en France, consul­té le 18 octobre 2017 : http://diaconat.catholique.fr/
  2. Qui com­porte 7 degrés : 4 ordres mineurs (ostia­riat, lec­to­rat, exor­ci­stat et aco­ly­tat), 3 ordres majeurs (sous-dia­co­nat, dia­co­nat et sacer­doce, ce der­nier se sub­di­vi­sant, dans une pers­pec­tive clas­sique, en sacer­doce du pre­mier et du second ordre, l’épiscopat).
  3. Comme diraient les modernes, comme si prê­cher la foi aux igno­rants n’était pas un acte cha­ri­table…
  4. Et pas uni­que­ment de l’évêque, comme on le laisse fré­quem­ment entendre. La consti­tu­tion dog­ma­tique du IIe concile du Vati­can Lumen gen­tium, le dit d’ailleurs expli­ci­te­ment, au n. 29 : « Au degré infé­rieur de la hié­rar­chie, se trouvent les diacres aux­quels on a impo­sé les mains « non pas en vue du sacer­doce, mais en vue du ser­vice ». La grâce sacra­men­telle, en effet, leur donne la force néces­saire pour ser­vir le peuple de Dieu dans la « dia­co­nie » de la litur­gie, de la parole et de la cha­ri­té, en com­mu­nion avec l’évêque et son pres­by­te­rium. »
  5. IIe concile du Vati­can, consti­tu­tion dog­ma­tique Lumen Gen­tium, n. 29. Le prin­cipe de la « res­tau­ra­tion » du dia­co­nat comme « état per­ma­nent », c’est-à-dire, sans qu’il soit pré­vu et envi­sa­gé de confé­rer le sacer­doce à son titu­laire, est adop­té par 1903 voix contre 242, la pos­si­bi­li­té d’ordonner des diacres enga­gés dans les liens du mariage est, quant à elle, adop­tée avec 1598 voix, 629 y étant oppo­sées. D’autres men­tions de cette déci­sion se retrou­ve­ront dans le décret Ad Gentes, n. 15 & 16, le décret sur les Églises orien­tales Orien­ta­lium Eccle­sia­rum, n. 17 – invi­tées éga­le­ment à « res­tau­rer » la per­ma­nence du dia­co­nat… signe que cette pra­tique leur était éga­le­ment incon­nue depuis long­temps –, la consti­tu­tion sur la Révé­la­tion divine, Dei Ver­bum, n. 25, celle sur la litur­gie, Sacro­sanc­tum Conci­lium, n. 35 & 68.
  6. Voir Diacres de Jésus-Christ, textes choi­sis par les moines de Solesmes, Ed. Le Sar­ment-Fayard, Paris 1991.
  7. Motu pro­prio Sacrum dia­co­na­tus ordi­nem, n. 5 & 11.
  8. S. Jean-Paul II, Le dia­co­nat per­ma­nent, signe visible de l’œuvre accom­plie par l’Esprit-Saint, dis­cours à des diacres per­ma­nents, Détroit (États-Unis), 19 sep­tembre 1987 : « Si nous consi­dé­rons la pro­fonde nature spi­ri­tuelle de cette dia­co­nie, alors nous pou­vons mieux appré­cier la rela­tion qui existe entre les trois domaines du minis­tère tra­di­tion­nel­le­ment asso­ciés au dia­co­nat, c’est-à-dire le minis­tère de la parole, le minis­tère de l’autel et le minis­tère de la cha­ri­té. »
  9. Contrai­re­ment à ce que pré­ten­daient les pro­mo­teurs de cette idée. On a d’ailleurs pu en consta­ter d’autres exemples, rele­vés par le Saint-Siège lui-même. Voi­ci com­ment San­dro Magis­ter, célèbre vati­ca­niste ita­lien, décrit les choses (http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/135119175af.html?fr=y) : « Pen­dant les qua­rante ans d’épiscopat – de 1959 à 2000 – de l’évêque Samuel Ruiz García, le dio­cèse de San Cris­to­bal de Las Casas (Mexique) était deve­nu un ter­rain d’expérience, obser­vé par beau­coup de par­ties du monde, en vue de la créa­tion d’un cler­gé indi­gène marié. L’étape signi­fi­ca­tive conçue pour atteindre cet objec­tif fut l’ordination, dans ce dio­cèse, d’un très grand nombre de diacres indi­gènes mariés, dont on pré­voyait que, un jour, ils pour­raient aus­si être ordon­nés prêtres. (…) Sous le pon­ti­fi­cat de Jean-Paul II, Rome por­tait sur l’expérience un regard défa­vo­rable. (…) et après un exa­men de l’affaire confié aux prin­ci­paux dicas­tères de la curie, la congré­ga­tion pour le culte divin et la dis­ci­pline des sacre­ments inter­dit, le 20 juillet 2000, l’ordination de diacres sup­plé­men­taires dans ce dio­cèse. (…) Rome déplo­rait le fait que « au cours des 40 der­nières années, 8 prêtres seule­ment avaient été ordon­nés dans le dio­cèse de San Cris­to­bal de Las Casas, contre plus de 400 diacres ». » Mal­gré la levée de cette inter­dic­tion par le pape Fran­çois, en mai 2014, le nou­vel évêque se réjouit non seule­ment de la fin de « l’expérience dia­co­nale », mais aus­si que son sémi­naire soit de nou­veau « attrac­tif » : « Nous ne vou­lons pas un cler­gé marié. Cette idée avait été envi­sa­gée pré­cé­dem­ment, mais on n’y pense plus aujourd’hui. Le déve­lop­pe­ment de notre sémi­naire est une grâce inex­pli­cable. Il y a seize ans, en 2000, il y avait 20 sémi­na­ristes. Aujourd’hui ils sont 76, presque tous ori­gi­naires du Chia­pas, dont 42 sont indi­gènes, sans pré­ju­gés idéo­lo­giques en ce qui concerne le céli­bat. Nous avons déjà 8 prêtres indi­gènes céli­ba­taires confor­mé­ment aux règles. Les diacres mariés ne m’ont jamais indi­qué qu’ils aspi­raient à un sacer­doce marié. »
  10. Dans le même esprit, on peut aus­si se réfé­rer à ce que disait le car­di­nal André Vingt-Trois, arche­vêque de Paris et pré­sident de la confé­rence épis­co­pale fran­çaise (https://www.paris.catholique.fr/intervention-du-cardinal-andre-29654.html), lors d’une inter­ven­tion devant de jeunes évêques. Il explique qu’il y a peu de voca­tions sacer­do­tales mais qu’au regard du nombre de pra­ti­quants, c’est suf­fi­sant. C’est ain­si réduire le rôle du prêtre à peu de choses, puisque désor­mais, il est le prêtre des catho­liques, et pas celui de tous ceux qui devraient l’être ! On est loin de la fameuse « nou­velle évan­gé­li­sa­tion », dont on nous abreuve depuis près de qua­rante ans !
  11. Congré­ga­tion du Cler­gé, Ratio fun­da­men­ta­lis ins­ti­tu­tio­nis sacer­do­ta­lis – Le don de la voca­tion pres­by­té­rale, 8 décembre 2016, n. 209.
  12. Sti­ck­ler (Cal A.-M.), Le céli­bat des clercs, Édi­tions Téqui, 1998.
  13. Comme on sup­porte une grippe : la mala­die s’oppose à la bonne san­té, mais on n’a guère de pou­voir sur elle, donc on prend un grog et…on attend que ça passe !
  14. À moins qu’ils ne soient éprou­vés parce que mariés !?
  15. Relire San­dro Magis­ter (cf. note 9) qui rap­pelle que le Car­di­nal Mar­ti­ni, alors arche­vêque de Bologne, affir­mait en 1999 que « le manque de ministres ordon­nés était le pre­mier des « thèmes essen­tiels » » qu’il « sou­hai­tait voir dis­cu­tés par une Église qui aurait été en état de synode per­ma­nent. La solu­tion à ce pro­blème étant bien évi­dem­ment, de manière sous-enten­due, celle qui aurait consis­té à ajou­ter des prêtres mariés aux prêtres céli­ba­taires dont le nombre était en déclin. »
  16. Nous connais­sons quelques exemples de diacres pour les­quels la trans­mis­sion de la foi à leurs enfants n’est pas une obli­ga­tion, et même cer­tains qui ne pra­tiquent pas le dimanche…
 
 
Inscription Unversité d'été 1968-218 La révolutio silencieuse
 
1968 – 2018 La révolution silencieuse
 
Du 21 au 24 juillet 2018 à
Saint-Laurent-sur-Sèvre (près du Puy du Fou)
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  • LAURENT DANDRIEU : La religion du multiculturalisme
  • FRANCOIS-XAVIER BELLAMY : Vers la société liquide 
  • VICTOIRE DE JAEGHERE : Le mépris de la vie au service de l’hédonisme
  • JEAN-MARIE LE MÉNÉ : Le transhumanisme, nouvelle frontière
  • PATRICK BUISSON : 1968 - 2018, Une révolution anthropologique
  • JEAN-FRANÇOIS CHEMAIN : La faillite de l’Éducation Nationale
  • JEAN-PIERRE MAUGENDRE : La crise du catholicisme en France
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Avant-première du film de Patrick Buisson
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