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mercredi 6 juin 2018

Valises de billets et dons hors contrôle : la très opaque gestion de l’islam de France


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Publié par Thomas Joly

Blois, Nice, Bordeaux, Evry, Givors, Asnières,Thonon-les-Bains, Marseille, Le Kremlin-Bicêtre, Mantes-la-Jolie… Une quinzaine de mosquées sont concernées par des soupçons autour des dons qu’elles récoltent. Le numéro de L’Obs du 31 mai rapporte dans son enquête deux problèmes majeurs. Premièrement, une part des dons récoltés par l’Islam auprès de ses fidèles est détournée, ou alors disparaît tout simplement. Deuxièmement, la religion reçoit des sommes faramineuses de la part de particuliers étrangers, des flux d’argents impossibles à tracer. Et les mosquées se gardent bien de déclarer leurs comptes.

Où sont passés les dons des musulmans ?

La religion musulmane récolte beaucoup d’argent auprès de ses fidèles : L’Obs estime que le montant global des dons oscille entre 300 et 400 millions d’euros. Les exemples de potentiels détournements de fonds se multiplient, et les pouvoirs publics sont bien silencieux sur ces affaires. Peu d’enquêtes, peu de poursuites, peu d’échos médiatiques. L’exemple de la mosquée Adda’wa, dite «de Stalingrad», dans le 19e arrondissement de Paris, est saisissant. En 2004, 18 millions d’euros sont annoncés afin de construire une mosquée sur l’emplacement des entrepôts un peu vieillots utilisés pour la prière. Quatorze ans après le début des travaux, seulement le sous-sol est en passe d’être finalisé. Dans le même temps, l’imam de Stalingrad, Larbi Kechat, étale un train de vie confortable, fait de billets en première classe, d’emprunts dans les caisses de la mosquée et de vacances onéreuses. Le président de l’association de la mosquée Adda’wa, Ahmed Ouali, a donc porté plainte pour «abus de confiance et escroquerie». Ce dernier estime auprès de L’Obs que six millions d'euros ont été engagés pour la première tranche des travaux, et que la société en charge n’a facturé que 3,8 millions, soit un écart de deux millions, qui ont disparu dans la nature… Le dossier est en cours d’instruction, et l’imam Kechat ne fait toujours pas l’objet de poursuites. De nombreuses autres mosquées vivent le même genre d’histoire : à Clermont-Ferrand, 1,2 million d’euros ont été récoltés alors que les travaux réellement effectués n’ont coûté que 200 000 euros ; à Nanterre, un détournement de fonds de 500 000 euros a été reconnu en 2013, etc.

Ce financement intracable venu de l’étranger

Concernant le financement de l’Islam par l’étranger, un rapport parlementaire donne des chiffres officiels : six millions venus du Maroc, deux millions de l’Algérie, 3,7 millions de l’Arabie Saoudite, etc. En revanche, les flux d’argent officieux venus de riches individus des pays arabes ne sont jamais répertoriés. Farid Abdelkrim, président des Jeunes Musulmans de France dans les années 2000, livre un témoignage édifiant auprès de l’hebdomadaire : «Tous les ans, je faisais le voyage en Arabie saoudite et je rapportais des grosses liasses de billets dans mon sac de voyage. Sur place, à Djeddah, j’avais rendez-vous avec un importateur de motos et un fabricant de chaussures. Ils me donnaient chaque fois quelques dizaines de milliers d’euros. De son côté, Lhaj Thami Breze, le président de l’UOIF [l’Union des Organisations islamiques de France], faisait l’aller-retour plusieurs fois par an. Il rencontrait des donateurs d’un tout autre niveau et ramenait bien sûr des sommes bien plus importantes. Cela permettait de payer le Salon du Bourget pour nos congrès annuels.» 

Dans ces cas-là, il n’y a aucune transparence exigée concernant les donateurs. La seule « limite » a été exposée en 2016 par Bruno Dalles, le patron de Tracfin (l’organisme chargé de surveiller les circuits financiers clandestins). En clair, l’organisme vérifie uniquement que l’argent n’a pas de liens avec le terrorisme. «Dans l’un de nos dossiers, sur un budget de 2 millions d’euros, 1,3 million d’euros vient d’une personne privée originaire du Qatar, a exposé Bruno Dalles. La transparence est faible, mais ce n’est pas interdit. Nous nous bornons à vérifier que la personne ne figure sur aucune liste des Nations unies ou des services de renseignement.» 

Peu de contrôles, peu de règles, peu de transparence… La loi demande pourtant aux associations de publier leurs comptes dès lors qu’elles collectent plus de 153 000 euros par an. Seulement quelques mosquées comme celles de Cergy ou Massy obéissent. L’Eglise catholique, elle, déclare ses comptes au centime près…

Source : Valeurs Actuelles via Contre Info