Blois,
Nice, Bordeaux, Evry, Givors, Asnières,Thonon-les-Bains, Marseille, Le
Kremlin-Bicêtre, Mantes-la-Jolie… Une quinzaine de mosquées sont
concernées par des soupçons autour des dons qu’elles récoltent. Le
numéro de L’Obs du 31 mai rapporte dans son enquête deux
problèmes majeurs. Premièrement, une part des dons récoltés par l’Islam
auprès de ses fidèles est détournée, ou alors disparaît tout simplement.
Deuxièmement, la religion reçoit des sommes faramineuses de la part de
particuliers étrangers, des flux d’argents impossibles à tracer. Et les
mosquées se gardent bien de déclarer leurs comptes.
Où sont passés les dons des musulmans ?
La religion musulmane récolte beaucoup d’argent auprès de ses fidèles : L’Obs estime
que le montant global des dons oscille entre 300 et 400 millions
d’euros. Les exemples de potentiels détournements de fonds se
multiplient, et les pouvoirs publics sont bien silencieux sur ces
affaires. Peu d’enquêtes, peu de poursuites, peu d’échos médiatiques.
L’exemple de la mosquée Adda’wa, dite «de Stalingrad», dans le 19e
arrondissement de Paris, est saisissant. En 2004, 18 millions d’euros
sont annoncés afin de construire une mosquée sur l’emplacement des
entrepôts un peu vieillots utilisés pour la prière. Quatorze ans après
le début des travaux, seulement le sous-sol est en passe d’être
finalisé. Dans le même temps, l’imam de Stalingrad, Larbi Kechat, étale
un train de vie confortable, fait de billets en première classe,
d’emprunts dans les caisses de la mosquée et de vacances onéreuses. Le
président de l’association de la mosquée Adda’wa, Ahmed Ouali, a donc
porté plainte pour «abus de confiance et escroquerie». Ce dernier estime
auprès de L’Obs que six millions d'euros ont été engagés pour
la première tranche des travaux, et que la société en charge n’a facturé
que 3,8 millions, soit un écart de deux millions, qui ont disparu dans
la nature… Le dossier est en cours d’instruction, et l’imam Kechat ne
fait toujours pas l’objet de poursuites. De nombreuses autres mosquées
vivent le même genre d’histoire : à Clermont-Ferrand, 1,2 million
d’euros ont été récoltés alors que les travaux réellement effectués
n’ont coûté que 200 000 euros ; à Nanterre, un détournement de fonds de
500 000 euros a été reconnu en 2013, etc.
Ce financement intracable venu de l’étranger
Concernant
le financement de l’Islam par l’étranger, un rapport parlementaire
donne des chiffres officiels : six millions venus du Maroc, deux
millions de l’Algérie, 3,7 millions de l’Arabie Saoudite, etc. En
revanche, les flux d’argent officieux venus de riches individus des pays
arabes ne sont jamais répertoriés. Farid Abdelkrim, président des
Jeunes Musulmans de France dans les années 2000, livre un témoignage
édifiant auprès de l’hebdomadaire : «Tous les ans, je faisais le
voyage en Arabie saoudite et je rapportais des grosses liasses de
billets dans mon sac de voyage. Sur place, à Djeddah, j’avais
rendez-vous avec un importateur de motos et un fabricant de chaussures.
Ils me donnaient chaque fois quelques dizaines de milliers d’euros. De
son côté, Lhaj Thami Breze, le président de l’UOIF [l’Union des
Organisations islamiques de France], faisait l’aller-retour plusieurs
fois par an. Il rencontrait des donateurs d’un tout autre niveau et
ramenait bien sûr des sommes bien plus importantes. Cela permettait de
payer le Salon du Bourget pour nos congrès annuels.»
Dans
ces cas-là, il n’y a aucune transparence exigée concernant les
donateurs. La seule « limite » a été exposée en 2016 par Bruno Dalles,
le patron de Tracfin (l’organisme chargé de surveiller les circuits
financiers clandestins). En clair, l’organisme vérifie uniquement que
l’argent n’a pas de liens avec le terrorisme. «Dans l’un de nos
dossiers, sur un budget de 2 millions d’euros, 1,3 million d’euros vient
d’une personne privée originaire du Qatar, a exposé Bruno Dalles. La
transparence est faible, mais ce n’est pas interdit. Nous nous bornons à
vérifier que la personne ne figure sur aucune liste des Nations unies
ou des services de renseignement.»
Peu
de contrôles, peu de règles, peu de transparence… La loi demande
pourtant aux associations de publier leurs comptes dès lors qu’elles
collectent plus de 153 000 euros par an. Seulement quelques mosquées
comme celles de Cergy ou Massy obéissent. L’Eglise catholique, elle,
déclare ses comptes au centime près…