.

.

lundi 3 février 2014

Hollande fait-il le bon choix ?


Guillaume Duval

Une bonne politique économique doit toujours être à la fois une politique de l’offre ET une politique de la demande.


François Hollande a donc lancé le 14 janvier dernier les grands travaux du « pacte de responsabilité » qu’il propose au pays. Il ne fait guère de doutes que la situation économique est sérieuse et celle des entreprises particulièrement dégradée. Il paraît cependant peu probable que le pacte proposé permette de sortir de ce marasme. Il s’inscrit en effet dans une logique déflationniste déjà largement à l’œuvre dans le reste de l’Europe. Il risque donc surtout d’accentuer encore le mouvement qui précipite la zone euro, et la France avec elle, vers un scénario de stagnation prolongée à la japonaise.

Un succès improbable

Jusqu’ici la France avait moins mal traversé la crise que la plupart des autres pays européens, Allemagne exceptée. En particulier parce que la consommation des ménages avait tenu le choc. Cela avait certes conduit à une nouvelle dégradation des comptes extérieurs de l’Hexagone, mais avait aussi apporté une contribution décisive au fait que l’économie de la zone euro ne s’écroule pas au cours de la phase la plus aiguë de sa crise. La faible demande des autres pays de la zone euro, combinée à la déflation salariale engagée dans les pays en crise, a cependant exercé une forte pression à la baisse sur les prix industriels. Dégradant ainsi la situation des entreprises françaises dont les marges ont fondu. Leur positionnement moins favorable que celui des entreprises allemandes, les a empêchées en effet de compenser en dehors de la zone euro les débouchés perdus en son sein. A cela est venu s’ajouter l’effort budgétaire très important mené par Nicolas Sarkozy en 2012 puis par François Hollande en 2013, pour rétablir l’équilibre des comptes publics. Avec pour effet de freiner fortement l’économie française au moment même où les autres pays commençaient au contraire à sortir (très timidement) de la récession. Faisant ainsi apparaître – de façon assez abusive d’ailleurs – la France comme l’« homme malade » de l’Europe.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le pacte de responsabilité. Il prolonge et accentue le tournant pris avec le crédit d’impôt compétitivité-emploi (Cice) à l’automne 2012 vers une politique de l’offre, désormais clairement assumée. A défaut de pouvoir – ou de vouloir – renverser la table européenne, les marges de manœuvre sont certes étroites. Mais dans un contexte où la demande extérieure – et désormais aussi intérieure – risque fort de continuer à faire défaut du fait de politiques économiques toujours trop restrictives dans la zone euro, il semble improbable qu’une hausse des marges des entreprises suffise à enclencher une reprise significative de l’investissement et des embauches. Tandis que la forte baisse programmée des dépenses publiques risque de soumettre la société française à de vives tensions.

Une bonne politique économique doit toujours être à la fois une politique de l’offre ET une politique de la demande. C’était le cas en particulier de celle qu’avait habilement menée, dans un contexte certes très différent, Dominique Strauss-Kahn à la fin des années 1990. Un tel équilibre fait manifestement défaut aujourd’hui.

Guillaume Duval