Extrait de Jean Parvulesco, Le Retour des Grands Temps, La mission occulte de Julius Evola, p.390 à 394
"Je
serai le premier à le reconnaître, la présente approche de Julius Evola
et de son œuvre à double niveau ne laisse d'être singulièrement
frustrante, la part du non-dit y prenant sans cesse le pas sur le
discours qui s'emploie à éclairer ce qui peut supporter de l'être dans
la marche d'une vie, d'une œuvre si profondément consignées par le
secret hermétique.
L'entité
transcendantale d'appellation polaire, hyperboréenne, dont Julius Evola
fut, au niveau d'extrême excellence à lui imparti et avec les moyens
d'action qui lui furent alors assurés, l'agent secret d’exécution dans
les deux mondes, je parle de cet Imperium Romanum supratemporel
et occulte s'identifiant aussi, dans une certaine mesure, au
Saint-Empire des grades supérieurs de la Maçonnerie Écossaises, a-t-elle
été - l'est-elle encore - inconditionnellement hors d'atteinte
l'est-elle en permanence et pour tous ?
J'ai
moi-même dit, dans un livre de témoignage et de révélations qui semble
impossible à faire paraître, tout ce que sans trahir peut être dit,
aujourd'hui, dan certains milieux et seulement pour les nôtres, au sujet
de ce qui, dissimulé suivant les souffles et les sceaux, les symboles
agissants, les procédures des anciennes sciences néoromantiques et
magiciennes romaines, persiste encore à se maintenir en état, sur la
frontière de ce monde et de l'autre, comme une identité en continuation,
en perpétuation ontologique de cette Roma Principia pour
laquelle Julius Evola et ses pairs sans nom et sans visage avaient
livré, récemment encore - il s'agit du XXème siècle - de si grandes
batailles restées inconnues et qui le resteront sans doute à jamais.
De
toutes les façons, ces sentiers de hauts précipices, menant hors des
limites de ce monde, qui sont les entiers du passage sous contrôle
médiumnique vers les religions transcendantales où se tient, immuable,
la Roma Principia, ne sont pas d'accès matériel direct,
visible, et on ne saurait en aucun cas à y parvenir autrement que par
les voies intérieurs de la conscience réveillée au supramental, ni sans
faire appel à des rituels philosophiques et à des états d'être de grand
péril, des plus prohibés, qui n'appartiennent en rien à la réalité
immédiate et aux conventions aliénantes de ce monde subversivement de
plus en plus étranger à ses propres principes.
Mais,
à la fin, quelles sont-elles donc ces "région transcendantales" où se
tient "immuable", sou le regard limpide, surhumain, de certains, cette Roma Principia
à laquelle nous revenons sans cesse, et, aussi, en quoi les
connaissances réactualisées de cette problématique si spéciale, occulte
et même occultiste, peuvent-elles s’avérer à nouveau utiles aux
tragiques engagements de nos propres combats de libération
grand-continental et de rétablissement impérial en cours ?
Même
si, en l’occurrence, il ne le fait que d'une manière indirecte, je
laisserai le soin de répondre à cette dernière question aux écrits de
Juius Evola lui-même et cette réponse, à ce qu'il me paraît, sera
décisive, une réponse fondatrice de doctrine.
Dans une revue de combat. La Vita Italiana, numéro d'octobre 1940, Julius Evola écrivait:
"...ceux
qui admettent l'existence de "forces occultes" ne les conçoivent trop
souvent que comme de simples organisations politiques secrètes, comme
des conspirations de certains hommes de la ploutocratie ou de la
maçonnerie, lesquels, en dehors de leur art de se masquer et d'agir
indirectement, seraient, au fond, des hommes comme tous les autres. Tout
cela est trop peu. Les fils du plan de subversion mondiale remontent
beaucoup plus haut - ils nous renvoient effectivement à 'l'occulte" au
sens propre et traditionnel : à savoir des forces supra-individuelles et
non-humaines, dont de nombreuses personnalités, tant de la scène que
des coulisses, ne sont souvent que Les instruments. Faire de confusions
de ce genre, et par conséquent s'arrêter à une conception superficielle
et "humaniste" de l'histoire, sous l'effet de préjugés concernant
"l'occulte" véritable, signifie notamment se priver de la possibilité de
comprendre à fond des problèmes d'une importance essentielle dans la
lutte contre la subversion mondiale".
L'enseignement
de Julius Evola est d'une rectitude traditionnelle parfaite, et il
renvoie aux mystérieuses recommandations de saint Paul dans un Épîtres
aux Éphésiens : "Car ce n'est pas contre un ennemi de sang et de chair
que nous avons à combattre, mais contre les Principautés, contre les
Puissances, contre les Régisseurs du Monde des Ténèbres, contre les
Esprits du Mal sui se tiennent sur les Hauteurs des Airs". Ep VI.12.
Ainsi,
il s'agit qu'on le comprenne d'une manière définitive : les causes
réelles des grands évènements historiques sont nécessairement cachées,
toute intelligence vraie des dimensions supérieurs, métahistoriques, de
l'histoire mondiale en marche s'adressera toujours à un centre de
gravité occulte, situé dans l'invisible. Tout ce qui apparaitra en plein
jour dans la marche de l'histoire visible, qui se donne à voir, est
occultement décidé ailleurs, témoigne des résultats d'une confrontation,
d'une épreuve de force, d'une bataille gagnée ou perdue dans
l'invisible et c'est dans l'invisible que se portent les grandes
batailles s'appropriant le sens ultime de l'histoire, et c'est aussi
dans l'invisible que nous-mêmes serons convoqués pour tout gagner ou
pour tout perdre lors des batailles décisives de notre génération, qui
seront, toutes, des batailles secrètes.
A
l'heure où notre génération s'apprête à regagner clandestinement les
positions prédestinées qui sont les siennes, d'avance, dans les futures
batailles pour la fondation métahistorique en même temps que
politico-révolutionnaire directe du plus grand Empire Eurasiatique de la
Fin, coronation suprême de la plus Grande Europe, nous devons donc
comprendre que ces batailles nous allons devoir les porter, à
quelques-uns, avant tout dans l'invisible, que c'est dans les
profondeurs interdites de l'invisible que, selon un ancien dessein, ce
qui doit se faire se fera et que, ce qui se fera, ce qui doit se faire,
c'est nous, et nous seuls qui le ferons, à l'heure prévue. Car il y a
une heure prévue et, désormais, celle-ci se veut imminente.
Et,
pour conclure, rappelons-nous qu'il n'y a pas de nouvelle fondation
impériale sans une nouvelle religion impériale, et que ce qu'il nous
faudra donc chercher dans les lointains de l'invisible se sera aussi le
feu du mystère vivant et de l'incarnation des principes vivants de cette
nouvelle religion impériale et de sa très secrète Nativité
Fondationnelle, l'insoutenable lumière nouvelle de sa propre Fulgens Corona.
Il n'y a qu'un seul Empire, écrivait Moeller van den Bruck, tout comme il n'y a qu'une seule Église.
La mission occulte de Julius Evola, sa très grande mission occulte,
n'avait-elle pas été celle, au bout du compte, d'aller chercher l'ancien
feu de vie pour ranimer l'être destitué du feu occidental et de son
être obscurci ?"