Harry
Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat, s'oppose à la
procédure accélérée, réclamée par la Maison-Blanche pour hâter les
négociations commerciales avec l'Union européenne ou avec les pays du
Pacifique. Un camouflet pour Barack Obama.
De notre correspondant à Washington
Le
leader de la majorité démocrate du Sénat ne veut pas aider la
Maison-Blanche à négocier des accords commerciaux. En déclarant qu'il
était «contre la procédure accélérée» indispensable à l'approbation sans
amendement par le Congrès de tout accord commercial, Harry Reid, allié
indispensable de Barack Obama au Congrès, torpille deux négociations.
La
première concerne le «Trans-Pacific Partnership» (TPP). Engagée avec
douze pays asiatiques dont le Japon et la Corée, depuis plusieurs années
elle était censée aboutir l'an dernier. La seconde, baptisée
«Transatlantic Trade and Investment Partnership» (TTIP) a été lancée en
juillet dernier avec l'Union européenne.
Cela ne veut pas dire que
les négociations vont s'interrompre pour autant. En revanche il est
clair que leurs chances d'aboutir avant les élections législatives de
novembre prochain sont désormais infimes. «On aura de la chance si le
TTIP aboutit sous la présidence de Barack Obama!», résume Ralph Ichter,
président d'Euroconsultants. «Après les élections, il faudrait que
Barack Obama se batte avec ses amis au Congrès pour faire passer des
accords commerciaux qui déplaisent aux syndicats et aux écologistes. Ce
n'est pas acquis», conclut ce spécialiste des questions commerciales.
Thèmes impopulaires auprès des syndicats
Le président américain, fragilisé par l'échec du lancement de sa réforme fétiche «Obamacare»,
a besoin de la gauche de son parti pour soutenir ses initiatives au
Congrès. Mais les démocrates, inquiets de la perspective d'une
reconquête possible du Sénat par les républicains en novembre, ne
veulent pas prendre de risques sur des thèmes impopulaires auprès des
syndicats. Or ces derniers, comme toujours, sont farouchement opposés à
l'idée de faciliter l'entrée de produits étrangers sur le marché
américain, ou la délocalisation d'emplois industriels.
Depuis
2007, la Maison-Blanche n'a plus l'autorité pour soumettre au Congrès un
accord commercial déjà négocié, afin qu'il soit approuvé ou rejeté sans
amendement. Le renouvellement de cette «procédure accélérée» fait
toujours l'objet d'âpres tractations entre l'exécutif et le Congrès.
Dans le passé le président Clinton avait dû se fâcher avec certains
alliés et travailler avec les républicains pour faire passer des traités
de libre-échange. On doute que Barack Obama puisse ou ose en faire
autant.