L’État islamique agonise dans le sang. Quelques centaines de ses
combattants ont lancé une série de raids éclair le 25 juillet dernier
contre plusieurs villages du sud de la Syrie, dans la province de
Soueïda, faisant plus de 250 morts. Cette province avait été épargnée
par les combats jusqu’à présent. Mais sa proximité avec le désert la met
maintenant en danger car c’est là que se cachent les lambeaux de
Daech ; d’autres résidus sont actifs plus à l’est, de part et d’autre de
Deir ez-Zor.
La tactique utilisée a été classique : des kamikazes conduisant des camions (ou à pied, parfois), se font sauter à proximité d’un barrage de soldats ou de villageois armés puis, profitant de la confusion, les autres islamistes entrent dans les maisons et assassinent leurs habitants ou mitraillent dans les rues, au hasard.
Ce sont les druzes qui ont payé le plus lourd tribut, cette fois. De nombreux villages de cette région sont, en effet, habités par cette communauté, très présente dans le sud de la Syrie, jusqu’au plateau du Golan et en territoire israélien. Les druzes ont toujours été à part, en Syrie comme ailleurs. Très soucieux de leur identité et de leurs traditions, ils forment un clan soudé. La guerre, en Syrie, a pourtant été l’occasion de désaccords en son sein. Une grande partie est restée neutre ou fidèle à Bachar, mais d’autres ont participé aux premières manifestations anti-Bachar à Deraa en 2011. Un groupe rebelle a même été constitué, mais l’assassinat d’un dignitaire druze par le très islamiste Front al-Nosra en 2012 a tout changé.
Aujourd’hui, les druzes défendent leur territoire face aux islamistes avec détermination. Ils acceptent d’épauler l’armée mais refusent d’être déployés hors de leur région, refus que l’armée syrienne se garde bien d’enfreindre. Cette attaque de Daech va renforcer leur détermination face aux islamistes. Les aviations russe et syrienne ont mené plusieurs raids contre les agresseurs, faisant une cinquantaine de morts, mais nul doute que le pouvoir de nuisance de Daech reste important.
Une voix dissonante s’est fait entendre au sein de la communauté druze. Le triste Joumblat, un des chefs de la communauté druze libanaise (un homme qui a beaucoup de sang chrétien sur les mains), a accusé Damas d’être responsable de cette tragédie. En effet, après la reprise de Yarmouk au printemps dernier (banlieue de Damas), une enclave de Daech a fait l’objet de négociations. Plusieurs centaines de combattants ont été autorisés à partir, ce qui a épargné de lourdes pertes à l’armée syrienne qui, on le sait, a d’importantes difficultés à combler les vides provoqués par sept ans de guerre.
Joumblatt pense que ce sont eux qui ont attaqué les villages druzes et accuse le régime syrien d’imprudence.
Rien n’est sûr, mais ce qui l’est, c’est qu’à quelques kilomètres de là, la base américaine d’Al-Tanaf n’a jamais rien organisé contre les hommes de Daech. Alors, pourquoi a-t-elle été construite ?
Antoine de Lacoste
Source
La tactique utilisée a été classique : des kamikazes conduisant des camions (ou à pied, parfois), se font sauter à proximité d’un barrage de soldats ou de villageois armés puis, profitant de la confusion, les autres islamistes entrent dans les maisons et assassinent leurs habitants ou mitraillent dans les rues, au hasard.
Ce sont les druzes qui ont payé le plus lourd tribut, cette fois. De nombreux villages de cette région sont, en effet, habités par cette communauté, très présente dans le sud de la Syrie, jusqu’au plateau du Golan et en territoire israélien. Les druzes ont toujours été à part, en Syrie comme ailleurs. Très soucieux de leur identité et de leurs traditions, ils forment un clan soudé. La guerre, en Syrie, a pourtant été l’occasion de désaccords en son sein. Une grande partie est restée neutre ou fidèle à Bachar, mais d’autres ont participé aux premières manifestations anti-Bachar à Deraa en 2011. Un groupe rebelle a même été constitué, mais l’assassinat d’un dignitaire druze par le très islamiste Front al-Nosra en 2012 a tout changé.
Aujourd’hui, les druzes défendent leur territoire face aux islamistes avec détermination. Ils acceptent d’épauler l’armée mais refusent d’être déployés hors de leur région, refus que l’armée syrienne se garde bien d’enfreindre. Cette attaque de Daech va renforcer leur détermination face aux islamistes. Les aviations russe et syrienne ont mené plusieurs raids contre les agresseurs, faisant une cinquantaine de morts, mais nul doute que le pouvoir de nuisance de Daech reste important.
Une voix dissonante s’est fait entendre au sein de la communauté druze. Le triste Joumblat, un des chefs de la communauté druze libanaise (un homme qui a beaucoup de sang chrétien sur les mains), a accusé Damas d’être responsable de cette tragédie. En effet, après la reprise de Yarmouk au printemps dernier (banlieue de Damas), une enclave de Daech a fait l’objet de négociations. Plusieurs centaines de combattants ont été autorisés à partir, ce qui a épargné de lourdes pertes à l’armée syrienne qui, on le sait, a d’importantes difficultés à combler les vides provoqués par sept ans de guerre.
Joumblatt pense que ce sont eux qui ont attaqué les villages druzes et accuse le régime syrien d’imprudence.
Rien n’est sûr, mais ce qui l’est, c’est qu’à quelques kilomètres de là, la base américaine d’Al-Tanaf n’a jamais rien organisé contre les hommes de Daech. Alors, pourquoi a-t-elle été construite ?
Antoine de Lacoste
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