Michel Lhomme
Ils étaient 200 en juillet, 400 en septembre
et 750 en décembre. Ce sont les scientifiques spécialistes du cerveau
qui protestent contre le projetThe Human Brain Project (HBP),
financé par l'Europe pour 1 600 millions de dollars et dont l'objectif
est de reproduire artificiellement le fonctionnement du cerveau humain
sur de super ordinateurs. Leur crainte est que ce projet absorbe
d'énormes quantités d'argent qui n'iront pas aux travaux de recherche en
cours sur le cerveau. The Brain Project durera dix ans et sera
essentiellement financé par l'Union Européenne. Il est dirigé par
l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Un groupe de 200
scientifiques avaient déjà adressé cet été une lettre ouverte à la
Commission européenne pour dire tout le mal qu'ils pensaient de ce grand
projet de recherche sur le cerveau, projet en fait totalement centré
sur la simulation cérébrale avec l'espoir de créer un vrai cerveau
synthétique. Un médiateur, l'Allemand Wolfgang Marquardt a été nommé
pour désamorcer la crise. Néanmoins, à la fin de l'année, le projet
européen basé à Genève a tenu sa deuxième assemblée annuelle en
Allemagne pour présenter ses travaux et ses résultats.
Les scientifiques participant au programme ont déjà réalisé un modèle basé sur les cellules neuronales d’une souris et réussi à connecter ces cellules (synapses) dans le néocortex (aire dédiée aux fonctions dites supérieures). Depuis la sélection par l’Europe du Projet du Cerveau Humain comme programme phare de recherche en 2013, ils ont reproduit ce processus avec le cervelet du rongeur, soit la zone responsable notamment du mouvement des parties du corps. Les chercheurs ont aussi annoncé avoir mis au point un programme informatique qui reproduit virtuellement un corps de souris et un environnement tout aussi virtuel où ce corps évolue dans un labyrinthe.
La partie du HBP consacrée à l’informatique médicale aurait également réalisé de grandes avancées. Mira Marcus-Kalish, de l’Université de Tel-Aviv, s’est livrée à une analyse selon une méthode nouvelle d’une base de données existante sur l’Alzheimer. Elle a trouvé dix nouvelles «signatures» indiquant la présence de cette maladie. Dans le domaine des ordinateurs, les leaders du HBP ont présenté le travail d’un chercheur allemand. Il a utilisé une puce d’un genre nouveau, dite neuromorphique, dont le fonctionnement imite celui du cerveau pour reproduire de manière virtuelle le fonctionnement de l’olfaction.
Si le ton était enthousiaste lors de ce deuxième congrès annuel, à Heidelberg en Allemagne, la tension due à la crise interne entre les neurobiologistes était très palpable dans les couloirs et les travées des amphis. Il n’a, par exemple, pas été possible d’interroger le professeur Stanislas Dehaene, grand neuroscientifique français, membre du HBP, car il est aujourd'hui l’une des voix critiques quant à la suite prévue par les instances dirigeantes pour la phase opérationnelle du projet, à partir du printemps 2016.
A noter pour les hispanisants, le succès extraordinaire du neurobiologisteFacundo Manes qui fit partie de l'équipe médicale qui opéra la Présidente Cristina Fernandez et dont le livre Usar el cerebro est devenu un vrai phénomène éditorial à Buenos Aires avec plus de 100 000 exemplaires vendus, des conférences dans tout le pays et un best-seller aussi en Uruguay et au Chili depuis quelques semaines. Même le pape aurait lu son compatriote Manes au Vatican !
Il faut savoir qu'avec le développement récent de l'imagerie médicale en neurobiologie, on a appris plus sur le cerveau en 70 ans que durant les 5 000 ans présents de l'histoire de l'humanité. On plonge ainsi de plus en plus aux frontières de la conscience.
L'idée de faire lever le paralytique n'est plus une utopie imaginaire. On envisage très sérieusement de faire des implants neuronaux en cas de lésions cérébrales ou de paralysies accidentelles qui permettraient de mouvoir par exemple des bras robotiques. Dans son livre non traduit en français, Facundo Manes insiste sur les fonctions proprement humaines du cerveau, ce qu'on pourrait caractériser par la dynamique cérébrale et les fonctions cognitives, le défi actuel étant de se demander comment notre cerveau orchestre par exemple ses multiples aires donnant naissance à la conscience, au langage, à l'intelligence ou à la capacité d'adaptation au monde social. Le travail de Facundo Manes insiste sur l'exercice cérébral nous rappelant les théories prophétiques du grand pédagogue toujours ignoré par l'Education nationale, Antoine de la Garanderie. Etudier le cerveau pour le faire fonctionner mieux, pour améliorer les apprentissages étaient déjà les buts affichés de la « gestion mentale » de La Garanderie qui a été l'un des premiers à saisir l'importance sur le plan de la transmission des savoirs des découvertes neurobiologiques.
Manes insiste sur la neuroplasticité du cerveau humain remettant en cause le dogme d'un système nerveux figé, rigide ou peu modifiable. En réalité, le cerveau humain a la capacité de se modifier en permanence et de changer même ses ''mécanismes'' à l'âge adulte. Contrairement au sens commun, mener plusieurs activités de front comme entendre de la musique sur casque et suivre en même temps un cours ou rédiger une dissertation est mobilisateur des aires cérébrales. Il faut maintenir les fonctions cérébrales actives en exerçant en permanence plusieurs activités et continuer ainsi de développer avec l'âge de multiples centres d'intérêts, être tout simplement curieux. La connaissance scientifique du cerveau retrouve les vieilles sagesses populaires. Le cerveau est un organe comme un autre : il s'atrophie en ne s'exerçant pas.
Les scientifiques participant au programme ont déjà réalisé un modèle basé sur les cellules neuronales d’une souris et réussi à connecter ces cellules (synapses) dans le néocortex (aire dédiée aux fonctions dites supérieures). Depuis la sélection par l’Europe du Projet du Cerveau Humain comme programme phare de recherche en 2013, ils ont reproduit ce processus avec le cervelet du rongeur, soit la zone responsable notamment du mouvement des parties du corps. Les chercheurs ont aussi annoncé avoir mis au point un programme informatique qui reproduit virtuellement un corps de souris et un environnement tout aussi virtuel où ce corps évolue dans un labyrinthe.
La partie du HBP consacrée à l’informatique médicale aurait également réalisé de grandes avancées. Mira Marcus-Kalish, de l’Université de Tel-Aviv, s’est livrée à une analyse selon une méthode nouvelle d’une base de données existante sur l’Alzheimer. Elle a trouvé dix nouvelles «signatures» indiquant la présence de cette maladie. Dans le domaine des ordinateurs, les leaders du HBP ont présenté le travail d’un chercheur allemand. Il a utilisé une puce d’un genre nouveau, dite neuromorphique, dont le fonctionnement imite celui du cerveau pour reproduire de manière virtuelle le fonctionnement de l’olfaction.
Si le ton était enthousiaste lors de ce deuxième congrès annuel, à Heidelberg en Allemagne, la tension due à la crise interne entre les neurobiologistes était très palpable dans les couloirs et les travées des amphis. Il n’a, par exemple, pas été possible d’interroger le professeur Stanislas Dehaene, grand neuroscientifique français, membre du HBP, car il est aujourd'hui l’une des voix critiques quant à la suite prévue par les instances dirigeantes pour la phase opérationnelle du projet, à partir du printemps 2016.
A noter pour les hispanisants, le succès extraordinaire du neurobiologisteFacundo Manes qui fit partie de l'équipe médicale qui opéra la Présidente Cristina Fernandez et dont le livre Usar el cerebro est devenu un vrai phénomène éditorial à Buenos Aires avec plus de 100 000 exemplaires vendus, des conférences dans tout le pays et un best-seller aussi en Uruguay et au Chili depuis quelques semaines. Même le pape aurait lu son compatriote Manes au Vatican !
Il faut savoir qu'avec le développement récent de l'imagerie médicale en neurobiologie, on a appris plus sur le cerveau en 70 ans que durant les 5 000 ans présents de l'histoire de l'humanité. On plonge ainsi de plus en plus aux frontières de la conscience.
L'idée de faire lever le paralytique n'est plus une utopie imaginaire. On envisage très sérieusement de faire des implants neuronaux en cas de lésions cérébrales ou de paralysies accidentelles qui permettraient de mouvoir par exemple des bras robotiques. Dans son livre non traduit en français, Facundo Manes insiste sur les fonctions proprement humaines du cerveau, ce qu'on pourrait caractériser par la dynamique cérébrale et les fonctions cognitives, le défi actuel étant de se demander comment notre cerveau orchestre par exemple ses multiples aires donnant naissance à la conscience, au langage, à l'intelligence ou à la capacité d'adaptation au monde social. Le travail de Facundo Manes insiste sur l'exercice cérébral nous rappelant les théories prophétiques du grand pédagogue toujours ignoré par l'Education nationale, Antoine de la Garanderie. Etudier le cerveau pour le faire fonctionner mieux, pour améliorer les apprentissages étaient déjà les buts affichés de la « gestion mentale » de La Garanderie qui a été l'un des premiers à saisir l'importance sur le plan de la transmission des savoirs des découvertes neurobiologiques.
Manes insiste sur la neuroplasticité du cerveau humain remettant en cause le dogme d'un système nerveux figé, rigide ou peu modifiable. En réalité, le cerveau humain a la capacité de se modifier en permanence et de changer même ses ''mécanismes'' à l'âge adulte. Contrairement au sens commun, mener plusieurs activités de front comme entendre de la musique sur casque et suivre en même temps un cours ou rédiger une dissertation est mobilisateur des aires cérébrales. Il faut maintenir les fonctions cérébrales actives en exerçant en permanence plusieurs activités et continuer ainsi de développer avec l'âge de multiples centres d'intérêts, être tout simplement curieux. La connaissance scientifique du cerveau retrouve les vieilles sagesses populaires. Le cerveau est un organe comme un autre : il s'atrophie en ne s'exerçant pas.
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