Pierrick Fay
L’euro est au plus bas depuis douze ans. La divergence de politique monétaire profite au billet vert.
L’euro n’en finit plus de tomber. Il a touché mardi un nouveau plus haut depuis avril 2003 face au dollar ! Depuis le début de l’année, l’euro, qui valait alors 1,21 dollar, a perdu 11,5% de sa valeur contre le billet vert. Et la tendance va en s’accélérant. En seulement deux semaines, la monnaie unique a perdu 5,7 %, à près de 1,07 dollar ! Une rechute qui coïncide, notamment, avec le lancement du programme de rachat d’actifs de la Banque centrale européenne (QE).
En faisant tourner la planche à billets, pour lutter contre la déflation, la BCE inonde aussi le marché avec des euros, ce qui pèse sur la valeur de la devise. Par ailleurs, les taux bas record dans la zone euro poussent les investisseurs à choisir des destinations plus rémunératrices pour leur argent, notamment en zone dollar. Alors que le 10 ans allemand a touché mardi un nouveau plus bas historique à 0,236 %, l’écart de rendement avec le dix ans américain atteint 190 points de base, du jamais-vu depuis 1997.
D’ailleurs, l’euro ne plonge pas seulement face au dollar. La monnaie européenne a perdu aussi 8 % de sa valeur depuis le début de l’année face à un panier de 19 monnaies partenaires de la zone euro. Le taux de change effectif de l’euro est au plus bas depuis juin 2002 !
Le marché reste donc aveugle aux signes d’amélioration, certes minimes, de la conjoncture économique en Europe. « Les statistiques européennes ont dépassé les attentes, avant même le début du QE », constate ainsi la Société Générale, qui se base sur l’indice de surprise économique publié par Citigroup. « Mais l’euro n’en profite pas, tiré vers le bas par des niveaux de taux désavantageux et le programme de rachat d’actifs de la BCE. » La banque qui note d’ailleurs que « la dernière fois que l’indice de surprise économique européen était supérieur à celui des Etats-Unis, la Banque centrale européenne était en train de resserrer sa politique monétaire et l’euro était à 1,40 dollar… C’était en 2011 ».
Hausse des taux de la Fed ?
Une autre époque, car, à court terme, la politique ultra-accommodante de la BCE semble trop forte pour que les marchés se focalisent sur quelques statistiques éparses. D’autant plus que la Réserve fédérale américaine a pris un autre chemin. La Fed a mis fin, en octobre dernier, à sa propre politique d’assouplissement quantitatif, le QE. Les investisseurs attendent la suite, à savoir la date de la hausse des taux directeurs. Et celle-ci pourrait bien approcher à grands pas. L’hypothèse d’une hausse des taux dès le mois de juin a en effet pris un peu plus de consistance depuis la publication vendredi de bons chiffres du chômage aux Etats-Unis. « Des chiffres trop bons », constate Aurel BGC. « Il sera difficile aux membres du comité monétaire de la Fed de ne pas constater une amélioration du marché du travail. » Conclusion de l’économiste : « La politique de taux zéro se justifie de moins en moins aux Etats-Unis ».
A ce titre, les « faucons » de la Fed ressortent du bois, à l’instar de Richard Fisher, président de la Fed de Dallas. Celui-ci plaide pour une hausse des taux « graduelle et à courte échéance plutôt que tardive et précipitée », avec un argument choc: « A chaque fois que la Fed a resserré sa politique monétaire après avoir atteint le plein emploi, elle a propulsé l’économie en récession ». Or, selon lui, l’économie américaine devrait atteindre le plein emploi dès cet été.
Même si Richard Fisher ne vote pas lors des réunions de la Fed, sa mise en garde pourrait finir par faire mouche auprès d’autres membres de la banque centrale. A ce titre, la prochaine réunion de la Fed, les 17 et 18 mars, pourrait bien marquer un tournant. Le terme « patient » mis en avant par Janet Yellen pourrait bien disparaître du communiqué de l’institution, ouvrant ainsi la voie à la première hausse des taux aux Etats-Unis depuis juin 2006. Ils culminaient alors à 5,25 %. En attendant, rien ne semble pouvoir arrêter la chevauchée fantastique du dollar, au plus haut depuis 7 ans face au yen et, depuis septembre 2003, face à un panier de monnaies.
L’euro n’en finit plus de tomber. Il a touché mardi un nouveau plus haut depuis avril 2003 face au dollar ! Depuis le début de l’année, l’euro, qui valait alors 1,21 dollar, a perdu 11,5% de sa valeur contre le billet vert. Et la tendance va en s’accélérant. En seulement deux semaines, la monnaie unique a perdu 5,7 %, à près de 1,07 dollar ! Une rechute qui coïncide, notamment, avec le lancement du programme de rachat d’actifs de la Banque centrale européenne (QE).
En faisant tourner la planche à billets, pour lutter contre la déflation, la BCE inonde aussi le marché avec des euros, ce qui pèse sur la valeur de la devise. Par ailleurs, les taux bas record dans la zone euro poussent les investisseurs à choisir des destinations plus rémunératrices pour leur argent, notamment en zone dollar. Alors que le 10 ans allemand a touché mardi un nouveau plus bas historique à 0,236 %, l’écart de rendement avec le dix ans américain atteint 190 points de base, du jamais-vu depuis 1997.
D’ailleurs, l’euro ne plonge pas seulement face au dollar. La monnaie européenne a perdu aussi 8 % de sa valeur depuis le début de l’année face à un panier de 19 monnaies partenaires de la zone euro. Le taux de change effectif de l’euro est au plus bas depuis juin 2002 !
Le marché reste donc aveugle aux signes d’amélioration, certes minimes, de la conjoncture économique en Europe. « Les statistiques européennes ont dépassé les attentes, avant même le début du QE », constate ainsi la Société Générale, qui se base sur l’indice de surprise économique publié par Citigroup. « Mais l’euro n’en profite pas, tiré vers le bas par des niveaux de taux désavantageux et le programme de rachat d’actifs de la BCE. » La banque qui note d’ailleurs que « la dernière fois que l’indice de surprise économique européen était supérieur à celui des Etats-Unis, la Banque centrale européenne était en train de resserrer sa politique monétaire et l’euro était à 1,40 dollar… C’était en 2011 ».
Hausse des taux de la Fed ?
Une autre époque, car, à court terme, la politique ultra-accommodante de la BCE semble trop forte pour que les marchés se focalisent sur quelques statistiques éparses. D’autant plus que la Réserve fédérale américaine a pris un autre chemin. La Fed a mis fin, en octobre dernier, à sa propre politique d’assouplissement quantitatif, le QE. Les investisseurs attendent la suite, à savoir la date de la hausse des taux directeurs. Et celle-ci pourrait bien approcher à grands pas. L’hypothèse d’une hausse des taux dès le mois de juin a en effet pris un peu plus de consistance depuis la publication vendredi de bons chiffres du chômage aux Etats-Unis. « Des chiffres trop bons », constate Aurel BGC. « Il sera difficile aux membres du comité monétaire de la Fed de ne pas constater une amélioration du marché du travail. » Conclusion de l’économiste : « La politique de taux zéro se justifie de moins en moins aux Etats-Unis ».
A ce titre, les « faucons » de la Fed ressortent du bois, à l’instar de Richard Fisher, président de la Fed de Dallas. Celui-ci plaide pour une hausse des taux « graduelle et à courte échéance plutôt que tardive et précipitée », avec un argument choc: « A chaque fois que la Fed a resserré sa politique monétaire après avoir atteint le plein emploi, elle a propulsé l’économie en récession ». Or, selon lui, l’économie américaine devrait atteindre le plein emploi dès cet été.
Même si Richard Fisher ne vote pas lors des réunions de la Fed, sa mise en garde pourrait finir par faire mouche auprès d’autres membres de la banque centrale. A ce titre, la prochaine réunion de la Fed, les 17 et 18 mars, pourrait bien marquer un tournant. Le terme « patient » mis en avant par Janet Yellen pourrait bien disparaître du communiqué de l’institution, ouvrant ainsi la voie à la première hausse des taux aux Etats-Unis depuis juin 2006. Ils culminaient alors à 5,25 %. En attendant, rien ne semble pouvoir arrêter la chevauchée fantastique du dollar, au plus haut depuis 7 ans face au yen et, depuis septembre 2003, face à un panier de monnaies.
Source: |
Les Echos