Michèle Cotta
Rassurant sur la forme, le ministre de
l'Économie s'est parfois montré flou sur le fond lors de l'émission "Des
paroles et des actes" sur France 2.
Et pendant ce temps-là, Macron va son petit bonhomme de chemin. Il a avalé l'épisode du 49.3. Pas drôle, en effet, d'avoir passé pour rien des heures et des heures à guerroyer, amendement après amendement, ligne à ligne, pour présenter au Parlement un texte dont il pensait bien qu'il serait adopté, de façon normale, par la plus grosse partie de la majorité et un tout petit volet venu de l'opposition. Douloureux apprentissage de la vie parlementaire. L'apprentissage de la télévision sera sans doute plus facile pour Emmanuel Macron, même s'il reste encore une sorte d'ovni de la politique : pour sa première grande émission publique, sur France 2, il a choisi, il l'a redit plusieurs fois, d'être lui-même en gardant sa fougue, sa sincérité, ses convictions, sa jeunesse.
Il n'a pas les codes faits sur mesure des leaders politiques les plus anciens, ne se surveille pas, sourit quant il a envie de sourire, râle contre son interlocuteur si celui-ci l'énerve, soupire lorsque Nicolas Sarkozy le caricature dans un meeting public, accepte au contraire de se laisser convaincre s'il juge recevables les arguments de son adversaire. Et s'irrite carrément devant les remèdes proposés par un Florian Philippot sûr de lui, solutions qu'il conteste et renverse les unes après les autres. Bref, il ne s'est pas fabriqué une image pour l'occasion. Il est resté naturel, ce qui n'allait pas de soi pour ce premier de la classe confronté à son premier examen de passage médiatique.
Une image positive sur la forme
Sur la forme, Emmanuel Macron a réussi à donner de lui une image positive : le sondage final, souvent difficile pour ceux qui se sont assis avant lui autour de la table carrée de David Pujadas, révèle un personnage courageux, convaincu et aussi, peut-être est-ce l'adjectif le plus inattendu, rassurant. Pas mal à une époque où il est de bon ton de parler de l'insincérité et du manque de convictions du personnel politique français. Ce qui est plus intéressant encore dans le sondage qui clôturait l'émission est le jugement que portent sur lui les sympathisants du Parti socialiste. On pouvait craindre que le ramdam fait par les "frondeurs" autour de ce jeune ministre, immédiatement catalogué par eux comme étant trop libéral, trop peu de gauche en somme, ne finisse par s'imposer chez les électeurs socialistes.
Il n'en a rien été, une grande majorité d'entre eux le considérant comme restant bien dans les clous d'une gauche telle qu'ils la souhaitent, moderne et dynamique. Reste la question fatale : Macron peut-il vraiment changer les choses et le monde ? Seule une toute petite majorité, 51 %, le pense. Comme si personne, aussi courageux qu'il soit, ne pouvait rien pour réformer la France, même si les Français attendent qu'il le fasse. Constat désenchanté, qui ne surprendra personne. Même si Emmanuel Macron a tenté d'en expliquer les raisons, force est de convenir que la France redémarre, certes, mais plus lentement que bien d'autres pays européens qui ont pourtant connu une plus grande austérité.
Est-il de gauche, Emmanuel Macron, est-il de droite ?
Le ministre de l'Économie a développé son analyse : l'intervention de l'État, plus présent, plus puissant en France qu'ailleurs, a freiné la descente aux enfers qu'ont connue, ailleurs, les Espagnols ou les Portugais. En revanche, la lourdeur de ce même État, de ce même modèle social français, fait que la reprise est plus lente en France. Un gouvernement et un ministre socialistes peuvent-ils alléger l'État en France ? Tout le problème est là, en effet. Peut-on faire maigrir le mammouth, dégraisser, mot terrible, nos administrations étatiques ou territoriales, décider des économies dans les services publics, fermer les robinets, redistribuer une richesse que l'on n'a pas en étant de gauche ?
Emmanuel Macron a plaidé, des heures durant, qu'il fallait certes aller dans ce sens, tant sur le Code du travail que sur les 35 heures ou même sur la dégressivité des allocations chômage. Mais il l'a fait en restant parfois flou, lui qui n'a guère coutume de l'être, sur le rythme des réformes plus que sur leur contenu. En démontrant que sa route, véritable chemin de crête, passait entre un libéralisme effréné et la préservation, ou l'accumulation, de droits sociaux dépassés. Est-il de gauche, Emmanuel Macron, est-il de droite ? Et si, tout simplement, sa présence au gouvernement était en elle-même une réponse à ce qui est devenu la question essentielle de nos sociétés européennes : oui, désormais, la lutte des classes n'a plus de sens, oui, le mur de Berlin est tombé il y a déjà plus de 25 ans. Oui, désormais, entre la gauche et la droite, il y a des conservateurs et des modernistes des deux côtés, des extrémistes des deux côtés. Ah, si on pouvait inventer un libéralisme régulé dans le cadre d'une démocratie socialiste moderne ! Parce qu'il a 38 ans, Emmanuel Macron aura peut-être le temps et la volonté d'atteindre ce nouvel âge de la politique.
Et pendant ce temps-là, Macron va son petit bonhomme de chemin. Il a avalé l'épisode du 49.3. Pas drôle, en effet, d'avoir passé pour rien des heures et des heures à guerroyer, amendement après amendement, ligne à ligne, pour présenter au Parlement un texte dont il pensait bien qu'il serait adopté, de façon normale, par la plus grosse partie de la majorité et un tout petit volet venu de l'opposition. Douloureux apprentissage de la vie parlementaire. L'apprentissage de la télévision sera sans doute plus facile pour Emmanuel Macron, même s'il reste encore une sorte d'ovni de la politique : pour sa première grande émission publique, sur France 2, il a choisi, il l'a redit plusieurs fois, d'être lui-même en gardant sa fougue, sa sincérité, ses convictions, sa jeunesse.
Il n'a pas les codes faits sur mesure des leaders politiques les plus anciens, ne se surveille pas, sourit quant il a envie de sourire, râle contre son interlocuteur si celui-ci l'énerve, soupire lorsque Nicolas Sarkozy le caricature dans un meeting public, accepte au contraire de se laisser convaincre s'il juge recevables les arguments de son adversaire. Et s'irrite carrément devant les remèdes proposés par un Florian Philippot sûr de lui, solutions qu'il conteste et renverse les unes après les autres. Bref, il ne s'est pas fabriqué une image pour l'occasion. Il est resté naturel, ce qui n'allait pas de soi pour ce premier de la classe confronté à son premier examen de passage médiatique.
Une image positive sur la forme
Sur la forme, Emmanuel Macron a réussi à donner de lui une image positive : le sondage final, souvent difficile pour ceux qui se sont assis avant lui autour de la table carrée de David Pujadas, révèle un personnage courageux, convaincu et aussi, peut-être est-ce l'adjectif le plus inattendu, rassurant. Pas mal à une époque où il est de bon ton de parler de l'insincérité et du manque de convictions du personnel politique français. Ce qui est plus intéressant encore dans le sondage qui clôturait l'émission est le jugement que portent sur lui les sympathisants du Parti socialiste. On pouvait craindre que le ramdam fait par les "frondeurs" autour de ce jeune ministre, immédiatement catalogué par eux comme étant trop libéral, trop peu de gauche en somme, ne finisse par s'imposer chez les électeurs socialistes.
Il n'en a rien été, une grande majorité d'entre eux le considérant comme restant bien dans les clous d'une gauche telle qu'ils la souhaitent, moderne et dynamique. Reste la question fatale : Macron peut-il vraiment changer les choses et le monde ? Seule une toute petite majorité, 51 %, le pense. Comme si personne, aussi courageux qu'il soit, ne pouvait rien pour réformer la France, même si les Français attendent qu'il le fasse. Constat désenchanté, qui ne surprendra personne. Même si Emmanuel Macron a tenté d'en expliquer les raisons, force est de convenir que la France redémarre, certes, mais plus lentement que bien d'autres pays européens qui ont pourtant connu une plus grande austérité.
Est-il de gauche, Emmanuel Macron, est-il de droite ?
Le ministre de l'Économie a développé son analyse : l'intervention de l'État, plus présent, plus puissant en France qu'ailleurs, a freiné la descente aux enfers qu'ont connue, ailleurs, les Espagnols ou les Portugais. En revanche, la lourdeur de ce même État, de ce même modèle social français, fait que la reprise est plus lente en France. Un gouvernement et un ministre socialistes peuvent-ils alléger l'État en France ? Tout le problème est là, en effet. Peut-on faire maigrir le mammouth, dégraisser, mot terrible, nos administrations étatiques ou territoriales, décider des économies dans les services publics, fermer les robinets, redistribuer une richesse que l'on n'a pas en étant de gauche ?
Emmanuel Macron a plaidé, des heures durant, qu'il fallait certes aller dans ce sens, tant sur le Code du travail que sur les 35 heures ou même sur la dégressivité des allocations chômage. Mais il l'a fait en restant parfois flou, lui qui n'a guère coutume de l'être, sur le rythme des réformes plus que sur leur contenu. En démontrant que sa route, véritable chemin de crête, passait entre un libéralisme effréné et la préservation, ou l'accumulation, de droits sociaux dépassés. Est-il de gauche, Emmanuel Macron, est-il de droite ? Et si, tout simplement, sa présence au gouvernement était en elle-même une réponse à ce qui est devenu la question essentielle de nos sociétés européennes : oui, désormais, la lutte des classes n'a plus de sens, oui, le mur de Berlin est tombé il y a déjà plus de 25 ans. Oui, désormais, entre la gauche et la droite, il y a des conservateurs et des modernistes des deux côtés, des extrémistes des deux côtés. Ah, si on pouvait inventer un libéralisme régulé dans le cadre d'une démocratie socialiste moderne ! Parce qu'il a 38 ans, Emmanuel Macron aura peut-être le temps et la volonté d'atteindre ce nouvel âge de la politique.
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