Entretien avec Alain de Benoist
Michel Onfray assure qu’il sera toujours en
empathie avec une idée juste, qu’elle soit de droite ou de gauche,
plutôt qu’avec une idée fausse, qu’elle soit de gauche ou de droite.
D’où l’estime qu’il semble vous porter, et dont Manuel Valls vient de
lui faire bruyamment reproche. Mais quel sens peut bien avoir cette
polémique ? Et d’ailleurs, êtes-vous de droite ou de gauche ?
Je pourrais vous répondre que j’ai des idées de gauche et des valeurs de droite, mais il y a bien longtemps que je ne me définis plus par rapport à ce clivage, aujourd’hui devenu totalement obsolète. De surcroît, je ne suis pas un acteur de la vie politique, mais seulement un observateur. Je suis bien conscient, enfin, de l’inaptitude de l’immense majorité des hommes politiques à comprendre quoi que ce soit aux débats d’idées. Les idées divisent, c’est bien connu, alors qu’ils veulent avant tout rassembler. Manuel Valls, qui est à peu près inculte, ne fait pas exception à la règle. La seule chose qui le préoccupe est de savoir comment qualifier le Parti socialiste au second tour de la présidentielle de 2017. Ce ne sont pas les lecteurs qui l’intéressent, mais les électeurs.
La question qu’il faut se poser est celle-ci : pourquoi attaquer Michel Onfray en pleine campagne électorale ? La réponse, à mon avis, est que Onfray joue pour Valls le rôle de la statue du Commandeur. Loin de s’être « droitisé », contrairement à ce qu’affirme le Premier ministre, il campe au contraire sur ses positions libertaires et socialistes proudhoniennes. Il n’a donc que mépris pour un gouvernement réformiste libéral, qui a trahi toutes ses promesses pour se mettre à la remorque des marchés financiers et, dans le domaine de la politique étrangère, au service des Américains. Michel Onfray, c’est la mauvaise conscience de Manuel Valls !
Manuel Valls assure qu’entre le GRECE, cercle de réflexion dont vous avez été l’un des fondateurs, et le Club de l’Horloge, ce serait bonnet blanc et blanc bonnet. Dans la foulée, le Premier ministre vous déclare responsable de la « matrice idéologique du Front national ». Si c’était vrai, le parti de Marine Le Pen devrait être « européiste » et régionaliste, tout en professant un socialisme à la Charles Péguy relayé par les thèses « décroissantes ». Est-ce bien sérieux ?
J’ai publié à ce jour près de 100 livres, plus de 2.000 articles et 600 entretiens. Manuel Valls n’en a bien entendu pas lu la moindre ligne. Il ne connaît de moi que ce qu’il a lu sur la fiche qu’on lui a transmise. Je n’ai bien entendu jamais fait partie du Club de l’Horloge, et le rôle de « matrice idéologique » qu’il me prête généreusement a dû bien faire rigoler l’état-major du FN. Mais tout cela est sans importance. Cela montre seulement que, dans ce domaine-là aussi, la classe dirigeante vit dans le déni du réel. Manuel Valls est une petite chose nerveuse, dont les coups de menton mussoliniens cachent mal le désarroi. Il voit que les intellectuels l’ont lâché, qu’un bon tiers des Français sympathisent avec l’hydre Front national, que le peuple fait sécession, qu’il ne lui reste plus que BHL et JoeyStarr. Il en est à dire qu’il vaut mieux avoir tort avec BHL que raison avec Onfray, ce qui est révélateur. Il fait partie de cette classe dirigeante qui sent aujourd’hui le sol se dérober sous elle. Ses propos pathétiques montrent qu’il a totalement pété les plombs.
La speakerine Léa Salamé vous reproche, sur France Inter et par Michel Onfray interposé, vos engagements de jeunesse, que ce soit en faveur de la Rhodésie ou de l’Algérie française. Et ce dernier de lui rétorquer en direct que d’autres intellectuels, tels Bernard-Henri Lévy et autres Philippe Sollers, étaient alors maoïstes. Une fois de plus, est-ce bien plausible ?
Je suppose que la pom-pom girl de France Inter n’est pas non plus quelqu’un avec qui l’on peut parler d’herméneutique ou de phénoménologie ! Avec l’œuvre de Michel Onfray, elle doit avoir le même rapport que Fleur Pellerin avec celle de Patrick Modiano. Quant à moi, j’ai certes beaucoup évolué en un demi-siècle de travail de la pensée, mais je n’ai jamais rien renié. Je me suis au demeurant longuement expliqué sur mon itinéraire dans mon autobiographie, Mémoire vive, parue chez Bernard de Fallois il y a trois ans. Je continue à m’exprimer dans mes livres, dans les revues que je dirige, Krisis et Nouvelle École, et dans le magazine Éléments, dont je suis l’éditorialiste. Plutôt que de procrastiner, je m’opiniâtre.
Je pourrais vous répondre que j’ai des idées de gauche et des valeurs de droite, mais il y a bien longtemps que je ne me définis plus par rapport à ce clivage, aujourd’hui devenu totalement obsolète. De surcroît, je ne suis pas un acteur de la vie politique, mais seulement un observateur. Je suis bien conscient, enfin, de l’inaptitude de l’immense majorité des hommes politiques à comprendre quoi que ce soit aux débats d’idées. Les idées divisent, c’est bien connu, alors qu’ils veulent avant tout rassembler. Manuel Valls, qui est à peu près inculte, ne fait pas exception à la règle. La seule chose qui le préoccupe est de savoir comment qualifier le Parti socialiste au second tour de la présidentielle de 2017. Ce ne sont pas les lecteurs qui l’intéressent, mais les électeurs.
La question qu’il faut se poser est celle-ci : pourquoi attaquer Michel Onfray en pleine campagne électorale ? La réponse, à mon avis, est que Onfray joue pour Valls le rôle de la statue du Commandeur. Loin de s’être « droitisé », contrairement à ce qu’affirme le Premier ministre, il campe au contraire sur ses positions libertaires et socialistes proudhoniennes. Il n’a donc que mépris pour un gouvernement réformiste libéral, qui a trahi toutes ses promesses pour se mettre à la remorque des marchés financiers et, dans le domaine de la politique étrangère, au service des Américains. Michel Onfray, c’est la mauvaise conscience de Manuel Valls !
Manuel Valls assure qu’entre le GRECE, cercle de réflexion dont vous avez été l’un des fondateurs, et le Club de l’Horloge, ce serait bonnet blanc et blanc bonnet. Dans la foulée, le Premier ministre vous déclare responsable de la « matrice idéologique du Front national ». Si c’était vrai, le parti de Marine Le Pen devrait être « européiste » et régionaliste, tout en professant un socialisme à la Charles Péguy relayé par les thèses « décroissantes ». Est-ce bien sérieux ?
J’ai publié à ce jour près de 100 livres, plus de 2.000 articles et 600 entretiens. Manuel Valls n’en a bien entendu pas lu la moindre ligne. Il ne connaît de moi que ce qu’il a lu sur la fiche qu’on lui a transmise. Je n’ai bien entendu jamais fait partie du Club de l’Horloge, et le rôle de « matrice idéologique » qu’il me prête généreusement a dû bien faire rigoler l’état-major du FN. Mais tout cela est sans importance. Cela montre seulement que, dans ce domaine-là aussi, la classe dirigeante vit dans le déni du réel. Manuel Valls est une petite chose nerveuse, dont les coups de menton mussoliniens cachent mal le désarroi. Il voit que les intellectuels l’ont lâché, qu’un bon tiers des Français sympathisent avec l’hydre Front national, que le peuple fait sécession, qu’il ne lui reste plus que BHL et JoeyStarr. Il en est à dire qu’il vaut mieux avoir tort avec BHL que raison avec Onfray, ce qui est révélateur. Il fait partie de cette classe dirigeante qui sent aujourd’hui le sol se dérober sous elle. Ses propos pathétiques montrent qu’il a totalement pété les plombs.
La speakerine Léa Salamé vous reproche, sur France Inter et par Michel Onfray interposé, vos engagements de jeunesse, que ce soit en faveur de la Rhodésie ou de l’Algérie française. Et ce dernier de lui rétorquer en direct que d’autres intellectuels, tels Bernard-Henri Lévy et autres Philippe Sollers, étaient alors maoïstes. Une fois de plus, est-ce bien plausible ?
Je suppose que la pom-pom girl de France Inter n’est pas non plus quelqu’un avec qui l’on peut parler d’herméneutique ou de phénoménologie ! Avec l’œuvre de Michel Onfray, elle doit avoir le même rapport que Fleur Pellerin avec celle de Patrick Modiano. Quant à moi, j’ai certes beaucoup évolué en un demi-siècle de travail de la pensée, mais je n’ai jamais rien renié. Je me suis au demeurant longuement expliqué sur mon itinéraire dans mon autobiographie, Mémoire vive, parue chez Bernard de Fallois il y a trois ans. Je continue à m’exprimer dans mes livres, dans les revues que je dirige, Krisis et Nouvelle École, et dans le magazine Éléments, dont je suis l’éditorialiste. Plutôt que de procrastiner, je m’opiniâtre.
Source: |
Boulevard Voltaire