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vendredi 18 novembre 2016

Fillon, Juppé, Sarkozy.... trois hommes pour deux places




Après un dernier débat qui n'aura pas spécialement marqué les esprits, c'est maintenant l'ultime ligne droite pour les sept candidats à la primaire de la droite. Officiellement en effet, la campagne pour le premier tour se terminera ce vendredi 18 novembre à minuit. Ensuite, ce sera silence radio pour les candidats et leur entourage qui n'auront plus le droit de s'exprimer publiquement avant les premiers résultats attendus dimanche soir vers 21 heures. Ce vendredi soir, c'est donc l'heure des ultimes meetings, notamment à Lille pour Alain Juppé et à Paris pour François Fillon.

 François, Alain, Nicolas... trois styles différents

 Quel va être le choix des électeurs ? Incontestablement, François Fillon a effectué une percé durant la dernière semaine précédant le scrutin. Le « troisième homme » s'est considérablement rapproché des deux premiers, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, au point de, peut-être, parvenir à se qualifier pour le second tour. François Fillon, c'est l'incarnation d'une droite « catho-provinciale- libérale ». Son programme économique est le plus « musclé » : fin des 35 heures, suppression de 500.000 fonctionnaires, baisse des dépenses publiques de 100 milliards d'euros, etc. Sur les questions sociétales, il a donné quelques gages aux « tradis», notamment sur la question du mariage pour tous. Il est aussi celui qui affiche le plus ouvertement, au nom du pragmatisme, le souhait de conclure une alliance objective avec la Russie de Vladimir Poutine, pour en finir avec Daech.

 Cultivant une image de « sérieux », François Fillon fait le pari que son message va séduire une majorité d'électeurs à la recherche un peu nostalgique de « valeurs » quelque peu oubliées. Outre ses bonnes prestations lors des trois débats télévisés, la progression de François Fillon s'explique aussi par l'effondrement de Bruno Le Maire qui lui disputait, un temps, la place de « troisième homme ». Le député de l'Eure se situait sur le même créneau que François Fillon avec, lui aussi, un côté « catho-conservateur ». Mais, Bruno Le Maire a commis une erreur : insister trop sur le besoin de « renouvellement ». Or, nous ne sommes plus en 2007, quand les électeurs avaient été séduits par la « nouveauté » politique que constituait la présence de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, tous les deux candidats à une élection présidentielle pour la première fois. En 2017, les Français aspirent plutôt à choisir un « protecteur », un « père de la Nation », quelqu'un d'expérience. Bruno Le Maire devra sans doute patienter encore un peu avant de pouvoir endosser ce costume.

En revanche, Alain Juppé est également dans ce registre « force tranquille ». Ceux qui seraient un peu effarouchés par le libéralisme économique de François Fillon pourraient se laisser tenter par le maire de Bordeaux... l'homme de la résilience qui, malgré les coups reçus dans sa longue carrière politique, est toujours là. Habilement d'ailleurs, Alain Juppé a fait de son âge un avantage. Il incarne une alternance tranquille. Il se dit favorable aux réformes nécessaires mais il veut les mener sans heurt et de façon la plus consensuelle possible. Alain Juppé, c'est l'homme du libéralisme tempéré. Certes il baisse dans les sondages, mais si l'électorat centriste se mobilise suffisamment dimanche pour aller voter, il garde ses chances, même si les électeurs UDI et MoDem semblent davantage qu'avant sensible au chant des sirènes de François Fillon. En revanche, c'est vrai que son réservoir de voix « de gauche » se tari. Selon une enquête Kantar Sofres OnePoint, publiée le 14 novembre, les sympathisants de gauche ne sont plus en effet que 11% à avoir l'intention de se déplacer contre 14% un mois plus tôt. Et c'est Alain Juppé qui en pâti.

 Vers un front "tout sauf Sarkozy"?


Reste Nicolas Sarkozy. Des trois favoris, l'ancien chef de l'Etat est celui qui a le « fan club » le plus stable, le moins volatile. Les sondages réalisés depuis septembre lui accordent grosso modo toujours autour de 30% des voix. Nicolas Sarkozy, c'est l'incarnation de la droite « bonapartiste », pour reprendre la terminologie de René Rémond, dans son fameux ouvrage « Les droites en France ». Relativement discret sur les questions économiques, l'ancien président de la République, a, à l'inverse, beaucoup insisté sur les questions identitaires et sécuritaires, surfant sur les inquiétudes post-attentats. Il souhaite ainsi séduire un électorat proche du Front National. Mais, Nicolas Sarkozy a un handicap : il clive trop et se coupe ainsi d'un électorat centriste potentiel. Surtout, s'il passe le premier tour, Nicolas Sarkozy risque d'avoir un gros problème pour le second, en se retrouvant face un front « tout sauf Sarkozy ». On ne voit en effet pas vraiment quel candidat éliminé pourrait se désister en sa faveur...
Trois hommes pour un fauteuil donc, tant les quatre autres candidats semblent maintenant dépassés.

Reste aussi à connaître l'importance de l'électorat, l'une des clés du scrutin. Selon la dernière enquête du Cevipof réalisée par Ipsos-Sopra Steria en collaboration avec « Le Monde », entre 7et 8% des électeurs se disent certains d'aller voter au premier tour, mieux que lors de la primaires socialiste de 2011.

 L'importance de l'électorat, une donnée clé


Par famille politique, 56% des sympathisants « Les Républicains » déclarent vouloir participer, contre 12% pour les électeurs du Front National, 7% pour les proches de l'UDI et 6% pour ceux du MoDem. Objectivement, Nicolas Sarkozy a intérêt à ce que l'électorat soit les plus restreint possible, pour se rapprocher au maximum du « noyau dur » des militants "Les Républicains" qui lui sont acquis. En revanche, plus l'électorat sera gonflé des voix du centre, plus les chances de Nicolas Sarkozy s'amenuiseront et plus celles de François Fillon et Alain Jupé s'amplifieront.

Les jeux restent donc jusqu'au bout extrêmement ouverts pour cette première primaire à droite. Et dire que fin 2014 quand il a été élu président de l'UMP (ex "Les Républicains), Nicolas Sarkozy songeait alors avoir un « boulevard » devant lui pour reconquérir l'Elysée.

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