Du programme de Trump.
Rappelons que les grandes lignes de ce programme,
si elles sont appliquées, consistent en un retour à un Etat
protectionniste dans le domaine économique, un Etat investisseur en
matière notamment de grands travaux, un Etat refusant l’entrée illégale
de travailleurs étrangers clandestins. Le tout devrait bénéficier à une
diminution des inégalités sociales, avec promotion des classes
populaires face aux 1% de dominants.
Rappelons aussi que face à ce programme, les
grands intérêts financiers et politiques qui font le coeur de l’Etat
profond américain ont décidé de réagir, non pas dans un premier temps en
s’opposant à Trump sur le territoire américain, mais en renforçant les
processus d’exploitation et de domination qu’ils ont toujours imposés
aux Etats Européens, notamment dans le cadre de l’Union européenne (UE).
Ceci veut dire qu’ils tenteront, plus encore
qu’actuellement, de supprimer les velléités de protectionnisme face à la
concurrence extérieure que ces Etats pourraient avoir pour réagir à une
crise qui ne cessera de s’aggraver. Ils combattront parallèlement les
tentations de retour à un Etat investisseur et social tel que celui
ayant fait le succès de la France après la Libération. Plus que jamais
enfin, ils profiteront de leur emprise sur l’UE et sur la zone euro pour
faire en Europe ce qui leur sera plus difficile dans l’Amérique de
Trump. Ils le feront en s’appuyant sur les « oligarchies» européennes
qui ont toujours par intérêt joué leur jeu.
Redéfinir les programmes politiques européens.
Redéfinir les programmes politiques européens.
Les forces politiques européennes, trop rares
encore, qui refuseront de voir notre continent faire les frais de la
réforme sociétale proposée par Trump à l’Amérique, devront transposer en
ce qui concerne l’Europe les solutions découlant du programme de Trump.
Ceci voudra dire notamment en revenir au protectionnisme dans les
secteurs où celui-ci est devenu indispensable. Il en résultera, sans
doute une course aux renforcement des barrières douanières comme aux
dévaluations des unités monétaires. Mais s’inscrire dans cette course
sera préférable que supporter unilatéralement les mesures
protectionnistes qu’adoptera de toutes façons l’Amérique.
Concernant les Etats, résister aux effets du
programme de Trump voudra dire en revenir à un Etat capable, directement
ou par fonds d’investissement interposés, de recréer une industrie et
des services dévastés par le refus d’investissement des conseils
d’administrations privés. Il faudra aussi renoncer définitivement à
honorer les dettes publiques, le poids de la dette empêchant tout effort
d’investissement public. Rappelons que cette répudiation des dettes a
toujours fait la force de l’Etat américain, s’appuyant sur la banque
fédérale et la suprématie du dollar pour en faire payer le prix aux
préteurs étrangers.
Les Européens enfin devront, quels qu’en soient les coûts, relancer les diverses politiques sociales ayant fait la force des Etats dits Providence qui avaient jusqu’ici évité la création d’inégalités excessives entre possédants et non-possédants. Or sous la pression des intérêts financiers internationaux, la plupart de ces politiques sont actuellement dégradées, y compris en Scandinavie.
Se posera alors pour les Européens la question de
savoir si l’UE sous sa forme actuelle, pourra être suffisamment réformée
pour se débarrasser du poids des intérêts américains et adopter les
différentes politiques de protection aux frontières, d’investissements
et de transferts sociaux résumées ci-dessus. Ce ne pourra évidemment pas
être possible dans le cadre des institutions européennes actuelles. Il
faudra que les gouvernements européens s’accordent pour faire de l’UE, à
tous les niveaux, la grande puissance diplomatique, politique et
économique qu’elle pourrait être dans le cadre d’institutions réformées
de type fédéral.
Mais si ceci se révèle impossible, du fait de
l’opposition d’Etats comme l’Allemagne ou de ceux de l’Europe de l’Est,
qui risqueront longtemps d’être soumis à l’impérialisme américain, il
faudra que les forces politiques européennes, principalement celles qui
se situent actuellement dans l’opposition, et les gouvernements qu’elles
se donneront, acceptent de sortir de l’UE et d’appliquer seuls les
réformes que nous évoquons dans cet article.
Ceci bien évidemment voudra pas dire refuser les
coopérations sur mesure avec d’autres gouvernements, tant européens
qu’appartenant à la zone Brics, dans les nombreux secteurs, tels que le
transport, l’espace, la santé ou la recherche scientifique dans lesquels
la coopération internationale est préférable à l’isolationnisme.