Sept candidats, 10.228 bureaux de vote et une participation qui pourrait dépasser celle de la primaire de la gauche il y a cinq ans. À vingt-quatre heures de l’ouverture des bureaux de vote, la toute première primaire de la droite et du centre a déjà des airs de grande réussite. L’audience du dernier débat télévisé avant le premier tour vient confirmer ce sentiment: 5,1 millions de téléspectateurs ont suivi jeudi la confrontation entre les prétendants à l’investiture. Combien iront voter? C’est l’une des inconnues de dimanche et pas des moindres, car elle sera un premier indice pour les résultats finaux. Plusieurs scénarios peuvent être esquissés, pour les deux finalistes, comme pour les cinq candidats qui resteront sur la touche. Le verdict, dimanche, ne pourrait intervenir qu’au terme d’une longue soirée électorale.
Le match annoncé: Juppé contre Sarkozy
C’est le scénario le plus ancien et le mieux exploré: un second tour qui verrait s’affronter l’ancien premier ministre, dont la cote de popularité est au zénith depuis des mois, et l’ex-président de la République, revenu à la politique et à la tête du parti pour reprendre l’Élysée perdue en 2012. Depuis qu’ils sont entrés en campagne, les deux protagonistes se préparent à ce second tour qui verrait s’affronter le champion de «l’identité heureuse» et celui de «la majorité silencieuse». Des mois durant, ils ont croisé le fer sur leur conception de la laïcité, le mariage homosexuel, le bilan du quinquennat précédent, la place des centristes dans leur majorité – et singulièrement celle de François Bayrou. Un tel duel serait également la confrontation de deux personnalités, tant leurs tempéraments diffèrent.
Le duel surprise: Juppé contre Fillon
Cette hypothèse, personne ne l’envisageait il y a encore quinze jours tant l’écart entre les deux favoris et leurs deux poursuivants restait large. La remontée fulgurante de François Fillon dans les sondages depuis deux semaines a donné corps à la perspective d’une possible élimination de Nicolas Sarkozy par son ancien premier ministre. La semaine dernière, cependant, l’institut OpinionWay était le seul à avoir mesuré des niveaux d’intention de vote pouvant faire craindre le pire aux sarkozystes. Dans une étude pour Atlantico publiée mardi, les deux hommes étaient crédités chacun de 25 %, derrière Alain Juppé à 33 %. Pour l’ancien président, ce serait un coup de massue, révélateur de la force d’un antisarkozysme qu’il espérait surmonter. Pour Fillon, ce serait la preuve qu’il a eu raison de douter de l’inéluctabilité d’un «scénario écrit à l’avance par les médias». Pour Juppé, enfin, c’est une autre campagne pour le second tour qui s’ouvrirait, tant le maire de Bordeaux s’est préparé à affronter Sarkozy.
Et si c’était Sarkozy contre Fillon ?
Ce scénario, aucun institut de sondage ne l’a envisagé. Seul l’Ifop, dans une étude publiée jeudi, a placé les trois hommes dans un mouchoir de poche: Juppé à 31 %, Sarkozy à 30 %, Fillon à 27 %. Ces résultats font planer un doute sur l’ordre d’arrivée en raison des marges d’erreur. Si la dynamique en faveur de Fillon devait se renforcer dans les dernières heures, sans trop affaiblir Sarkozy, Juppé pourrait se retrouver éliminé dès le premier tour de la primaire. Ce serait un échec lourd pour celui que les instituts donnent vainqueur depuis des mois dans tous les cas de figure. Et un avertissement sérieux pour la classe politique et les médias à cinq mois de la présidentielle.
Le Maire, le pari du renouveau
Après quatre ans de campagne et un premier coup d’essai face à Nicolas Sarkozy lors de l’élection pour la présidence de l’UMP, Bruno Le Maire s’estimait capable de décrocher le second tour de la primaire. Pour le candidat, la fin de campagne a tourné à la course d’obstacles. Le pari du «renouveau», qu’il entend incarner face à l’expérience de ses aînés, semble d’ores et déjà perdu. Son score, dimanche, permettra de déterminer s’il reste le plus capé de sa génération. La dernière étude Kantar Sofres pour Le Figaro le crédite de 9 points.
Kosciusko-Morizet à la recherche de nouveaux électeurs
Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s’est qualifiée in extremis à la primaire, a connu un parcours inverse de celui de Bruno Le Maire. Les débats télévisés ont permis de la mettre pleinement en lumière et de souligner sa combativité. Reste à savoir si, dans la dernière ligne droite, elle a pu marquer des points avec son positionnement qui séduit l’aile la plus à gauche de l’électorat de droite. La dernière étude Sofres la crédite de 4 points.
Poisson dans le sillagede la Manif pour tous
Pour Jean-Frédéric Poisson, l’héritier de Christine Boutin, la primaire fut un baptême du feu. Malgré un créneau a priori très clair, le président du Parti chrétien-démocrate a échoué à fédérer autour de lui tous les opposants au mariage pour tous. La dernière étude Sofres le crédite de 2 points.
Copé ou la rupture sans complexe
Pour l’ancien président de l’UMP, la primaire était l’occasion d’un retour à la politique. Jean-François Copé a parié sur sa capacité à croiser le fer avec ses concurrents, Nicolas Sarkozy et François Fillon en tête, sans parvenir à convaincre qu’il incarnait la rupture. La dernière étude Sofres le crédite d’un point.
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