Avec
la défaite de Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire de la
droite qui a battu des records de participation, François Hollande et la
gauche perdent à deux mois de la primaire du PS celui qui était sans
doute leur meilleur adversaire.
La
gauche s’était bien gardée avant le premier tour de la primaire
d’exprimer publiquement une préférence pour l’un ou l’autre des
candidats, ou même d’inciter ses électeurs à aller voter.
« Ils
choisissent leur candidat, nous combattons leur projet », clamait un
tract largement distribué dimanche par les militants PS.
Mais
de l’avis de la plupart des ténors socialistes, Nicolas Sarkozy était
le candidat le moins difficile à battre pour le président sortant
François Hollande -déjà victorieux contre lui en 2012-, et les proches
du chef de l’Etat tablaient sur sa désignation pour le remettre en
selle.
En
privé, M. Hollande, qui annoncera début décembre une éventuelle
nouvelle candidature, a prédit pendant plusieurs mois la victoire de M.
Sarkozy, sans croire à Juppé et encore moins à Fillon.
Les
défaites récentes de Cécile Duflot, à la primaire écologiste, et de
Sarkozy constituent in fine un signal négatif supplémentaire pour
Hollande, les Français voulant visiblement tourner une page.
Le
député écologiste François de Rugy a salué d’un tweet assassin dimanche
soir l’échec de ces scénarios: « Nouvelle pensée émue pour tous les
puissants stratèges de gauche qui avaient tout misé sur une désignation
de Sarkozy à la primaire », a-t-il ironisé.
Qu’en
sera-t-il du candidat de la gauche gouvernementale face à Alain Juppé
ou François Fillon, gagnant surprise du premier tour de cette primaire,
et qui semble aujourd’hui en position de l’emporter ?
Interrogé
sur iTELE, le porte-parole du PS, Razzy Hammadi, a renvoyé dimanche
soir toute la droite à la « violence de (son) programme », critiquant
« le conservatisme d’un Fillon » et « l’ancienneté qui quelques fois
rime avec archaïsme chez Juppé ».
– ‘Retard à l’allumage’ –
Mais le député de Seine-Saint-Denis a plus particulièrement ciblé l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
« On
n’a pas dit notre dernier mot. On ne va pas laisser tomber ce pays,
notamment lorsque aujourd’hui un François Fillon dit: +on supprime l’ISF
(5 milliards d’euros), on supprime 500.000 postes de fonctionnaires »,
contre 200 à 300.000 pour Juppé.
Dès
dimanche matin, dans le JDD, le secrétaire d’Etat Jean-Marie Le Guen
avait décoché ses flèches en direction du député de Paris. « Ce que je
constate, c’est que les candidats se sont tous alignés sur les
propositions de François Fillon, que l’on a décrit comme le Thatcher
français ».
« Il
s’agira en mai prochain de savoir si ils sont prêts à élire le plus
Thatchérien des candidats de la droite », a renchéri Olivier Faure,
député PS de Seine-et-Marne, qui prédit pour 2017 un « nouveau lot de
surprises ».
« Sur
le fond c’est un projet très dur économiquement et socialement qui a
été promu, l’occasion d’une très claire confrontation future entre la
gauche et la droite », a estimé auprès de l’AFP un proche du Premier
ministre.
La
partie aurait sans doute été plus difficile à jouer avec un Alain Juppé
mordant largement sur l’électorat du centre et soutenu par le président
du MoDem, François Bayrou.
Le
candidat de la gauche gouvernementale devra toutefois compter avec
Emmanuel Macron, à qui la victoire de M. Fillon ouvrirait un espace au
centre -d’autant que François Bayrou ne devrait pas être candidat, en
l’absence de M. Sarkozy.
Autre
défi à relever pour la rue de Solférino: parvenir à organiser avec
autant de succès que Les Républicains sa primaire des 22 et 29 janvier,
dont l’ensemble des protagonistes ne sont toujours pas connus.
« Face
au succès populaire rencontré par #PrimaireDroite il est temps que le
Parti socialiste se réveille pour #Primairegauche des 22/29 janvier », a
tweeté la député PS Aurélie Filippetti, compagne d’Arnaud Montebourg.
Vendredi, le chef de file des frondeurs Christian Paul avait regretté
auprès de l’AFP un « retard à l’allumage » dans l’organisation de la
primaire.