En fait, tout est re-parti de propos tenus par l’homme qui a réussi dans sa vie la gageure d’être à la fois l’un des pires US Secretary of State et l’un des pires Chairman of the Joint Chiefs of Staff1 de l’Histoire des États-Unis : Colin Luther Powell, arrivé à ce poste pour des raisons essentiellement non-militaires et politiques. Lesquelles ?
1- Appartenir au sérail des officiers disant amen à pratiquement tout.
2- Être un Afro-Américain.
3- Selon les mauvaises langues avoir été l’un des officiers les plus obstinés à tout faire pour que l’affaire du Massacre de Mỹ-Laï2 ne devienne pas l’affaire d’État qu’elle finira par être.
De manière générale, l’opinion publique pense que ce massacre serait une exception. En 2001, le journaliste Nick Turse va retrouver dans les US National Archives les dossiers d’un groupe de recherche secret, le Vietnam War Crimes Working Group, qui montrait que l’armée américaine avait en sa possession les preuves de plus de 300 massacres, meurtres, viols ou tortures perpétrés par ses soldats.
Le 5 février 2003, c’est le même Colin L. Powell qui présente devant le Conseil de sécurité des Nations-unies le dossier à charge élaboré par l’administration US contre celle de Saddam Hussein, forgerie belliciste entièrement à base de fausses preuves visant à étayer l’existence d’Armes de destruction massive (ADM) en Irak.
À cette mémorable occasion, Colin L. Powell affirmera qu’il « il ne fait aucun doute que Saddam Hussein possède des armes biologiques et la capacité de produire rapidement plus, beaucoup plus » et qu’il il n’y a « aucun doute dans mon esprit que Saddam travaille pour obtenir des composants clefs pour produire des armes nucléaires ».
Assertions qui s’avéreront être des médiamensonges éhontés.
À noter que Powell n’est passé ni par West Point, ni par l’Académie navale d’Annapolis, les deux grandes creusets institutionnels formant les militaires de haut rang aux États-Unis.
Ceci pour situer le personnage.
Sinon qu’a donc dit Colin L. Powell de mirobolant sur Israël et son potentiel militaire ?
Que les « gars à Téhéran savent qu’Israël a 200 [ogives nucléaires], toutes pointées sur Téhéran, et que nous en avons des milliers »3.
Propos remontant au 3 mars 2015, et que l’on voit subitement resurgir et se propager comme une traînée de poudre. Qu’en penser ?
Une fois de plus, Colin L. Powell nous démontre son abyssale incompétence.
En effet, son estimation est peu réaliste.
200 est le chiffre de l’ensemble des ogives qui seraient en possession de Jérusalem. De ce seul fait, que toutes puissent être pointées sur un seul pays, l’Iran ne tient absolument pas la route.
Et par bonté d’âme, j’accorde à Colin L. Powell que lorsqu’il dit « toutes pointées sur Téhéran », il parle en fait de l’ensemble du pays !
Cela supposerait, en outre, qu’aucun vecteur ne soit en réserve ou même en maintenance !
Pour finir, comment ne pas noter qu’il y a une disproportion flagrante entre la cible, l’Iran, et la nécessité qu’il y aurait à y pointer un nombre aussi élevé d’engins. Au pire, deux ogives raseraient d’entrée la capitale du pays et moins d’une dizaine suffirait à rayer de la cartes les objectifs militaires, qu’ils soient de l’Artesh4 ou du Sêpah-é Pâsdâran-é Enqelâb-é Eslâmi5, qui doivent figurer dans les plans de guerre de Tsahal.
À se demander ce que Colin L. Powell peut bien mettre dans son café.
Quant à la nature réelle de l’armement nucléaire hiérosolymitain, il reste difficilement évaluable, les Israéliens ne reconnaissant tout simplement pas son existence officielle.
Ce qui est certain et avéré est qu’Israël au sein de sa force aérienne – l’Heyl Ha’Avir Ve’Hahalal6 – compte un certain nombre d’appareils dédiés aux frappes lointaines, et/ou pouvant être affectés à icelles. Actuellement :
1- Les 25 F-15I Ram qui équipent le 69th Squadron, les Hammers (marteaux). La première mission de combat du F-15I fut conduite au Liban le 11 janvier 1999.
2- Les F-16I Soufa (tempête), une version spéciale du F-16D Block 52+. Les F-16I Soufa sont au nombre de 102 exemplaires et ont été acquis dans le cadre de l’accord Peace Marble V.
Il est à noter que les F15I Ram et F-16I Soufa ont montré qu’ils savent parfaitement se jouer de la menace supposée des S-300/400 russes positionnés en Syrie7. Il devrait donc en être, a priori, de même pour ceux qui commencent à être déployés en Iran. Idem pour la bulle protectrice des équipements de guerre électroniques type Krasukha-4 et Borisoglebsk-2, positionnés par les Russe en Syrie, qui n’ont ni brouillé ni arrêté quoi que ce soit, à chaque raid israélien. La seule perte israélienne au dessus de la Syrie étant, semble-t-il, un drone
À moins que…
Pour la petite histoire, les F15I Ram et F-16I Soufa de l’Heyl Ha’Avir ne sont évidemment pas officiellement répertoriés dans le parc comme des bombardiers (ou des chasseurs-bombardiers) stratégiques.
Sauf que !… emportés pas son lyrisme patriotique un de nos estimés confères hiérosolymitains, de l’édition (papier) hebdo en français du Jérusalem Post, lors de l’arrivée des premiers F15I Ram dans le pays ; ne put se retenir et d’user du terme stratégique à l’endroit du bel oiseau.
Comme quoi…
Notes
1 Préside les réunions et coordonne le travail du Joint Chiefs of Staff (JCS), siège au National Security Council (NSC) et est le principal conseiller militaire du président des États-Unis. 2 A été perpétré le 16 mars 1968 contre plusieurs centaines de civils viêtnamiens, dont beaucoup de femmes et d’enfants, dans le hameau de Mỹ Lai. Caché par l’armée américaine, il est dévoilé seulement un an et demi plus tard dans un reportage du magazine Harper’s. L’indignation soulevée par ce massacre fut le point de départ d’un scandale international.
3« The boys in Tehran know Israel has 200, all targeted on Tehran, and we have thousands ». 4 Armée iranienne. 5 Corps des Gardiens de la révolution islamique. 6 Armée de l’air israélienne, anciennement dénommée Sherut’Avir. 7 Ce que confirment ses raids, tous couronnés de succès.