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vendredi 18 novembre 2016

Gustave Le Bon et le Grand Remplacement vers 1880


Nicolas Boileau

Cet article de Nicolas Boileau, collaborateur de voxnr.com, est publié en Analyse, les rubriques Tribune et Débats étant réservées aux Invités. Vous pouvez poster votre avis au bas de cette page dans le fil des Commentaires.
Certains dénoncent un grand remplacement. Or on ne remplace pas celui qui va mourir ou celui qui est déjà mort. On ne remplace pas non plus celui qui n’en a rien à faire, ou celui qui ne veut pas paraître raciste ou xénophobe (il n’y en a plus d’ailleurs). On assiste à effacement d’un groupe de zombis, c’est tout. C’est la théorie de la constatation, pas de la conspiration. Nous connaîtrons le sort des indiens sans avoir connu leur gloire : où sont nos Sitting Bull, où sont nos Crazy Horse (ah oui, le Crazy Horse…) ?
En 1970, nous étions trois milliards (quel règne de la quantité !). Nous serons bientôt huit, seuls les crève-misère – et une poignée de cathos – ayant des enfants. Il est donc normal qu’ils viennent cohabiter avec les vieux richards que nous sommes ; Il n’y là que de la théorie de la constatation. Le reste de nos enfants achèvera de se métisser, comme à toutes les époques. Le fait que certains bonnes âmes bourgeoises dépourvues d’enfants collaborent (Merkel, Lagarde, May, quelques autres) n’étonnera personne. Elles nourriront les réfugiés et tous les africains comme les petites vieilles de Mary Poppins nourrissent les pigeons devant une ancienne cathédrale. C’est de l’humanitaire et Oscar Wilde en disait déjà le plus grand mal avant Louis-Ferdinand Céline. A cette même époque victorienne, John Hobson reproche à l’impérialisme britannique ou occidental d’être bien trop humanitaire ; car plus on est humanitaire, plus on intervient, cela vous étonne ?
Il reste toujours une bonne action à commettre, au Darfour, en Libye, en Océanie.
Venons-en au GR comme on dit.
Ah, le Grand Remplacement. Le pérenne, éternel, périlleux Grand Remplacement. Mais lisez Juvénal ! Voici ce qu’il dit Juvénal :
« Je ne puis supporter, ô Quirites, une ville devenue grecque. Grecque ? Quelle est en réalité la proportion d’Achéens dans cette lie ? Il y a longtemps que de Syrie l’Oronte (fleuve syrien donc) est venu se jeter dans le Tibre ; c’est la langue et les mœurs de là-bas, c’est la harpe aux cordes obliques, ce sont les flûtes et les tambourins barbares que ce fleuve charrie dans ses eaux, sans oublier les filles condamnées à lever des hommes aux alentours du Cirque. »
La population a été remplacée à Rome comme elle a été remplacée à Athènes. Juvénal a dix-sept siècles d’avance sur Gobineau.
Mais restons en France dans notre propre dix-neuvième siècle. On va citer un vieux maître et sa psychologie du socialisme, dans lequel il dresse un tableau catastrophé, plus encore que celui de Renaud Camus, des invasions qui nous guettent ici comme en Amérique. J’ai déjà rappelé Drumont et surtout Maupassant, considéré comme un innocent conteur naturaliste et scolaire. Récitons-le du coup :
« Des Arabes, des nègres, des Turcs, des Grecs, des Italiens, d’autres encore, presque nus, drapés en des loques bizarres, mangeant des nourritures sans nom, accroupis, couchés, vautrés sous la chaleur de ce ciel brûlant, rebuts de toutes les races, marqués de tous les vices, êtres errants sans famille, sans attaches au monde, sans lois, vivant au hasard du jour dans ce port immense, prêts à toutes les besognes, acceptant tous les salaires, grouillant sur le sol comme sur eux grouille la vermine, font de cette ville une sorte de fumier humain où fermente échouée là toute la pourriture de l’Orient. »
Il est à Marseille Maupassant, cette première ville-étape du Paris-Dakar, comme disaient les inconnus.
Mais venons-en à Gustave Le Bon ; Comme beaucoup de racistes d’alors, il est fasciné par les anglo-saxons (nos socialistes le sont toujours, ils se mettent toujours en quatre pour Sarah marmelade!) et il regrette l’invasion des métèques européens en Amérique :
« Les dangers qui menacent l’Europe, menacent les États-Unis dans un avenir beaucoup plus prochain encore. La guerre de Sécession a été le prélude de la lutte sanglante qui s’engagera bientôt entre les couches diverses qui vivent sur leur sol. C’est vers le nouveau monde que se dirigent d’instinct tous. les inadaptés de l’univers. Malgré ces invasions, dont aucun homme d’État américain n’a compris le péril, la race anglo-saxonne est encore en majorité aux États-Unis. Mais d’autres races, Mexicains, Nègres, Italiens, Portoricains, etc., s’y multiplient de plus en plus. »
Le Bon ne fait pas différence entre italiens et nègres (Vacher de Lapouge mettait le chinois au-dessus du brachycéphale français, Chamberlain l’alpin bavarois au-dessus du slave blond, ô racistes!) ; d’ailleurs il s’en prend tout le temps aux peuples latins, et il dira même dans sa très ubuesque civilisation des arabes que les pauvres ibères sont de simples aborigènes à côté des civilisateurs arabes. Comme quoi on est toujours le sous-homme de quelqu’un.
Trente ans avant d’autres sociologues et commentateurs américains « de souche » (Madison Grant, Edward Allsworth Ross, Francis Scott Fitzgerald, curieusement pas Geronimo), Le Bon note sur un ton affolé :
« C’est ainsi, par exemple, que les États-Unis comptent aujourd’hui environ 8 millions de nègres. Une immigration annuelle de 400.000 étrangers accroît sans cesse cette dangereuse population. Ces étrangers forment de véritables colonies, parfaitement indifférentes, et le plus souvent hostiles à leur patrie d’adoption. Sans lien de sang, de tradition ou de langage avec elle, ils ne se soucient nullement de ses intérêts généraux. Ils ne cherchent qu’à se faire nourrir par elle. »
On parle ici de l’Amérique des blancs, de peuplement européen, celle qui fait fantasmer le nouveau racisme US. Or les trois millions de membres du KKK dans les années vingt défilaient contre les catholiques, les méditerranéens et les irlandais. Et je ne vous dis pas le mal que l’on pensait des balkaniques. Puis le Bon décrit lyriquement l’art de vivre de ces nouveaux américains :
« Ils ne peuvent vivre à peu près qu’à la condition de se contenter des travaux les plus infimes, des emplois les plus secondaires, et par conséquent, des plus insuffisants salaires. Ces étrangers ne forment encore que 15% environ de la population totale des États-Unis, mais dans certaines régions ils sont bien près d’être en majorité, et ils le seront bientôt si les nègres continuent à pulluler dans les décennies à venir. L’État du Dakota septentrional compte déjà 44% d’étrangers. »
Le Dakota est d’ailleurs alors peuplé d’allemands, mais Le Bon les trouve trop syndiqués et pas intégrés. Comme quoi personne n’est parfait, même pas l’alpin germanophone.
Le petit et inévitable délire sur les noirs s’ensuit :
« Les 9 dixièmes des nègres sont concentrés dans les 15 États du Sud, où ils forment un tiers de la population. Dans la Caroline du Sud, ils sont maintenant en majorité et dépassent le chiffre de 60%. Ils égalent les blancs en nombre dans la Louisiane. On sait comment les nègres sont traités sur le sol américain, où généralement leur libération de l’esclavage est considérée comme une colossale erreur. »
Ben oui, il fallait les garder esclaves. Une journaliste un peu sérieuse (il en reste) récemment a rappelé que les noirs du District fédéral sont quatre-vingt-trois fois plus pauvres que leurs voisins blancs. Et ce après huit ans de l’autre au pouvoir !
Puisil s’en prend aux pauvres italiens (détestés, vous vous en souvenez, par Rebatet aussi) et aux inévitables irlandais pourtant chassés de leur île par une crise sciemment gérée par le cabinet whig Anglais (trois millions de morts de plus pour Albion, trois!) :
« Tels sont, par exemple, les ouvriers irlandais des ateliers anglais. Monsieur de Rouziers a noté, après bien d’autres, leur infériorité, constatée également en Amérique:  » Ils ne montrent pas le désir de s’élever, et sont satisfait dès qu’ils ont de quoi manger. » En Amérique on ne les voit guère, de même d’ailleurs que les Italiens, exercer d’autres professions que celles des mendiants, politiciens, maçons, domestiques ou chiffonniers. »
Dans cette phrase je suis au moins d’accord avec une chose : l’absence de distinguo entre domestique et politicien. Demandez à Netanyahou ce qu’il pense du président américain (blond, noir ou épiscopalien) pour voir.
Le Bon enfonce ensuite son clou sur l’étatisme latin, qui comme on sait a gagné les USA (cent mille fonctionnaires à plus de 200 000 dollars à Washington!) :
« Les conséquences inévitables de cet état de choses ont été un accroissement très rapide du nombre des fonctionnaires italiens, et par conséquent des dépenses budgétaires. Des faits identiques se produisant chez tous les peuples latins apparaissent nettement comme la conséquence de la constitution mentale de leur race. La démonstration est plus probante encore, quand on rapproche ces faits de ce que nous avons dit dans un autre chapitre des résultats produits par l’initiative privée chez les Anglo-saxons. »
Mais continuons avec Le Bon car son tableau apocalyptique a une part de vérité. Le monde moderne et son école publique fabriquent trop de pseudo-savants, de diplômés, d’inadaptés (dont sans doute votre rédacteur et tous les amateurs de conspiration qui passent leur journée sur le web au lieu de tirer à l’arc, de cultiver des légumes ou de naviguer au loin) :
« A la foule des inadaptés créés par la concurrence et par la dégénérescence, s’ajoutent chez les peuples latins les dégénérés produits par incapacité artificielle. Ces inadaptés sont fabriqués à grands frais par nos collèges et nos universités. La légion des bacheliers, licenciés, instituteurs et professeurs sans emploi constituera peut-être un jour un des plus sérieux dangers contre lesquels les sociétés auront à se défendre. La formation de cette classe d’inadaptés artificiels est toute moderne. »
De là les nouveaux barbares qui menacent la civilisation (IE la propriété bourgeoise), bien avant nos pauvres islamistes et réfugiés :
« Car ce n’est pas seulement les détenteurs de la richesse que menacent les nouveaux barbares, mais bien notre civilisation même. Elle ne leur apparaît que comme la protectrice du luxe, comme une complication inutile. Jamais les malédictions de leurs meneurs n’ont été aussi furieuses. Jamais peuple dont un ennemi sans pitié menaçait les foyers et les dieux n’a fait entendre de pareilles imprécations. Les plus pacifiques des socialistes se bornent à demander l’expropriation de la bourgeoisie. Les plus ardents veulent son anéantissement complet. »
Mais la bourgeoisie, surtout en France, est dure à cuire. Demandez à Bernanos ou Jacques Ellul pour voir. Elle en a vu d’autres et elle en bouffera d’autres avec Valls ou Juppé aux commandes. Quant aux italiens ils ont fini par de faire de bons américains, encore plus racistes que leurs devanciers (car il n’y pas de machins de souche, il y a seulement des devanciers sur un terrain, et dans ce cas comme en d’autres, c’est la raison du plus riche qui est toujours la meilleure.
Quant à la civilisation en voie de remplacement, il y a longtemps que nos deux plus grands esprits modernes (Marx et Guénon) nous l’ont décrite :
« La bourgeoisie façonne le monde à son image, et force les nations à adopter son genre de vie, qu’elle nomme civilisation. »
« Le monde moderne a créé une civilisation qui est tout sauf une civilisation, qui est juste le contraire d’une civilisation. »