La dynamique était là, mais
personne n’avait prévu son ampleur. Cristallisation tardive, posture
présidentielle, effet boomerang de la campagne Sarkozy : voici les clés
d’un scrutin surprise.
Ils avaient vu la dynamique, mais
certainement pas l’ampleur. Les instituts de sondage ont tous
sous-estimé le score de François Fillon même s’ils ont décrit dans les
deux dernières semaines une remontée inédite.
L’ultime enquête réalisée par Ipsos pour Le Monde, vendredi 18 novembre, au lendemain du dernier débat, donnait pour la première fois le député de Paris en tête (30 %) devant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, tous les deux à 29 %. On était encore loin du scénario du raz-de-marée de dimanche soir.
Est-ce un échec des enquêtes
d’opinion ou une percée fulgurante du candidat Fillon ? Les sondeurs
ont pris soin d’expliquer depuis plusieurs semaines que les tendances de fin de campagne seraient à surveiller
de près. Ils avaient également mis en garde contre les incertitudes
liées à la participation, qui a finalement été dans la fourchette haute
de ce qu’ils avaient anticipé.
Au dessus de la mêlée
Les votes se sont manifestement
cristallisés tardivement autour du candidat Fillon. La volatilité des
électeurs dans ce type de scrutin partisan est généralement plus élevée.
Si lors d’une présidentielle tout se joue dans les deux derniers mois,
pour une primaire, le moment où les citoyens prennent leur décision
semble plutôt se concentrer sur les deux dernières semaines.
Dans cette période clé, François Fillon a notamment profité des différents débats, au cours desquels il s’est démarqué en adoptant une posture de présidentiable, au dessus de la mêlée, pour creuser
son sillon. S’il a longtemps été mesuré au même niveau que Bruno Le
Maire, François Fillon a su s’imposer peu à peu comme le troisième homme
derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, pour finalement écraser ses deux concurrents le jour du vote.
Le député de Paris a capitalisé sur une campagne d’une grande constance. Il a réussi à installer
très tôt l’idée qu’il était celui qui avait le plus travaillé son
programme. Cette image de candidat « sérieux » a manifestement pesé dans
le choix des électeurs. Son positionnement très libéral, avec la double
promesse d’une forte réduction du nombre de fonctionnaires et d’une
baisse importante de la dépense publique, a également payé auprès de la
base.
Réseaux catholiques conservateurs
Réseaux catholiques conservateurs
Autre élément déterminant du vote Fillon, les réseaux catholiques conservateurs. L’ancien premier ministre a su fédérer
les émanations politiques de la Manif pour tous, comme le mouvement
Sens commun, qui avec sa porte-parole Madeleine de Jessey, lui a apporté
un soutien appuyé dans les derniers meetings.
Enfin, François Fillon semble être celui qui a le plus bénéficié de l’effet « tout sauf Sarkozy » sur lequel comptait pourtant Alain Juppé. Pour les électeurs de droite qui ne voulaient plus de l’ancien chef de l’Etat, mais qui étaient en désaccord avec la ligne jugée trop centriste du maire de Bordeaux, le député de Paris est apparu comme une solution de repli.
Source
Enfin, François Fillon semble être celui qui a le plus bénéficié de l’effet « tout sauf Sarkozy » sur lequel comptait pourtant Alain Juppé. Pour les électeurs de droite qui ne voulaient plus de l’ancien chef de l’Etat, mais qui étaient en désaccord avec la ligne jugée trop centriste du maire de Bordeaux, le député de Paris est apparu comme une solution de repli.
Source