Nathalie Schuck avec O.B |
« La baraka fait partie de la bonne gestion », comme dit Nicolas Sarkozy. L'ancien président ne pouvait rêver meilleur alignement des planètes pour son retour, imminent. Entre la gauche qui se déchire, le scandale Thomas Thévenoud, la grogne fiscale et la descente aux enfers de François Hollande, un petit vent d'euphorie souffle chez ses partisans, qui se voient déjà de retour.
.. à l'Elysée. « Si ça continue, on va revenir au pouvoir », claironne un de ses fidèles. Brice Hortefeux lui a glissé cette boutade, révélatrice : « Tu connais la blague au gouvernement ? Thévenoud, t'es parti... »
« Ça se finira dans la rue »
Depuis son bureau de la rue Miromesnil, Nicolas Sarkozy regarde, effaré, son ex-rival s'enfoncer. Il redoute des « violences », répète que « ça se finira dans la rue », juge la situation « épouvantable » et même « dangereuse ». « Il ne contrôle plus rien », a-t-il lâché à un élu, à propos de François Hollande. Comme de nombreux Français, il a survolé le brûlot de Valérie Trierweiler. Un de ses amis résume, traduisant sa pensée : « Hollande apparaît comme un sale type, cynique, antipathique, indifférent. Et paf ! » Comme beaucoup, l'ex-président se demande comment son successeur va tenir encore deux ans et demi. Mais il ne croit pas à la dissolution. « Hollande serait obligé de partir », tranche un fidèle.
Delahousse plutôt que Chazal
Sauf surprise, il devrait attendre que le vote de confiance à Manuel Valls à l'Assemblée mardi et la conférence de presse de Hollande jeudi soient passés pour se déclarer. « Ce sera la semaine noire de la gauche. Son intérêt, c'est d'enjamber le cadavre », balance un sarkozyste. Une date circule : le 21 septembre, peut-être sur France 2. « Et pas sur TF 1 », certifie un proche. Mais la fusée du retour dans l'atmosphère comportera plusieurs étages. Sarkozy travaillerait aussi sur un texte écrit, du « contenu » comme il dit. Peut-être une lettre aux Français, un discours ou, plutôt, une tribune dans la presse régionale. L'impact de ses deux tribunes dans « le Figaro » et « le Point » l'ont convaincu des vertus de l'écrit. Une fois déclaré pour la présidence de l'UMP, mais aussi pour l'élection présidentielle – l'une ne va pas sans l'autre dans son esprit –, il entamera une tournée des fédérations. Il a déjà dans l'idée de ne pas infliger aux militants de longs discours pontifiants, mais de privilégier des débats avec la salle. En proximité. Et ce n'est pas tout...
Tout changer à droite
Selon nos informations, une fois investi au congrès du 29 novembre – il répète en privé qu'il fera « minimum 80 % » –, il annoncera un grand congrès refondateur de la droite pour l'année 2015, avec consultation des adhérents, pour fusionner l'UMP et l'UDI sous un nouveau nom. L'idée : constituer une fédération allant du centre à l'aile droite de l'UMP, pour éviter une dispersion des candidatures en 2017 face à un FN menaçant. Il a ainsi reçu des centristes, dont Jean-Louis Borloo et son ex-ministre Hervé Morin. Pour autant, il ne veut surtout pas s'enfermer dans une logique partisane, mais parler « à tous les Français ». Il devrait donc rester rue de Miromesnil et déléguer la gestion quotidienne du parti. « Il ne va pas commenter l'augmentation du prix du tabac sur France 3 », rigole un ami.
Un « nouveau Sarkozy » ?
C'est la grande question de son retour : a-t-il changé ? La gauche rêve de voir resurgir le Sarkozy fanfaron et vengeur. A-t-il pris de la hauteur ? Ou revient-il dans un esprit de revanche contre Hollande – dont il pense qu'il sera candidat coûte que coûte –, contre Marine Le Pen – qui l'a, pense-t-il, fait battre en 2012 – et contre les juges, lui qui est encore mis en examen pour corruption. En privé, il laisse percer sa colère : « Trop, c'est trop, ils ne m'auront rien épargné ! » Sa garde rapprochée, son stratège Pierre Giacometti en tête, le presse de rester dans l'esprit très présidentiel et apaisé de son discours du 6 mai 2012 à la Mutualité, au soir de sa défaite. De ne pas cogner. Reste à savoir si le « boxeur », comme il se présentait durant la campagne, a raccroché les gants. « Il faut qu'il se retienne de vomir sur la terre entière », redoute un de ses ex-conseillers à l'Elysée. Et si le principal ennemi de Sarkozy, c'était lui-même ?
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