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samedi 13 septembre 2014

Pierre Moscovici réussit son pari et décroche l'économie




Chateau


Le Français Pierre Moscovici a réussi son pari: décrocher le poste des affaires économiques, un des plus prestigieux de la Commission où cet Européen passionné pourra défendre sa vision de la "flexibilité" dans l'application des règles budgétaires.

La victoire n'était pas acquise pour l'ancien ministre des Finances, l'Allemagne s'étant longtemps opposée à la nomination, à ce poste chargé de la surveillance des budgets, du représentant d'un pays, la France, en délicatesse avec la réduction des déficits.

"Ce ne serait pas un cadeau pour Pierre Moscovici, car il verrait en permanence sa crédibilité et son impartialité mises en doute", avait estimé cet été une source européenne.

"Il faut que la France soit aimée en Europe et faire aimer l'Europe aux Français", plaidait de son côté M. Moscovici, avant même des élections européennes marquées par une poussée sans précédent des anti-européens.

Pour cela, il souhaite une Union européenne "moins libérale", et se veut "un acteur résolu" à Bruxelles d'une "politique économique globale et inventive". "La France doit être le fer de lance du sursaut" du projet européen, dit-il. Après son départ du gouvernement au printemps, il s'était vu confier une mission parlementaire sur la "contribution des politiques européennes à la croissance et à l'emploi".

A bientôt 57 ans, cet énarque au parcours brillant et très européen -- il fut vice-président du Parlement de Strasbourg et ministre des Affaires européennes -- retrouve un poste à sa mesure en faisant un pas de côté à Bruxelles.

Son passage a Bercy n'a pas été facile: frictions régulières entre les six ministres dépendant de lui, notamment le bouillant Arnaud Montebourg, démission du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, forcé d'avouer qu'il détenait un compte secret en Suisse, couac lorsqu'il avait dit "comprendre le ras-le-bol fiscal" des Français.

Quelques mois plus tard, le Pacte de responsabilité en faveur des entreprises lancé par François Hollande rejoint des idées défendues par M. Moscovici depuis l'époque où ce "social-démocrate chimiquement pur", comme il se définit, donnait des cours d'économie à Sciences-Po dans les années 80.

- Pas que des amis -

Mais c'est paradoxalement le moment que le président Hollande choisit pour se séparer de son ancien directeur de campagne... en lui promettant aussitôt un poste à Bruxelles.

A Bercy, M. Moscovici a œuvré pour un consensus sur l'union bancaire européenne, mais aussi un apaisement des relations avec la Commission, malgré les dérapages des déficits français. Il avait obtenu un délai de deux ans, jusqu'en 2015, pour revenir dans les clous des 3%, un objectif qui semble désormais impossible à tenir.

Mais il n'a pas que des amis, notamment au Parlement européen, où le ministre français avait à plusieurs reprises annulé au dernier moment des auditions devant la commission des affaires économiques, chargée maintenant de l'entendre avant de donner son avis sur sa nomination.

Né le 16 septembre 1957 d'un père psychologue exilé de Roumanie et d'une mère psychanalyste d'origine polonaise, Pierre Moscovici a flirté dans sa jeunesse avec un mouvement trotskyste, la Ligue communiste révolutionnaire, avant de rejoindre en 1984 le Parti socialiste et son mentor, Dominique Strauss-Kahn, balayé en 2011 par un scandale sexuel à New York.

En 1997, il est élu député du Doubs (est), berceau du groupe automobile PSA qu'il a contribué à sauver en œuvrant au partenariat avec le chinois DongFeng et l'Etat français - un comble pour ce pur Parisien qui n'a pas son permis de conduire.

Cet homme au visage rond, dont la réserve passe parfois pour de la froideur, apparaît plus humain depuis quelques temps via sa compagne, Marie-Charline Pacquot. Cette étudiante en philosophie de 30 ans sa cadette alimente la blogosphère en publiant sur Twitter des photos du couple, assistant à un match de tennis dans les tribunes de Roland Garros, ou avec son chat Hamlet.
 
Source

Afp via nouvel obs