François-Xavier Bourmaud
Certains socialistes s'interrogent sur la capacité du président de la République à rebondir, voire à diriger le pays.
Encore sonnés par leur déroute électorale des municipales, terrifiés à l'idée d'en vivre une seconde pour les européennes, les socialistes se sont lancés à la recherche de la cause de leurs malheurs. Et, les uns après les autres, ils commencent à tourner leur regard vers le premier étage de l'Élysée, dans le bureau du président de la République: François Hollande lui-même. Deux ans après son élection, au plus bas dans les enquêtes de popularité, voilà le chef de l'État contesté jusque dans son propre camp, où le doute s'installe quant à sa capacité réelle à diriger le pays.
«Il y a une double interrogation sur Hollande, analyse l'un de ses visiteurs du soir. Était-il préparé à la fonction? La réponse est pour le moins mitigée, contrairement à ce que lui-même a toujours prétendu. Quel enseignement tire-t-il de ses deux premières années à l'Élysée? Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il n'est toujours pas entré dans la fonction.» Ces questions, ils sont de plus en plus nombreux à se les poser au sein de la majorité. «Le doute existe, c'est clair. Il y a quand même une partie du groupe qui est décrochée, voire dans une attitude nihiliste pour certains», reconnaît un député socialiste.
La majorité socialiste se diviserait désormais en trois sous-groupes: les fidèles de François Hollande, ceux qui restent dans l'expectative, les «perdus pour la cause». «Il y a effectivement une partie du groupe qui est dans une forme de ressentiment très fort vis-à-vis du président. Cela est lié aux municipales mais aussi à la distance qui s'est créée entre lui et le groupe», explique le député Christophe Caresche. Coincé par sa promesse de ne pas rencontrer les parlementaires à l'Élysée, François Hollande cherche la solution. Il les avait déjà vus à la Maison de la chimie en janvier dernier, après sa grande conférence de presse bisannuelle. Mais «ça ne pourra plus être un exercice de cocooning comme la dernière fois, prévient un député. Il devra s'expliquer sur le fond, il faudra que ce soit un véritable exercice d'argumentation, de conviction politique».
Au sein du groupe, certains n'hésitent pas à invoquer la pratique de Nicolas Sarkozy, lorsque l'ancien président de la République recevait ses troupes à l'Élysée pour leur remonter le moral et les rebooster dans les moments de doute. «Il les a tenus à bout de bras comme ça pendant cinq ans, en les regonflant chaque fois que ça n'allait pas. Au moins, ça a tenu», soupire un membre de la majorité. Mais à l'Élysée, on s'oriente plutôt vers un traitement des élus au cas par cas. L'une des missions de Vincent Feltesse, qui vient d'être nommé conseiller spécial à l'Élysée, consistera justement à «déminer les relations avec les élus», explique-t-on à l'Élysée, où l'on reconnaît aussi qu'«il y a un lien à retisser avec eux».
"Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il n'est toujours pas entré dans la fonction." Un député socialiste
Conséquence directe du climat de défiance à l'encontre de François Hollande, le débat sur l'organisation d'une primaire de désignation du candidat pour 2017 a resurgi au PS. Comme si la candidature du président, qui sera alors le sortant, n'était désormais plus évidente. François Hollande s'est efforcé de clore le débat en assurant cette semaine sur BFMTV qu'il ne se posait pas la question de sa candidature à une primaire éventuelle. «Je suis dans un combat, ce n'est pas mon élection ou ma réélection qui me préoccupe, c'est l'avenir de la France», a-t-il juré, ce qui n'a pas calmé les ardeurs de ses opposants. «Il ne peut pas planter tout le monde pendant cinq ans, nous faire perdre nos villes, nos cantons, nos régions, et nous dire à la fin “C'est moi le candidat”. Surtout s'il reste scotché en dessous de 20 % de popularité», plaide un député. Une primaire difficilement évitable, selon certains, qui rappellent que l'organisation est prévue dans les statuts du parti. Pour s'en affranchir, il faudrait que François Hollande soit incontestable. Or pour l'heure, ce n'est pas le cas.
«Cette question sera de toute façon réglée par la situation politique du président à la veille de l'élection», élude un élu qui voit surtout dans ce débat sur la primaire une manœuvre… des partisans de Martine Aubry. D'autres assurent que ce sont Manuel Valls et Arnaud Montebourg qui sont à la manœuvre, que les deux hommes auraient topé pour une primaire qui redistribuerait les cartes entre les socialistes avant 2017. «François Hollande est le produit de circonstances particulières. Historiquement, il ne devait pas être le candidat à l'élection présidentielle de 2012. Pour être clair, ce devait être Dominique Strauss-Kahn. Avec lui, nous n'en serions pas là», estime un partisan de l'ancien favori du PS.
Après la résurgence du débat sur la primaire, voilà un second effet de l'affaiblissement du président dans son propre camp: l'apparition d'une sorte de nostalgie de DSK et de ce qu'il aurait pu faire à l'Élysée. «Ce que l'on regrette, c'est sa compétence économique, ce qu'il aurait pu apporter en termes de vision du monde, de la place de la France dans le monde. Là-dessus, c'est vrai qu'il y a un manque», assure un socialiste. «Après tout, grince l'un de ses anciens partisans, l'affaire du Sofitel, ce n'est pas pire que de mettre un casque pour aller jouer les Daft Punk à mobylette.»
Encore sonnés par leur déroute électorale des municipales, terrifiés à l'idée d'en vivre une seconde pour les européennes, les socialistes se sont lancés à la recherche de la cause de leurs malheurs. Et, les uns après les autres, ils commencent à tourner leur regard vers le premier étage de l'Élysée, dans le bureau du président de la République: François Hollande lui-même. Deux ans après son élection, au plus bas dans les enquêtes de popularité, voilà le chef de l'État contesté jusque dans son propre camp, où le doute s'installe quant à sa capacité réelle à diriger le pays.
«Il y a une double interrogation sur Hollande, analyse l'un de ses visiteurs du soir. Était-il préparé à la fonction? La réponse est pour le moins mitigée, contrairement à ce que lui-même a toujours prétendu. Quel enseignement tire-t-il de ses deux premières années à l'Élysée? Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il n'est toujours pas entré dans la fonction.» Ces questions, ils sont de plus en plus nombreux à se les poser au sein de la majorité. «Le doute existe, c'est clair. Il y a quand même une partie du groupe qui est décrochée, voire dans une attitude nihiliste pour certains», reconnaît un député socialiste.
La majorité socialiste se diviserait désormais en trois sous-groupes: les fidèles de François Hollande, ceux qui restent dans l'expectative, les «perdus pour la cause». «Il y a effectivement une partie du groupe qui est dans une forme de ressentiment très fort vis-à-vis du président. Cela est lié aux municipales mais aussi à la distance qui s'est créée entre lui et le groupe», explique le député Christophe Caresche. Coincé par sa promesse de ne pas rencontrer les parlementaires à l'Élysée, François Hollande cherche la solution. Il les avait déjà vus à la Maison de la chimie en janvier dernier, après sa grande conférence de presse bisannuelle. Mais «ça ne pourra plus être un exercice de cocooning comme la dernière fois, prévient un député. Il devra s'expliquer sur le fond, il faudra que ce soit un véritable exercice d'argumentation, de conviction politique».
Au sein du groupe, certains n'hésitent pas à invoquer la pratique de Nicolas Sarkozy, lorsque l'ancien président de la République recevait ses troupes à l'Élysée pour leur remonter le moral et les rebooster dans les moments de doute. «Il les a tenus à bout de bras comme ça pendant cinq ans, en les regonflant chaque fois que ça n'allait pas. Au moins, ça a tenu», soupire un membre de la majorité. Mais à l'Élysée, on s'oriente plutôt vers un traitement des élus au cas par cas. L'une des missions de Vincent Feltesse, qui vient d'être nommé conseiller spécial à l'Élysée, consistera justement à «déminer les relations avec les élus», explique-t-on à l'Élysée, où l'on reconnaît aussi qu'«il y a un lien à retisser avec eux».
"Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il n'est toujours pas entré dans la fonction." Un député socialiste
Conséquence directe du climat de défiance à l'encontre de François Hollande, le débat sur l'organisation d'une primaire de désignation du candidat pour 2017 a resurgi au PS. Comme si la candidature du président, qui sera alors le sortant, n'était désormais plus évidente. François Hollande s'est efforcé de clore le débat en assurant cette semaine sur BFMTV qu'il ne se posait pas la question de sa candidature à une primaire éventuelle. «Je suis dans un combat, ce n'est pas mon élection ou ma réélection qui me préoccupe, c'est l'avenir de la France», a-t-il juré, ce qui n'a pas calmé les ardeurs de ses opposants. «Il ne peut pas planter tout le monde pendant cinq ans, nous faire perdre nos villes, nos cantons, nos régions, et nous dire à la fin “C'est moi le candidat”. Surtout s'il reste scotché en dessous de 20 % de popularité», plaide un député. Une primaire difficilement évitable, selon certains, qui rappellent que l'organisation est prévue dans les statuts du parti. Pour s'en affranchir, il faudrait que François Hollande soit incontestable. Or pour l'heure, ce n'est pas le cas.
«Cette question sera de toute façon réglée par la situation politique du président à la veille de l'élection», élude un élu qui voit surtout dans ce débat sur la primaire une manœuvre… des partisans de Martine Aubry. D'autres assurent que ce sont Manuel Valls et Arnaud Montebourg qui sont à la manœuvre, que les deux hommes auraient topé pour une primaire qui redistribuerait les cartes entre les socialistes avant 2017. «François Hollande est le produit de circonstances particulières. Historiquement, il ne devait pas être le candidat à l'élection présidentielle de 2012. Pour être clair, ce devait être Dominique Strauss-Kahn. Avec lui, nous n'en serions pas là», estime un partisan de l'ancien favori du PS.
Après la résurgence du débat sur la primaire, voilà un second effet de l'affaiblissement du président dans son propre camp: l'apparition d'une sorte de nostalgie de DSK et de ce qu'il aurait pu faire à l'Élysée. «Ce que l'on regrette, c'est sa compétence économique, ce qu'il aurait pu apporter en termes de vision du monde, de la place de la France dans le monde. Là-dessus, c'est vrai qu'il y a un manque», assure un socialiste. «Après tout, grince l'un de ses anciens partisans, l'affaire du Sofitel, ce n'est pas pire que de mettre un casque pour aller jouer les Daft Punk à mobylette.»
Source |
Le Figaro